DU DISCOURS D'HYPERffiE
CONTRE PHILIPPIDÈS
Dans le volume intitulé Classical Texts from Papyri in the Bri- ï
tish Museum, M. Kenyon vient de publier la fin d'un discours $
contre Philippidès, qu'il attribue avec raison à Hypéride. Nous !
savons, en effet, qu'un plaidoyer contre ce personnage figurait ;
dans le recueil d'Hypéride (1), et les pages retrouvées ne contien- |
nent rien qui ne soit digne du grand orateur : le style en est vif |
et aisé, la langue est un modèle du plus pur atticisme. Malheu- |
reusement le corps du discours est perdu ; la plus grande partie \
du fragment (1. 46-218) contient la péroraison et résume quel- |
ques-uns des arguments les plus saillants, les plus propres à |
agir sur l'esprit des juges. Nous y apprenons la nature de la |
poursuite, c'est une γραφή παρανόμων. Philippidès avait fait la ί
motion de décerner une couronne à certains proèdres, et il est accusé d'avoir par là violé les lois de la République. Il était d'usage de voter une couronne au sénat annuel sortant , à moins qu'il n'eût démérité ; mais les proèdres se renouvelaient à chaque réunion du peuple (ce point est aujourd'hui mis hors de doute par le témoignage d'Aristote) (2), et l'honneur d'une couronne conférée à des citoyens qui n'avaient présidé qu'une seule séance est un fait extraordinaire qui doit tenir à des circonstances exceptionnelles. Il faut que les proèdres aient consenti à mettre aux voix et à laisser voter par le peuple une proposi-
(1) Voir Γ Hypéride' de Blass, frg. LIX.
(2) Voir 'Αθηναίων πολιτεία, ch. xliv.