Le Bevonisme
ou la Crise du Parti Travailliste en Grande-Bretagne
Suite*
MARCEL MERLE
Le "cas" Bevan
II Essai d'interprétation
II a paru nécessaire de rappeler, avec quelque détail, la trame des faits dans lesquels s'insère le bevanisme. A vrai dire, cette histoire apparaît quelque peu confuse. On suit parfaitement les diverses péripéties de la querelle ; mais on perçoit beaucoup moins clairement les motifs profonds, l'objet immédiat et la portée lointaine de la dispute. Il en va du bevanisme comme de ces conflits qui éclatent pour des raisons profondes, cachées sous un prétexte futile, et dont les adversaires, pris dans l'ardeur du combat, finissent par oublier les motifs. Comme la guerre finit par trouver sa justification en elle-même, les querelles intestines de parti se nourrissent de rivalités de personnes et d'ambitions déçues, au milieu desquelles les controverses doctrinales ne sont plus souvent qu'un prétexte pour alimenter la bataille. Il n'est donc pas facile de démêler les prétextes des causes réelles pour découvrir le ressort qui a déclenché puis sous-tendu la révolte bevaniste.
La première explication qui se présente con- siste à faire porter toute la responsabilité de
la crise sur la personne de M. Bevan. C'est
la thèse qui prévaut dans les milieux travaillistes « orthodoxes ». Le bevanisme n'aurait aucune consistance doctrinale, aucune assise
* Voir ie numéro précédent, octobre-décembre 1953. pp. 770-790.
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