L'investissement français à l'étranger constat et conséquences macroéconomiques
Henri ROUILLEAULT
Administrateur INSEE
chargé du Bureau de l'Actualité Économique
à la direction de la Prévision
Cette note a un double objectif : situer l'importance encore réduite des investissements français à l'étranger, tels qu'on peut les appréhender à travers les statistiques de balance des paiements, et passer en revue différents travaux sur leur impact macroéconomique, contrasté mais dans l'ensemble positif, sur l'emploi et la balance des paiements.
I. - Une internationalisation encore relativement faible
L'examen des flux d'investissements directs ne constitue qu'une information partielle sur l'internationalisation de l'économie française (cf. encadré). Il permet cependant de dégager plusieurs traits de son évolution : les investissements français à l'étranger se sont accrus dans les années soixante-dix puis stabilisés, ils restent modestes au regard de ceux de nos principaux concurrents, et sont principalement orientés vers les pays développés (CEE et plus récemment États-Unis).
1.1 Le graphique 1 présente l'évolution des investissements directs français à l'étranger (bruts et nets des investissements) rapportés à la FBCF productive (hors administration et logements). En progression de 1973 à 1981, les investissements directs plafonnent désormais après un pic en 1980 et 1982, pic qui a été accentué en 1981 par une opération d'ampleur exceptionnelle, l'acquisition de Texas-Gulf par Elf- Aquitaine (pour un montant brut de 2,75 milliards de dollars).
Malgré l'inconvénient de ne raisonner que sur les flux et bien que leur impact économique ne soit pas symétrique, il est intéressant de comparer les investissements directs nets français à l'étranger aux investissements directs nets étrangers en France. Le solde de ces deux postes fait apparaître une entrée nette de capitaux entre 1973 et 1980 (sauf en 1976) et une sortie nette entre 1981 et 1985 (sauf en 1984) — (graphique 2).
1.2 Bien qu'en progression, le poids des investissements directs nets à l'étranger est en France sensiblement inférieur à celui observé au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Il rejoint celui de l'Allemagne fédérale, reste supérieur à celui du Japon, et dépasse à présent celui des États-Unis en retrait sensible. (Tableau 1).
Au niveau microéconomique, cette comparaison peut être confortée par l'observation de la part de l'étranger dans la répartition du chiffre d'affaires, des effec-
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 37, 3éme trimestre 1986 65