On demeure confondu lorsqu'on a fermé ce gros livre (654 pages de texte) d'avoir trouvé réunies dans un même ouvrage, par un même auteur, tant de- qualités exceptionnelles. Car on ne sait ce qu'il faut admirer davantage de l'information (et quelle manière de rendre vie à de vieux textes par nouvelle — et cependant objective — qui en est donnée !) ; de la rigueur et de la sûreté de la méthode, toujours évidente lorsqu'il s'agit de faits économiques ou sociaux ; de l'intelligence et de la finesse avec lesquelles sont présentées et expliquées les manifestations souvent mystérieuses du psychisme collectif ; de la qualité de la langue, vigoureuse, subtile, colorée ^ celle d'un grand écrivain dont on salue la démonstration lumineuse, celle d'une possibilité d'accord entre la science historique, fût elle d'avant-garde, et l'éclat du style.

Voici un Languedoc soumis comme toute autre région à ces oscillations climatiques que l'auteur lui-même par ses recherches d'histoire des climats a contribué à faire mieux connaître : qu'une centaine d'années durant les hivers rudes et voici le pays envahi par les olivettes ; qu'à partir de 1565 sévissent des froids polaires gelant rivières et fleuves (Rhône y compris) et les oliviers ne sont plus que troncs calcinés, pour un siècle et demi la paysannerie languedocienne renonce à l'arbre à huile, tandis que des séries de mauvaises années viennent rendre plus difficile la condition paysanne. Dans cette province accueillante aux plantes du Midi, d'Orient et d'Amérique, dont les jardins sont les laboratoires où se préparent vergers