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L'évaluation par les pairs et la définition légitime de la recherche

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Fait partie d'un numéro thématique : Recherches sur la recherche
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maree! fournier yves gingras creutzer mathurin

L'observation des transformations d'une Faculté québécoise des sciences de l'éducation, insérée dans une institution universitaire qui a elle- même connu antérieurement, c'est-à- dire au cours des années 1970, des changements importants -essentiellement la prépondérance accordée à l'activité de recherche dans la définition des tâches des professeurs et le poids croissant de ce critère dans toutes les décisions de gestion de l'activité et des carrières universitaires- permet de voir comment s'élabore peu à peu dans les sciences de l'éducation, à la suite des autres disciplines, une définition légitime de la recherche et comment elle s'impose graduellement dans le fonctionnement de la faculté et dans la gestion du corps professoral dont les caractéristiques se transforment fortement (1). Les professeurs de cette université étant syndiqués, leurs relations de travail étant régies par une convention collective, les différends et arbitrages (2) sont ici du domaine public,

La codification des activités professorales

1-Voir, S.-D. Sieber, P. Lazarsfeld, The Organization of Educational Research, USOE Cooperative Research Project No 1974, Washington, D.C. 1966 ; R.-G. Corwin, S.-Z. Nagi, The Case of Educational Research, in R.-G. Corwin, S.-Z. Nagi (eds), Vie Social Contexts of Research, Londres, Wiley-Interscience, 1972 ; P. Bour- dieu, Homo Academicus, Paris, Editions de Minuit, 1984, pp. 161-162.

2-Après une longue période de recrutement et plusieurs requêtes, le syndicat des professeurs de l'université obtient son certificat d'accréditation (émis par le Ministère du travail et de la mam-d'oeuvre) au début des années 1970, à un moment où le mouvement de syndicalisation touche la majorité des institutions universitaires. Comme la plupart de leurs col- lègucs, ses membres refusent d'adhérer aux grandes centrales syndicales pour s'affilier à une fédération indépendante qui ne regroupe que des professeurs d'université. Selon les règles qui régissent la syndicalisation, l'accréditation est accordée à la seule organisation syndicale qui, au sein d'une entreprise donnée, y compris une université, réussit à obtenir l'appui de la majorité des membres d'une même catégorie de personnel. Chaque membre de l'unité d'accréditation doit alors payer une cotisation syndicale, qu'il soit ou non membre du syndicat.

L'EVALUATION PAR LES PAIRS ET LA DEFINITION LEGITIME DE LA RECHERCHE

ce qui permet à l'observateur extérieur d'appréhender en toute clarté les argumentations qui mènent à l'imposition d'une définition légitime de la recherche et qui restent implicites dans les disciplines les plus anciennes - comme la physique - où la question a été réglée depuis si longtemps que la pratique de la recherche paraît aujourd'hui aller de soi et n'avoir jamais fait l'objet de conflits. On bénéficie donc pour cette étude d'une situation privilégiée et de données exceptionnelles par rapport aux travaux sur le sujet réalisés aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, par exemple, où la question de l'évaluation par les pairs a souvent été discutée sans que ces études parviennent toutefois à aller au-delà de l'examen des publications et des demandes de subvention et à aborder d'autres problèmes que celui de la plus ou moins grande objectivité ou équité de ce mode d'évaluation (3). On voudrait précisément aller plus loin en questionnant le consensus même autour des méthodes et des objets de recherche qui est au fondement du principe de l'évaluation par les pairs.

Les facultés des sciences de l'éducation ont vu le jour au Québec au moment de l'expansion du système universitaire, en relation avec le débat sur la démocratisation de l'éducation et sous la pression de revendications en faveur de la professionnalisation de la fonction enseignante. Ces nouvelles institutions ont, en partie, hérité du personnel des Ecoles normales et des Instituts de pédagogie, qui a traditionnellement pour fonction d'assurer la production d'enseignants et de cadres du système scolaire. L'insertion dans le champ universitaire d'une fraction du corps enseignant des Écoles nor-

3- Voir par exemple, le numéro de la revue Science, Technology and Human Values (10 (3), 1985) consacre au thème "Peer Review and Public Poli- cy".

males a impliqué sa reconversion : pour accéder pleinement au statut de professeur d'université, ces enseignants ne pouvaient plus limiter leurs activités à l'enseignement, ils devaient aussi contribuer à la production de nouvelles connaissances par des activités de recherche. Mais étant donné que les facultés des sciences de l'éducation ont aussi recruté des agents formés notamment dans les sciences humaines et capables ainsi de conférer une légitimité scientifique à l'acte pédagogique, les anciens professeurs de pédagogie se sont trouvés, par rapport à ces derniers, au sein des nouvelles facultés, dans la position de pédagogue par rapport à celle de chercheur, le double recrutement des facultés contribuant à instaurer cette opposition entre pédagogue et chercheur. En mettant en avant l'aspect interdisciplinaire du domaine éducatif, on justifiait la création d'une faculté des sciences de l'éducation. Si la structure facultaire facilitait l'intégration d'un ensemble d'activités diversifiées, allant de l'enseignement secondaire aux beaux-arts, elle requérait par contre de tous les agents qu'ils s'ajustent à des critères communs fondés sur la primauté accordée aux activités de recherche (demandes de subventions, publications) dans la définition des activités universitaires.

Bien que la fonction de chercheur des professeurs d'université ait longtemps été conçue d'une façon relativement large, renvoyant implicitement aux pratiques de publication d'articles ou de monographies, la croissance rapide des institutions au cours des années 1960 a entraîné une modification des rapports, jusque-là presque familiaux, entre le corps professoral et l'administration, dans le sens d'une plus grande codification de la définition des tâches dévolues aux professeurs visant à limiter les pratiques arbitraires de l'administration universitaire et aussi à faciliter la gestion des activités professorales.

Ainsi, la convention collective de travail intervenue entre l'Université étudiée ici et ses professeurs stipule que "la tâche du professeur comprend quatre fonctions : a-l'enseigncment ; b-la recherche ; c-la contribution au fonctionnement de l'université ; d-la

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