comptes rendus et notes brèves 91
Dans la collection de la Carte Archéologique de "la Gaule romaine, publiée sous les auspices de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et du Centre national de la Recherche Scientiflque, les départements limitrophes de la Méditerranée et donc appartenant & la Narbonnaise si riche en vestiges antiques, font place à des régions de l'intérieur où les cheminements de la romanisation sont plus difficiles à suivre : après l'Indre-et-Loire de J. Boussard, voici la Haute-Vienne de J. Perrier. On ne s'étonnera pas de l'excellence de ce volume consacré à un département où fleurit depuis la Monarchie de Juillet une Société archéologique, nombreuse, active et savante. Il n'est que d'évoquer pour un lointain passé les noms de M. Ardant, pour une période plus proche, celui du regretté F. Delage et dans l'immédiat ceux de Mm# M. Gautier et de l'auteur lui-même infatigable chercheur, auquel rien n'échappe de ce qui est gallo-romain, dès qu'un chantier d'urbanisme est ouvert et à qui l'on doit tant de sauvetages. C'est dire qu'une solide tradition archéologique, dont témoigne une large bibliographie, (pp. 7-16, les ont été lus, les livres et articles dépouillés) s'allie à une connaissance parfaite du terrain où bien des vérifications ont été faites.
La moisson est importante : 160 communes ont fourni des vestiges gallo- romains, souvent plusieurs et Limoges comporte 251 numéros ; c'est dire que ce morceau de Massif Central, domaine de la tribu des Lemovices a été pénétré par les courants d'échanges humains économiques et spirituels venus de Rome. On aurait aimé voir ces points romanisés mieux représentés sur la carte au 200 000e qui est jointe au texte. Il suffisait de < pondérer » chaque point en fonction du nombre des trouvailles. Naturellement, Limoges mérite un traitement spécial ; là encore la technique, dont l'auteur n'était pas le maître a trahi la qualité du texte ; chaque type de trouvailles sculpture, numismatique, sépultures, etc.) doit être matérialisé par un point de couleur différente sur un plan de la ville où la voirie est indiquée : la silhouette de la ville ouverte du Haut Empire s'en dégagerait mieux et peut-être certaines voies d'accès se laisseraient jalonner par les cimetières.
Au-delà du catalogue des trouvailles, Jean Perrier présente en introduction une synthèse rapide mais suggestive des problèmes de la Haute-Vienne à l'époque gallo-romaine ; problèmes toujours ouverts, comme le régime û'Augustoritum administrée par des duovirs (pourquoi parler p. 12 de deux palais destinés aux proconsuls, gouverneurs de la çivitasf), le site de l'oppidum gaulois (un site d'oppidum aurait-il reçu son nom d'un gué -ritosf), la localisation et la chronologie des mines d'or, l'explication des rites où l'incinération dans des coffres en pierre locale l'emporte très nettement du milieu du î" siècle au début du ni" siècle et ce, surtout dans le haut pays, comme le prouve la carte p. 27. Ces dernières incertitudes tiennent souvent au manque de précision des découvertes archéologiques anciennes et Jean Perrier a essayé d'identifier les urnes de verre d'après la chronologie de Morin-Jean. On peut regretter qu'un même effort d'élaboration n'ait pas été •conduit dans le secteur de la numismatique où manquent des références aux grands catalogues. On saura enfin gré à l'auteur d'avoir manifesté la prudence la plus éclairée quand il signale des voies romaines, véritable
