Des facteurs de croissance des services aux rapports sociaux de service
J. GADREY
Groupe ERMES (*)
Si l'accord est et ne peut être que général sur le constat de la croissance relative des services au sein des économies industriellement développées, les divergences demeurent profondes sur les facteurs de cette croissance et, surtout, sur son avenir et sur les catégories de services jugés porteurs du développement économique.
Plusieurs pôles théoriques se partagent ces interprétations et cette prospective. D'un côté, les théories du self-service et de la substitution des biens aux services dans la consommation finale annoncent une stagnation puis une régression des services destinés aux ménages. Ces thèses s'opposent explicitement à la théorie de la société post-industrielle, ou société de services, qui prendrait progressivement la place de la société industrielle et verrait s'affirmer la primauté des services personnels et collectifs, culturels et sociaux. Entre ces deux pôles, plus nuancées, figurent des théories telles que celle de T. Stanback et T. Novelle, qui mettent l'accent sur les transformations du how we produce/what we produce et sur le dynamisme exceptionnel des services aux producteurs.
Pour tenter de porter un diagnostic macroéconomique sur cette question, un minimum d'investigation empirique est indispensable et nous la ferons porter sur deux plans : d'une part, la consommation finale relative de biens et de services par les ménages depuis environ quinze ans ; d'autre part, la destination finale des services, telle que la comptabilité nationale permet de l'évaluer.
Dans le premier cas, on se situe donc du côté de la demande finale et de sa structure biens-services. Dans le second cas on se situe du côté de V offre de services et de sa décomposition en services destinés aux branches marchandes, aux administrations, et aux ménages. Cette double approche permet de diagnostiquer un double dynamisme des besoins de services et de rédiger une ordonnance théorique recommandant la prudence vis-à-vis des thèses unilatérales.
L'étude de cas et les chiffres portent sur l'économie française, de 1970 à 1985, et pour une part, sur celle des États-Unis, de 1965 à 1984.
(*) Groupe de recherche du LAST-CLERSE (Université de Lille I).
34 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43. Í" trimestre 1988
