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Applications de la micromorphologie à l'archéologie et la préhistoire (Paris-Grignon, 3-4 octobre 1984)

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Année 1985 22-1 p. 45
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APPLICATIONS

DE LA MIÇROMORPHOLOGIE

À L'ARCHÉOLOGIE ET LA PRÉHISTOIRE

(Paris-Grignon, 3-4 octobre 1984)

Les 3 et 4 octobre s'est tenue à l'Institut National Agronomique, Pans-Gngnon, une réunion sur le thème « Applications de la micromorphologie à l'archéologie et la préhistoire ». Organisée dans le cadre des « Entretiens de l'agro » par le département des sols, sous la direction de N. Fédoroff, cette réunion avait pour but d'informer archéologues, préhistoriens et géologues du Quaternaire sur les possibhtés des techniques microscopiques pour l'étude des sédiments archéologiques et préhistoriques et des matériaux anthropiques.

Cinq conférenciers, dont les travaux portent essentiellement ou partiellement sur l'application de la micromorphologie à l'archéologie et la préhistoire ont présenté les techniques microscopiques et les résultats déjà obtenus (Courty M.A., CNRS LA 133, N Fédoroff, INA-PG, P. Goldberg, Israel, P Guillore CNRS, INA-PG et R.I. Macphail, Grande-Bretagne). La réunion s'est terminée par une séance de discussion portant d'une part sur la place des techniques microscopiques en sédimentologie et d'autre part sur l'avenir de ces techniques en archéologie et préhistoire.

La réunion s'est déroulée avec plus d'une cinquantaine de participants venus d'horizons variés : universitaires (7), ITA et chercheurs CNRS (15), assistants, conservateurs et directeurs des antiquités (8), étudiants (12) et diverses professions (10).

N. Fédoroff expose les techniques microscopiques, leurs possibilités et leurs limites. Bien que l'on dispose à l'heure actuelle d'outils très sophistiqués (microscopes électroniques, microsondes), il ne faut pas mépriser le microscope optique qui permet par les différents grossissements disponibles un passage graduel de l'observation macroscopique de terrain à l'observation microscopique puis ultramicroscopique.

Lors de son exposé technique, le coût restreint des lames minces est souligné par P. Guillore comparativement à d'autres techniques d'analyses. Les principes de fabrication sont simples et peuvent être appris en quelques jours. Le matériel de fabrication est également d'un coût peu élevé et est à peu près le même que celui utilisé par les pétrographes. La description et l'interprétation de lames minces de sédiments et matériaux archéologiques et préhistoriques nécessitent des connaissances en pétrographie, en géologie sédimentaire, en pédologie et également en archéologie.

Le but de la micromorphologie en archéologie et préhistoire est de reconstituer l'histoire de chaque couche ou niveau archéologique en différenciant le rôle des processus sédimentaires, des transformations naturelles secondaires (pédogenèse, remaniement sédimentaire) et de l'homme dans la genèse des dépôts rencontrés N Fédoroff souligne l'originalité des processus pédologiques rencontrés dans les sites préhistoriques et archéologiques comparativement aux sols et paléosols. L'activité biologique, stimulée par la forte teneur en matières organiques, apparaît

comme un facteur essentiel de transformation pouvant aboutir à un remaniement in situ quasi complet des couches et ainsi à un brouillage partiel, voire total, des informations préalablement enregistrées. Le sel, en milieu aride, joue également un rôle important dans les perturbations des sites archéologiques.

M A. Courty et P. Goldberg présentent différents cas d'étude de matériaux anthropiques (cendres, phosphates, briques, apports intentionnels minéraux) et montrent l'intérêt des résultats obtenus pour la caracténsation des différentes activités pratiquées par l'homme préhistorique. Par l'étude de la morphologie des cendres on peut reconstituer le mode de combustion et préciser l'intensité du foyer. Des aires d'épandages secondaires de cendres seront facilement distinguées de foyers en place. Des apports intentionnels de sédiments naturels peuvent être facilement distingués d'apports naturels quand le problème ne peut être résolu sur le terrain. La micromorphologie est donc à part entière une discipline de l'archéologie qui peut se définir comme une « micro- fouille ».

R.I. Macphail souligne dans son exposé l'intérêt des techniques microscopiques pour la caractérisation des modifications anthropiques des sols et des paysages et en particulier pour la mise en évidence d'anciens sols cultivés.

N. Fédoroff présente les résultats préliminaires obtenus sur le site de Vaufrey par l'utilisation des techniques microscopiques et permettant de mieux comprendre les mécanismes périglaciaires en grotte.

Deux études à plus large échelle, l'une dans la vallée du Jourdain, l'autre dans la plaine indo-gangétique, sont présentées par P. Goldberg et M A. Courty et montrent l'intérêt des techniques microscopiques pour la reconstitution des paléoenvironnements.

Des discussions vives et intéressantes, il se dégage que la micromorphologie devient désormais partie intégrante de l'archéologie. Des contacts plus étroits entre archéologues-préhistoriens et géologues s'avèrent nécessaires afin de parler un langage commun et de donner toute son efficacité à la micromorphologie. On souligne le danger des études systématiques et la nécessité d'une réflexion commune avant d'entamer un travail.

Les problèmes de formation, de carence de postes, de coût des analyses, des avantages et inconvénients d'un laboratoire de service sont abordés et les points de vue divergent. On ne peut que constater la carence actuelle de l'enseignement universitaire en ce qui concerne la micromorphologie. Deux niveaux de formation sont suggérés pour l'avenir. L'un à l'échelle du DEA en archéologie et en géologie du quaternaire, l'autre sous forme de stage de courte durée.

Marie-Agnès COURTY