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Jean-Pierre Bardet et Jacques Dupâquier (sous la direction de), Histoire des populations de l'Europe, I. Des origines aux prémices de la révolution démographique, 1997

[compte-rendu]

Année 1999 1999-1 pp. 219-220
Fait partie d'un numéro thématique : Faire son chemin dans la ville. La mobilité intra-urbaine
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Jean-Pierre BARDET et Jacques DUPÂQUIER (sous la direction de), Histoire des populations de l'Europe, I. Des origines aux prémices de la révolution démographique, Paris, Fayard, 1997, 660 p.

Impossible de rendre compte en détail du travail impressionnant réalisé par les trente-cinq auteurs de ce qui s'impose déjà comme l'ouvrage de référence sur l'histoire de la population européenne. Il faut rendre grâce aux deux codirecteurs d'avoir réussi un pari quasi impossible : proposer une investigation rigoureuse, exhaustive et vivante du peuplement de notre continent, à commencer par ses fondements.

Pierre Chaunu invoque d'emblée la recherche d'un code culturel commun, d'une mémoire du groupe. Il y a bien un imaginaire, marqué notamment par le rapport à l'espace. Jacques Dupâquier fixe ensuite les contours de la population concernée : les Européens ont représenté entre 10 et 20 % de la population mondiale de la naissance du Christ jusqu'à aujourd'hui. Si le maximum se situe en 1914, on a assisté aussi à un profond rééquilibrage interne entre le Sud en perte de vitesse et l'Est en augmentation proportionnelle. Jean-Noël Biraben rappelle que le peuplement de l'Europe débute il y a plus de deux millions d'années. Les 300 000 Néandertaliens sont devenus environ 350 millions d'individus vers moins 50 avant J.-C.

L'ouvrage réunit onze chapitres généraux et neuf consacrés plus en détail à une aire géographique. Plus qu'une synthèse, proposons quelques-unes des lignes directrices. Dans ce travail plus que dans tout autre, on constate comment la démographie historique se nourrit des traces ou témoignages les plus variés à l'image du Catalogue homérique. Elle fait appel à des disciplines multiples, en particulier pour les époques les plus reculées : anthropologie, archéologie, paléodémographie, toponymie... Les documents ont leur propre histoire. Les recensements quinquennaux apparaissent avec la République romaine alors que le relevé des baptêmes se généralise dès le XIVe siècle à Florence. La Suède représente aussi un pays pionnier pour l'enregistrement des individus. Des ouvrages ont une importance notable pour l'évolution des conceptions démographiques comme L'Ordre divin de Siissmilch de 1741. Diversité des sources mais diversité aussi des approches. Comment par exemple définir des critères communs pour envisager les familles de toute l'Europe et réaliser des typologies adaptées tenant compte de documentations aussi variées ?

L'évolution de la population est un reflet et un produit de l'évolution historique générale. En France, la croissance démographique accompagne, par exemple, l'affirmation de l'État. Le christianisme explique l'élévation de l'âge au mariage durant le haut Moyen Age. L'époque carolingienne réconcilie mariage, sexualité et fécondité au sein de familles nucléaires de type chrétien. Cela permet l'élan décisif qui se profile vers l'an mille. Alors que le catholicisme détermine une morale quantitative de la procréation, le protestantisme va en produire une plutôt qualitative. La leçon centrale, inscrite dans la longue durée, est toutefois claire : c'est bien le triomphe du mariage catholique.

Histoire démographique, histoire politique. Les invasions représentent ainsi une constante à mesurer. Aux V-vnf siècles, les envahisseurs représentent par exemple entre 2 et 5 % du total des Gallo-Romains. Les migrations sont aussi de départ. Entre 1500 et 1650, plus de 400 000 individus se rendent dans le Nouveau Monde. Les Anglais sont particulièrement mobiles, ce qui s'explique en partie par l'attraction de Londres. L'espace germanique est lui aussi façonné par les migrations. Au début des Temps modernes, il accueille ainsi 300 000 immigrants et voit partir plus de 400 000 personnes.

Ce premier volume est toutefois avant tout marqué du sceau de l'effroyable mortalité, qui pèse sur l'humanité depuis la nuit des temps. Les principales crises démographiques sont d'origine exogène même si un état de surpeuplement relatif peut en

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