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Le sain doit-il être beau ?

[article]

Année 1995 60 pp. 87-93
Fait partie d'un numéro thématique : Beauté, laideur
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Georges Vigarello

Le sain doit-il être beau ?

La nourrice et la beauté de la terre

Beauté et santé n'obéissent pas, en toute théorie, aux mêmes exigences : une belle apparence ne saurait assurer, à tout coup, un bon fonctionnement du corps, exactement comme l'absence de laideur ne saurait garantir l'absence de maladie. Mme de Mortsauf demeure redoutablement séduisante, « le lys de cette vallée », « perfection terrestre » *, malgré le mal qui la ronge. Hygiène et esthétique ne se recoupent pas. Le raffinement des lignes corporelles ne dit pas la qualité des organes. Pourquoi alors tenter de les entrecroiser ? Tout simplement parce que la définition de la santé est toujours complexe, faisant implicitement, sinon clandestinement, place au sentiment, au goût : hygiène et esthétique ne se recoupent pas mais d'obscures convictions tendent à les mêler. Définir un état de bien-être idéalisé, celui de la santé, c'est invinciblement amalgamer toutes les vertus positives du corps, au-delà des seuls indices objectifs. La vision de la santé est gagnée par les jugements de valeur, la sensibilité, la culture. Elle brouille les frontières. D'où ces repères sanitaires débordant toujours ceux de la science. D'où ce voisinage répété avec l'esthétique.

C'est ce mélange que cherche à affronter le présent texte. Non pour en montrer la force actuelle ou pour en retracer l'histoire, mais pour suivre un exemple, celui d'un comportement longtemps traditionnel : l'appréciation sanitaire des nourrices appelées à allaiter les enfants dans la France ancienne ; ce jugement de médecins, de pères, de mères cherchant dans l'éventuelle beauté de ces femmes « mercenaires » le signe de leur santé.

1. La paysanne nourricière.

L'histoire n'est plus à faire de cet allaitement « étranger2», cette certitude des mères nobles et bourgeoises des xvf et xvif siècles que nourrir un enfant est une charge trop lourde, une gêne aussi pour les « ébats

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