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Profil du laboratoire

En sciences physiques comme en sciences sociales, les chercheurs s'inquiètent tout particulièrement de la précision, de la cohérence et de la crédibilité de leurs résultats de recherche. Ces résultats sont destinés à rendre intelligibles les phénomènes étudiés. Nous avons pensé que la production des résultats de recherche, qui constitue le travail essentiel des chercheurs, méritait qu'on lui consacre une étude ; et ceci d'autant plus que la structure et la dynamique de ces résultats n'ont pas jusqu'ici fait l'objet d'analyses approfondies.

Cette production se trouve bien souvent soumise à des priorités sociales ; cependant, l'orientation et le contenu des résultats de recherche sont également déterminés par les régularités de comportement intrinsèques des phénomènes eux-mêmes. Ce texte tentera d'étudier un certain nombre de pratiques sociales qui entourent les résultats de recherche et qui ont un impact direct sur leur production, et de préciser où et comment les facteurs extra-sociaux affectent cette production. L'analyse s'appuiera sur l'étude d'une discipline scientifique, la physique, et plus précisément, la physique expérimentale macroscopique de la matière condensée. Elle est basée sur l'observation, entre 1980 et 1983, des pratiques de recherche des physiciens du Laboratoire d'hydrodynamique et de mécanique physique (LHMP) d'une Grande école parisienne. Nous avons pu assister aux réunions et aux conversations informelles de ce laboratoire, et nous avons consacré un temps important (trois jours par semaine en moyenne, pendant ces trois années) à l'observation des expériences et des échanges entre chercheurs au cours de l'expérimentation. Nous avons suivi ainsi plusieurs projets de recherche depuis leur

début jusqu'à la formulation des résultats et à leur publication dans un certain nombre de revues scientifiques : revues spécialisées, revues pédagogiques et revues de vulgarisation scientifique.

Nous montrerons qu'il existe différents types de résultats, et qu'il y a une relation entre ceux-ci et les positions occupées par leurs auteurs dans la hiérarchie du laboratoire. On appellera cette relation "hiérarchie sociale des résultats de recherche". Une seconde hiérarchie, "la hiérarchie cognitive des résultats de recherche" sera également analysée : cette dernière, comme on le montrera, complète et concurrence la hiérarchie sociale. La relation entre les deux hiérarchies dépend à la fois des facteurs sociaux et de la structure des énoncés émis par les scientifiques sur les phénomènes physiques.

Le vocabulaire que nous utiliserons pour décrire les résultats de recherche du laboratoire a une triple origine. Certains termes font partie du langage des physiciens (solution unique, condition limite, etc.) ; d'autres viennent de la philosophie des sciences (complexité, anomalie, etc.) ; d'autres, enfin, sont empruntés à la sociologie et aux sciences cognitives pour décrire les résultats des chercheurs du LHMP (insertion, intégration, évaluation de modèles, etc.).

De 1980 à 1983 le LHMP est considéré, aussi bien en France que par la communauté scientifique internationale, comme très performant. La compétence de ses chercheurs et l'intérêt de