Couverture fascicule

Une vue synthétique du Languedoc : Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire du Languedoc, Paris, P.U.F., 1962, (Collection Que sais- je ? n° 958)

[compte-rendu]

Année 1966 78-76 p. 130
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Il est bien tard - et je dois m'en excuser - pour rendre compte de cet alerte petit volume, paru il y a déjà trois ans. Je ne veux pas moins dire ici tout le bien que j'en pense. Résumer l'histoire du Languedoc en 128 pages, c'est évidemment une gageure. L'auteur l'a tenue, en sacrifiant délibérément l' « histoire événementielle » et ses détails. ? a, en revanche, mis au premier plan l'histoire économique et sociale ; ce n'est pas moi qui l'en blâmerai.

A partir des données qu'il retenait, l'auteur s'est efforcé de marquer à la fois des constantes et des variables, et toujours de poser des problèmes. Comment, avant l'Histoire, se sont combinées ici influences continentales et méditerranéennes ? Quels traits fait déjà apparaître la géographie du Languedoc romain ? Comment s'est élaborée l'originale civilisation occitane des xip et xiip siècles ? Et puis par quelles vicissitudes, une fois perdues l'originalité religieuse et l'indépendance politique, a été assurée la naissance du Languedoc français ? Par quels facteurs expliquer la géographie du languedocien ?

Plus tard, la série des révolutions est analysée avec finesse et originalité : révolution démographique, agricole et industrielle des années 1750 ; politique de 1789, qui bouleverse les institutions, mais dont le Midi sort dans l'ensemble assez royaliste, voire ultra ; enfin croissance économique qui, de 1815 à 1870 environ, dans la stabilité des institutions, provoque une vraie mutation de l'esprit public, par laquelle s'affirme le Midi rouge, plus encore dans les campagnes que dans les villes. .

L'auteur sait exprimer avec adresse le problème qui se pose aujourd'hui à cette opinion publique. « La fraction la plus dynamique de l'opinion est ainsi bien malgré elle figée dans une géographie vétusté, prisonnière de structures économiques dépassées. La voilà placée devant un dilemme : ou bien, soucieuse des revendications populaires, elle assume la défense de ces structures, contre l'opinion nationale ; ou bien, préoccupée de progrès technique, elle en préconise la reconversion, contre l'opinion locale. Dans les deux cas, elle risque et elle craint d'être perdante. » Le problème reste posé en 1966.

Dans le détail de ce travail, il y aurait quelques menues erreurs à redresser, quelques nuances à marquer sans doute. Mieux vaut être sensible à de ce texte, - fort agréablement rédigé par ailleurs, - qui fait réfléchir.