Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier s. av. J.-C. : l’exemple de la tombe du Mas Vigier à Nîmes (Gard).

Sébastien Barberan

La tombe SP2483 découverte sur le site du Mas Vigier s'insère dans le système funéraire mis en évidence à partir de l'étude des tombes de Nîmes datées des IIe et Ier siècles av. J.-C. Il se caractérise notamment par l'usage de la crémation, suivi de la dispersion dans la tombe d'une très petite quantité d'ossements, une partie des restes étant parfois placée dans un vase ossuaire, comme dans le cas de la sépulture du Mas Vigier. Celle-ci a été aménagée dans une fosse quadrangulaire dotée d'une coffrage de bois, or la tombe en coffrage de dalles ou de bois est le type le plus répandu à Nîmes à partir du dernier quart du IIe s. av. J.-C. L'agencement du mobilier dans la tombe (étagement) et les traitements particuliers d'une partie des dépôts (bris, déformation des armes et perforation d'une amphore) trouvent de nombreux parallèles dans le corpus nîmois. Certaines pratiques prennent racine dans la tradition des tombes protohistoriques régionales (par exemple le dépôt d'armes et les déformations intentionnelles, l'usage de vases liés à la boisson comme ossuaires, l'implantation le long d'une voie à distance de l'habitat). D'autres en revanche se mettent en place au cours du IIe siècle et trouvent leur pleine expression à la fin du IIe s. et dans la première moitié du Ier s. av. J.-C. (tombes conçues comme de petites chambres coffrées dotées d'un aménagement interne élaboré, bris des vases, dispersion des restes osseux...). Par bien des aspects, comme l'architecture des tombes ou encore l'augmentation du nombre d'objets déposés, cette évolution se traduit par un renforcement du caractère ostentatoire des dépôts et des pratiques.

Monographies d’archéologie Méditerranéenne hors-série n°5 itinéraires des vins roMains en gaule iiie-ier siècles avant J.-c. confrontation de faciès Actes du colloque européen organisé par l’UMR 5140 du CNRS Lattes, 30 janvier-2 février 2007 Édités par Fabienne OLMER Publication de l’uMR 5140 du cnRS « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » Lattes 2013 2 auteuR Les Monographies d’Archéologie Méditerranéenne sont destinées à promouvoir les résultats des recherches archéologiques conduites dans les régions bordant les rivages de la Méditerranée nord-occidentale (France, Italie, Espagne). Les ouvrages constituant cette série sont à la fois limités et ouverts : limités à l’archéologie de la Préhistoire récente (Néolithique, Chalcolithique), de la Protohistoire (Âges du bronze et du fer) et de l’Antiquité (du début de l’Empire Romain au début du MoyenÂge) ; limités à une approche scientiique du patrimoine antique des régions méditerranéennes ; ouverts vers toutes les disciplines et les champs d’investigation intéressant l’archéologie, et aux résultats des travaux de terrain comme aux synthèses thématiques ; ouverts enin à tous les acteurs de l’archéologie, quelle que soit leur institution de rattachement. Rédaction des Monographies d’Archéologie Méditerranéenne Directeur de la publication : Éric Gailledrat e-mail : eric.gailledrat@cnrs.fr Comité de pilotage : Guy Barruol, Directeur de recherche honoraire au CNRS ; Pierre Garmy, Conservateur du Patrimoine ; Éric Gailledrat, Chargé de recherche au CNRS ; Jean-Pierre Giraud, Inspecteur général de l’Architecture et du Patrimoine/ Archéologie ; Xavier Gutherz, Professeur de Préhistoire ; Thierry Janin, Professeur de Protohistoire ; Michel Py, Directeur de recherche honoraire au CNRS ; Claude Raynaud, Directeur de recherche au CNRS ; Martine Schwaller, Conservateur du Patrimoine honoraire. Les manuscrits proposés aux Monographies d’Archéologie Méditerranéenne font l’objet de rapports par des experts extérieurs nommés par le Comité de pilotage. Mise en page : Marie-Caroline Kurzaj, Eric Gailledrat Traitement du manuscrit et des illustrations : Marie-Caroline Kurzaj, Fabienne Olmer Traductions : André Rivalan, Franca Cibecchini, Nuria Rovira, Bettina Rautenberg-Célié Adresses Rédaction, échanges - Monographies d’Archéologie Méditerranéenne Centre de Documentation Archéologique Régional 390, Avenue de Pérols, F-34970, Lattes FAX : 04.67.22.55.15 — e-mail : umrlat@cnrs. fr Édition - Association pour le Développement de l’Archéologie en Languedoc-Roussillon (ADAL) Centre de Documentation Archéologique Régional 390, Avenue de Pérols, F-34970, Lattes FAX : 04.67.22.55.15 Diffusion - Librairie Archéologique, BP 90, 21803, Quétigny Tel : 03.80.48.98.60 — FAX : 03.80.48.38.69 — e-mail : librarch@club-internet. fr Internet : http ://www. libarch. com - Librairie Epona, 7 rue Jean-du-Bellay, 75004, Paris Tel : 