Jacques Poirier

La Faculté de médecine face à la montée du spécialisme

Timeo mandarinos et dona ferentes

(Huchard, Journal des praticiens,

1907, t. 21, p. 191).

Que les spécialités en médecine soient nées dans les hôpitaux de Paris au début du XIXe siècle et s'y soient vigoureusement développées pendant plus d'un demi-siècle est attesté par de nombreux témoignages et documents qu'il serait trop long de citer ici. Ce phénomène est le plus souvent attribué à la place prioritaire occupée par l'anatomie pathologique dans le travail des cliniciens hospitaliers parisiens de l'époque \ C'est en effet grâce au remplacement des vieilles théories humorales par les conceptions solidistes, organicistes et localisationnistes de l'École anatomo-clinique de Paris, mais aussi grâce aux mesures organisationnelles et centralisatrices prises par le pouvoir consulaire, et principalement par le ministre de l'Intérieur Chaptal, que l'essentiel de la constitution du savoir des spécialités médicales s'est édifié à Paris à partir de 1802.

Les deux mesures les plus importantes dans ce domaine ont été la création du Conseil général des hospices et la promulgation de la loi du 19 Ventôse An XI. Le Conseil général des hospices regroupa les hôpitaux parisiens sous son unique tutelle (1801) et prit dès 1802 trois mesures capitales : a) il promulgua le Règlement général pour le service de santé des hôpitaux et hospices civils de Paris (4 Ventôse An X) qui créait le corps de l'Externat et de l'Internat des hôpitaux de Paris (mettant ainsi en place de façon très élitiste les futurs cadres, médecins et chirurgiens chefs de service des hôpitaux, qui furent à l'origine de la plupart des travaux anatomo-cliniques du XIXe siècle) ; b) il répartit les hôpitaux de Paris en trois groupes (6 Frimaire An X) : les hôpitaux communs pour le traitement des maladies ordinaires (FHôtel-Dieu, la Charité, Saint-Antoine, Cochin, Necker,

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