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Particularités et particularismes de la sociologie aux Pays-Bas

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Fait partie d'un numéro thématique : Recherches sur la recherche
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johan heilbron

particularités et particularismes

de la sociologie aux pays«bas

Les sociologues néerlandais sont six ou sept mille qui exercent des fonctions professionnelles diverses, mais leur production scientifique n'a qu'une très faible renommée internationale. En se référant au Social Sciences Citation Index, ou aux Sociological Abstracts et au Bulletin signale tique , on voit qu'ils publient rarement dans des revues dites internationales et qu'il est encore plus rare qu'on utilise et cite leurs travaux (1). A la différence d'autres disciplines, la sociologie est également privée des exceptions illustres que connaissent l'histoire avec Huizinga, ou l'économie avec Tinbergen. Et cette obscurité relative est plus ou moins attestécpar les sociologues eux-mêmes, comme en témoigne le fait qu'on ne compte pas un seul Hollandais dans la cinquantaine de «maîtres» du métier recensés dans une récente encyclopédie de sociologie (2).

La sociologie néerlandaise semble, de ce point de vue au moins, constituer un cas «limite» de forte légitimité sociale et de faible légitimité scientifique et intellectuelle. Tournée vers la pratique professionnelle plus que vers le champ intellectuel et universitaire, elle a connu une évolution particulière, marquée par une tradition d'études appliquées, qui continue à caractériser l'orientation dominante, de la discipline. Ainsi, lors d'une enquête assez récente sur l'image de soi, très rares étaient les sociologues interrogés qui se considéraient comme des «intellectuels» (4%) ; ils préféraient des dénominations comme «sociologue» (27 %), social scientist (36 %), ou même academicus (15 %), désignation courante et respectable de tous ceux qui ont un titre universitaire (3). Les

1-Ceci a été montré récemment par les études de Sj. Peereboom, J. Plantinga et E. Hollman-Borsjé, dont on trouve des résumés dans Sociodrome (1983, n. 5 et 1984, n. 1).

2-L. Rademaker (red.), Sociologische encyclopédie., 4 tomes, Utrecht, Antwerpen, Het spectrum, 1978.

3 -Ces quatre catégories étaient les seules qui avaient été précodées dans l'enquête portant sur des sociologues ayant terminé leurs études dans les années 70, cf. Th, J. Ijzerman, Sociologen op de arbeidsmarkt, in P. G. Swanborn (red.), Studeren in de sociologie, Rotterdam. Universitaire pers Rotterdam, 1977, pp. 93-134.

enquêtes qui portent sur les raisons du choix des études de sociologie montrent que peu d'étudiants s'intéressent à la sociologie en tant que «science» : ils l'ont choisie pour des raisons plutôt «professionnelles» ou «négatives» (n'ayant pas d'autre choix, «mieux que de chercher un travail», etc.).

Bien que cette sociologie reste largement invisible à l'étranger, elle ne constitue en rien un univers clos, aux tendances nationales très prononcées. A l'image de la vie intellectuelle en général, la sociologie constitue un espace relativement ouvert à l'étranger, comme en témoignent l'abondance des publications étrangères dans les bibliothèques et dans les librairies et la lecture effective d'un grand nombre d'ouvrages en langues étrangères dès le début des études universitaires. La maîtrise réelle de plusieurs langues vivantes est courante parmi les intellectuels, même si elle tend à diminuer de plus en plus pour le français. La connaissance de ce qui se passe à l'étranger constitue un enjeu indigène relativement important, et, comme l'a remarqué Johan Goudsblom, les intellectuels hollandais se trouvent placés, en quelque sorte, derrière un one way mirror, situation favorable pour observer les autres tout en étant soi-même invisible.

Les modes de différenciation

Si la sociologie n'est marquée ni par une production théorique très originale ni par une position reconnue et reconnais- sable dans le champ international, elle a du moins les apparences d'une discipline vivante. Dispersés dans des secteurs professionnels différents, les sociologues hollandais se caractérisent traditionnellement par un degré élevé de «professionnalisation». Ils travaillent, en grande majorité, hors de

ment supérieur, exerçant des fonctions très diverses. L'association professionnelle, le Nederlandse sociologische en antropologiscke vereniging (NSAV), qui regroupe sociologues et anthropologues, compte environ 1 300 membres ; elle édite une petite revue de discussion et d'information, Sociodrome, et reconnaît (au moins sur le papier) une déontologie, chaque adhérent s'enga- geant à respecter les règles prescrites dans le «code professionnel». Son dernier congrès a réuni, pour la première fois depuis longtemps, presque 1 000 sociologues et anthropologues de langue néerlandaise (flamands et néerlandais) qui avaient le choix entre plus de 40 thèmes (de la «sociologie agraire» à la «recherche marxiste», en passant par des thèmes tels que «les élites», «la police», «le bien-être», «la sexualité», «le futur», etc.). Parmi les participants, les enseignants de l'université étaient sans doute dominants, mais minoritaires cependant ; une proportion importante des congressistes avait des fonctions auprès des administrations publiques ou enseignait dans les écoles professionnelles ; très peu, par contre, travaillaient dans le privé. Plus de 300 papers y ont été présentés dont certains furent publiés ensuite dans une des quatre revues sociologiques, qui tirent entre 900 et 1 500 exemplaires.

Cette image de diversité est confirmée par d'autres données. Pendant les années 1979-1981, les sociologues universitaires (n = 550) ont publié 72 livres, 117 rapports et à peu près 1 000 articles, soit dans des ouvrages collectifs, soit dans des revues et des journaux. La diversité des produits et des publics apparaît nettement dans ce dernier type de publications : 170 articles furent publiés dans 22 revues sociologiques et sociologisantes, 231 articles parurent dans 73 périodiques universitaires et pluridisciplinaires, et les 260 articles destinés à un public plus large furent

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