01.43.26.40.41 — FAX : 01.43.29.34.88 — e-mail : archeoli@club-internet. fr - ArqueoCat, C/Dinamarca, 3 nau 8, 08700, Igualada (Barcelona, España) Tel : 34.93.803.96.67 — FAX : 37.93.805.58.70 — e-mail : arqueocat@ciberia. ISBN 978-2-912369-27-4 ISSN 2111-7411 Sommaire - Fabienne OLMER Avant-propos...................................................................................................................................................................................5 - Réjane ROURE Les circulations entre Languedoc et Berry au Ve siècle avant notre ère : le champ des possibles (hypothèses et pistes d’étude)........................................................................................................................................................7 - Pierre SÉJALON Les faciès amphoriques précoces en Languedoc occidental......................................................................................................15 - Bernard DEDET et Jean SALLES L’Ermitage d’Alès (Gard): un oppidum-marché du Ier siècle avant J.-C. et la question des antécédents de la voie cévenole.........................................................................................................................................................................................23 - Élian GOMEZ Les productions de vin et d’amphores tardo-hellénistiques à Saint-Michel (Agde-34)............................................................39 - Stéphane MAUNÉ La production d’amphores vinaires en Gaule Transalpine. État des lieux et perspectives (IIe-Ier siècle av. J.-C.)....................................................................................................................................................................57 - Michel PASSELAC Sur la voie d’Aquitaine : les amphores d’époque républicaine d’Eburomagus..........................................................................75 - Florence VERDIN, Frédéric BERTHAULT et Corinne SANCHEZ Le puits 41 de l’oppidum de l’Ermitage d’Agen (Lot-et-Garonne) : aperçu du faciès amphorique et questions de chronologie..................................................................................................................................................................................125 - Laurence BENQUET Les importations d’amphores au Ier siècle av. J.-C. : le faciès Toulousain...............................................................................139 - Frédéric BERTHAULT Bordeaux et le faciès girondin : entre Dressel 1 et Pascual 1...................................................................................................159 - Jean-Marc SÉGUIER et Lionel IZAC-IMBERT Les amphores italiques de deux sites du sud-Albigeois : Castres, « Lameilhé » et Montfa, « La Chicane » (Tarn)..............179 - Jaime MOLINA VIDAL Commerce et marchés de vin italique dans le sud de l’Hispanie Citérieure (IIIe-Ier siècles av. notre ère).............................195 - Joaquim TREMOLEDA TRILLA et Pere CASTANYER MASOLIVER Las ánforas republicanas itálicas de Catalunya (siglos III-I a.C.) : estado de la cuestión .....................................................213 4 auteuR - Verònica MARTÍNEZ FERRERAS La diffusion commerciale des amphores vinaires de Tarraconaise à Lattara (Lattes, Hérault)............................................257 - Céline BARTHÉLEMY-SYLVAND Les amphores républicaines en Région Centre : hiérarchie des voies commerciales............................................................275 - Yvan BARAT et Fanette LAUBENHEIMER Importation et consommation du vin chez les Carnutes de La Tène inale à Auguste...........................................................287 - Jean-Marc SÉGUIER La consommation des vins italiens chez les Sénons, les Meldes et les Parisii........................................................................295 - Fanette LAUBENHEIMER,Yves MENEZ et Solenn LE FORESTIER (en cours de relecture) Les amphores de Paule (Côtes d’Armor) et le commerce du vin au Second âge du Fer dans le nord-ouest de la Gaule............................................................................................................................................................................................315 - Andrew P. FITZPATRICK Republican Amphorae in Iron Age Britain...............................................................................................................................327 - Grégory VIDEAU Les amphores tardo-républicaines dans les habitats ruraux de la vallée de la Saône et la vallée du Doubs........................345 - Ulrike EHMIG Les traces des dernières Dressel 1 entre Rhin et Danube........................................................................................................371 - Stefanie MARTIN-KILCHER, Eckhard DESCHLER-ERB, Muriel ROTH-ZEHNER, Norbert SPICHTIG et Gisela THIERRIN-MICHAEL Les importations en amphores dans la civitas Rauracorum (IIe/Ier siècle av. J.