Sylvie PERRIER, Des enfances protégées. La tutelle des mineurs en France (xyif-xvnr siècles), Presses universitaires de Vincennes, Centre de coopération interuniversitaire franco-québécoise, 1998, 259 p.

Maurice Garden, il y a déjà une vingtaine d'années, avait attiré l'attention des historiens sur l'intérêt des actes de tutelles pour étudier les réseaux familiaux qui veillaient sur les orphelins. Cependant l'assemblée de parents réunis pour désigner un tuteur n'est que la première des réunions de la famille, et l'acte dressé ce jour-là, le premier d'une série qui se clôt lors de la reddition du compte de tutelle. Sylvie Perrier, dans cet ouvrage tiré de sa thèse, reprend et démêle l'écheveau de la tutelle des mineurs pour en suivre tous les fils et présenter une étude très complète où elle a mêlé avec bonheur l'histoire de la famille et l'anthropologie juridique.

S. Perrier considère la tutelle comme un moyen d'approche inédit de la famille et de ses mécanismes révélés par la crise initiale du décès d'un père ou d'une mère. De cet événement naît une instabilité de la famille manifestée par l'éclatement et/ou la recomposition du groupe qui ne sont pas sans rappeler la situation contemporaine de la « crise de la famille » stigmatisée par la presse. La tutelle des mineurs était autrefois une pratique juridique familière mais pratiquée par ceux qui avaient un peu de bien à protéger. Elle permettait de faire face aux difficultés de la vie et de gérer les conflits