Services et transformation des modes de production
André BARCET
Maître de conférence à l'université Lyon-Lumière
Joël BONAMY
responsable du CEDES (Centre d'échange et de documentation sur les activités de services), CNRS, Économie et Humanisme
La mutation actuelle du mode de production est analysée essentiellement à partir de la transformation technique (automatisation, information) cause pour les uns, conséquence pour les autres de l'internationalisation des économies. Cette mutation est ensuite appréhendée par ses conséquences en matière d'emploi, d'organisation du travail, de qualification et de gestion des ressources humaines. Il est plus rare de centrer l'attention sur la place que les services ont dans une telle mutation. C'est cette relation que nous cherchons à préciser.
Nous montrerons dans un premier temps que la croissance des services ne peut se comprendre que par l'articulation qui se noue entre services et activités économiques, il y a donc de ce point de vue une intégration de plus en plus grande des services et du système productif, si bien que les services ne se développent pas de manière autonome mais comme facteur décisif de l'évolution du système productif.
L'analyse de cette intégration nous conduira alors à analyser la place des services, nous montrerons que l'enjeu de la période actuelle nous paraît se comprendre autour du développement de ce que nous appellerons le processus de conception et le processus d'utilisation.
Il faudra alors tirer certaines conséquences d'une telle organisation, notamment sur la logique économique d'ensemble.
Enfin, le développement des services (notamment de certains) ne se comprend que dans la tendance à l'internationalisation croissante des économies où les services, notamment intellectuels, ont un rôle d'impulsion d'une norme de production de plus en plus internationale.
I. - La croissance des services
La croissance des activités de services ne doit pas s'analyser comme la montée d'activités venant se substituer à la production industrielle, dans une logique d'une
206 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43. 1«' trimestre 1988