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Canada: le boom des magnétoscopes

A Québec, lors de la session biannuelle de la communauté des TV francophones, dans ma chambre- d'hôtel, je pianote sur la douzaine de touches qui donnent accès aux chaînes de télévision gratuites — délaissant le clavier des huit chaînes de télévision payantes, pour économiser les dollars, comme le font, je présume, nombre de Canadiens aux revenus modestes. La pauvreté des programmes me décourage : des bavardages souvent prétentieux ou solennels, des feuilletons ou des films démodés, des services qui n'en sont pas pour le visiteur étranger. Certainement quelques bonnes émissions doivent se cacher dans cette danse des ondes. Mais à quelle heure et comment les capter? Le code et l'habitude me manquent. Ce déluge de propositions de programmes est un bruit qui parasite la société. Partout dans le monde, la télévision tend vers plus de médiocrité. Les producteurs courent après les idées, les entrepreneurs après les finances. On soigne le contenant au détriment du contenu. Les images sont plus clinquantes, les présentateurs plus pimpants,

mais le message est de plus en plus superficiel. Je ne crois pas que les téléspectateurs s'en accommoderont. Dans la durée, on a tort de mésestimer l'humanité.

Au Canada, le marché des magnétoscopes est pris de fièvre, et je ne peux m'empêcher d'établir un rapport entre ceci et cela, entre le « boom de la vidéo », comme titre le Journal du Québec, et la médiocrité de ce que me propose le récepteur TV de ma chambre. Il y a trois ans, le marché des magnétoscopes et des cassettes était inexistant, au Québec. La Province francophone rattrape son retard sur les Etats-Unis et le Canada anglais, malgré un fort taux de chômage et la crise. En un an, le taux de pénétration du magnétoscope dans les foyers est passé de 10 à 38 %. Le parc est de 400 000 appareils et dépassera 500000 à la fin de 1985 (pour 6 millions d'habitants). La baisse du prix joue un rôle dans ce développement': l'appareil qui était vendu plus de 1 000 dollars en 1980 est proposé entre 450 et 600 dollars. Le Home Video Board du Canada, organisme qui regroupe les principaux producteurs de vidéocassettes, indique que les acheteurs sont jeunes, à revenus moyens, qu'ils optent à