RÉMY PEIGNOT OU

DU GRAPHISME

CONSIDÉRÉ COMME UN

TRAVAIL LITTÉRAIRE

par Jérôme Peignot

« C'est à la fonderie que je rencontrai le fils Peignot, le beau Rémy. Le plus doué, le plus introverti de notre petit monde. Plus tard, lorsque je devins son voisin de campagne, je découvris la perfection de son goût et l'étendue de sa culture. »

Marcel Jacno Un bel avenir

De ce graphiste qui vient de nous quitter, on peut dire qu'artiste, il était

aussi un esthète exigeant et raffiné. Au vu de ses travaux, on ne sait

plus au juste ce qu'en eux on apprécie devantage-: du goût ou du talent

dont ils témoignent. C'est sans doute ce qui explique l'ambiguïté :

l'homme était doué à la fois d'une telle obsession de la perfection et

d'une si grande pudeur qu'on aurait dit qu'il craignait que ses créations

n'attirassent par trop l'attention sur lui. Dès lors et pour sortir de

l'impasse dans laquelle il s'était fourvoyé, il ne lui restait plus qu'une

rx solution : venir à bout de ce qu'il s'était fixé de manière à s'effacer der-

§ rière la qualité de son œuvre. Ce qu'ici même 1 Rémy Peignot dit des

o> Divertissements typographiques qu'il accomplit pour la fonderie

? Debemy et Peignot est significatif à cet égard : « J'ai essayé de donner

f une suite aux Divertissements de Vox, mais les miens n'ont pas

® l'humour des siens. Il est vrai qu'on vivait alors une époque où on

.| s'amusait moins. » C'est précisément ce en quoi Rémy n'en a que plus

8 de mérite à ne pas s'être départi de sa gaieté, ce pourquoi, aussi, son

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