L'ouvrage concerne l'histoire géologique pleistocene de la moyenne vallée de la Tamise, de sa source jusqu'à la ville de Londres. P. Gibbard, dans sa préface, explique le but du travail basé sur ses propres recherches, centrées sur la stratigraphie et les paléoenvironnements des terrasses de la Tamise et de certaines de ses vallées; les investigations portant principalement sur les séquences sédimentaires et leur étude sédimentologique plutôt que sur leur aspect morphologique.

La base de l'ouvrage repose essentiellement sur les recherches interdisciplinaires entreprises et les faisceaux de résultats auxquelles elles aboutissent : archéologie, paléontologie, paléobotanique, mais aussi lithologie et microstructure des dépôts; l'ensemble des données permettant la reconstitution de l'histoire de la rivière du début du Pleistocene moyen jusqu'à l'époque subactuelle.

L'histoire de la Tamise sert donc de modèle à l'auteur pour expliquer l'évolution d'une rivière de plaine en Grande-Bretagne, exemple pratique à verser au dossier des études modernes sur le Pleistocene, plus précisément destinées à résoudre le problème de l'évolution des terrasses fluviatiles.

Le travail représente en fait le bilan de six années d'études sur la région de la moyenne Tamise et ses environs.

L'introduction, précédée d'une carte détaillée de la région concernée, pose la problématique en décrivant la topographie et le substratum, en faisant l'historique des premières investigations et en précisant la stratigraphie des terrasses. C'est aussi la lithostratigraphie détaillée de tout le bassin fluviatile qui occupe le 2e chapitre. Cette étude est suivie d'une analyse comparée des différents niveaux fluviatiles d'après la composition des galets qu'ils contiennent (chap. 3). Le chapitre 4 est réservé aux structures sédimentaires et aux conditions de dépôt des niveaux fluviatiles, tandis que le chapitre 5 aborde l'évolution géochimique du substratum calcaire. C'est dire l'importance de l'aspect géologique et sédimentologique du travail présenté (plus de 100 pages ou les 2/3 du livre).

Dans le sixième chapitre sont décrits les assemblages de faunes de vertébrés ainsi que leur signification taphonomique, stratigraphique, paléoclimatique et paléoenvironnementale. Les conclusions biostratigraphi- ques et paléoclimatiques envisagées sont harmonieusement complétées par les données de la paléobotanique, plus précisément de la palynologie (chap. 7). Une belle série de diagrammes polliniques, réalisée à partir de sondages dans des sédiments organiques, mais aussi détritiques, permet de suivre l'évolution de la végétation et du climat, mais aussi de contrôler les fluctuations des différents niveaux fluviatiles ; ceci grâce à la définition de diverses biozones polliniques qui s'échelonnent du Pleistocene moyen au Tardiglaciaire, qui sont le plus souvent corrélées avec une suite de datations radiométriques et mises en relation avec les assemblages faunistiques, en particulier avec les associations d'insectes.

Les industries lithiques et la méthode typologique utilisée pour les décrire, les classer et essayer de les dater, sont présentées dans le huitième chapitre.

Toutes les données réunies permettent à l'auteur de reconstituer l'évolution paléogéographique et paléoclimatique de la moyenne vallée de la Tamise (chap. 9). L'ensemble des résultats est consigné dans un grand tableau, où les séries stratigraphiques sont corrélées avec les phases climatiques régionales, du pré-Nettlebadien au Devensien. Peut-être faut-il regretter à ce sujet que l'auteur n'ait pas étendu ses