Un casque étrusque
DU Ve S. AV. NOTRE ÈRE
TROUVÉ EN MER PRÈS D'AGDE (HÉRAULT)
M. FEUGÈRE* et A. FREISES**
Il y a une quarantaine d'années, un pêcheur travaillant «à la traîne» (1) entre Sète et Marseillan, à quelques kilomètres à l'Est d'Agde (Hérault), ramenait dans son filet un casque un bronze (fig. 1-3). Sans attacher d'importance à cette découverte, il déposait l'objet dans sa remise où il devait rester, avec quelques outils mis au rebut, pendant vingt ou trente ans. A la mort du pêcheur, le contenu du local fut vendu à un récupérateur; c'est ainsi qu'un particulier put faire l'acquisition, il y a quelques années, sur le marché au puces de Sète, du casque en question (2).
* Chercheur à l'UMR 154 du CNRS, 34970 Lattes. ** Conservateur du Musée Paul Valléry, 34200 Sète.
(1) La pêche «à la traîne» se pratique traditionnellement près du littoral sur des fonds de l'ordre de 5 à 6 mètres de profondeur.
(2) Une enquête menée immédiatement auprès du vendeur permit de reconstituer les circonstances de la découverte, telles qu'elles sont énoncées ci-dessus, sans que le lieu de la trouvaille puisse être indiqué de manière plus précise. Au moins la provenance locale de ce casque est-elle bien assurée, contrairement à un autre casque de même type conservé chez un agathois, et qui doit avoir été acquis anciennement en Italie ou en Grèce; il faut donc supprimer de l'inventaire des trouvailles d'armes en milieu sous-marin (FEUGÈRE 1993, 266) la mention d'un casque agathois de type Negau.
Ce casque a été présenté au public à l'occasion d'une exposition sur les Etrusques organisée il y a quelques années au Musée d'Archéologie subaquatique du Cap d'Agde ; auparavant, il avait été communiqué à A. Nickels, alors Directeur Régional des Antiquités, qui en avait reconnu tout l'intérêt.
Description
Remarquablement conservé, l'objet n'a souffert de son séjour sous-marin qu'à une date récente : le casque nous est parvenu intact, à l'exception de deux déchirures dans le timbre (fig. 2) ; le métal, de couleur jaune doré, est à nu sur toute la surface extérieure, où il semble que l'épiderme ait été légèrement abrasé par les courants des hauts-fonds sablonneux. A l'intérieur, on observe quelques traces de coquillages marins indiquant que le casque, déposé sur le fond, a servi d'abri à des colonies de mollusques.
Le casque n'ayant subi aucune déformation, ses dimensions sont les suivantes :
— hauteur : 202 mm ;
— diamètre extérieur du timbre : 214 x 232 mm (3);
— épaisseur du timbre (au niveau d'une déchirure) : 0,4 mm;
— épaisseur au bord : 3 mm.
Le casque a été fabriqué d'une seule pièce, par martelage à partir d'une ébauche coulée, sans doute assez proche de l'objet fini (masse : 815 g) ; mais le repli du métal sous le rebord qui renforce le pourtour du casque, par exemple,
(3) Le rebord vertical était nettement incliné vers l'intérieur, ces dimensions sont légèrement inférieures à l'encombrement maximal du casque.
R.A.N. 27-28, 1994-1995, p. 1-7 © CNRS Éditions 1996