-C. – Ier siècle apr. J.-C.) : Bâle-usine à gaz, Sierentz, Sausheim, Bâle-colline de la cathédrale, Augst...........................................................................377 - Franca CIBECCHINI et Claudio CAPELLI Nuovi dati archeologici e archeometrici sulle anfore greco-italiche: i relitti di III secolo del Mediterraneo occidentale e la possibilità di una nuova classiicazione....................................................................................................................................423 - Luc LONG, Giuliano VOLPE et Maria TURCHIANO L’épave tardo républicaine de La Ciotat : Les amphores, la céramique et les hypothèses épigraphiques............................453 - Simonetta MENCHELLI, Claudio CAPELLI, Marinella PASQUINUCCI, Giulia PICCHI, Roberto CABELLA et Michele PIAZZA Nuove scoperte d’ateliers di anfore repubblicane nell’Etruria settentrionale costiera .........................................................471 - Claudio CAPELLI, Roberto CABELLA et Michele PIAZZA Albinia o non Albinia ? Analisi in microscopia ottica su anfore Dressel 1 rinvenute in Francia meridionale ....................479 - Gloria OLCESE, Stefania GIUNTA, Ioannis ILIOPOULOS et Claudio CAPELLI Indagini archeologiche e archeometriche preliminari sulle anfore di alcuni relitti della Sicilia (metà III-I sec. a.C.)....................................................................................................................................................................485 - Laurence BENQUET, Daniele VITALI et Fanette LAUBENHEIMER Nouvelles données sur l’atelier d’amphores d’Albinia (Orbetello, Italie) : campagnes de fouille 2003-2006........................513 - André TCHERNIA Transport et choix des vins : quelques règles............................................................................................................................531 - Sébastien BARBERAN, Valérie BEL, Nathalie CHARDENON, avec la collaboration d’Anne BOUCHETTE (†), Vianney FOREST et Antoine RATSIMBA Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. : l’exemple de la tombe du Mas Vigier à Nîmes (Gard)...............................................................................................................................................................................535 - Guillaume VERRIER Les faciès des céramiques à vernis noir entre Arvernes et Éduens (Auvergne, Forez, Bourgogne) aux trois derniers siècles avant notre ère............................................................................................................................................................................565 - Planches hors-texte................................................................................................................................................................575 Avant-propos par Fabienne Olmer À la mémoire de Thérèse Panouillères et Jean-Luc Fiches Ce volume des Monographies d’Archéologie Méditerranéenne porte les actes du colloque «Itinéraires des vins romains en Gaule (IIIe-Ier siècle avant J.-C.). Confrontations de faciès» qui s’est tenu à Lattes au musée Lattara - Henri Prades du 30 janvier au 2 février 2007, une réunion pluridisciplinaire et internationale qui a réunit les compétences de chercheurs et d’enseignants-chercheurs de trois disciplines majeures : l’archéologie, l’histoire économique et l’archéométrie. Il a permis d’aborder le sujet du grand commerce à l’époque tardo-républicaine au travers de thèmes novateurs qui doivent beaucoup aux résultats de l’archéologie préventive, qui grâce aux foisonnantes données nouvelles, conduisent à un renouvellement des interprétations économiques et sociétales pour cette partie de l’Antiquité, et qui accompagnent les résultats de nombreuses opérations de fouilles programmées et de travaux en laboratoire. Il est apparu fondamental d’effectuer un point sur les faciès pour tendre à mettre en évidence des voies puis à terme des ilières d’approvisionnement, ce qui se conçoit dans une perspective économique, faisant intervenir des marchands de toutes les parties de Méditerranée occidentale : Romains, Gaulois, Grecs, Ibères... En effet, la recherche sur les diffusions de vin italique à l’époque tardo-républicaine a été, ces cinquante dernières années, souvent très théorique, s’appuyant sur des exercices typologiques voués à leurs contenants, les amphores, alors que les modalités des approvisionnements ont été souvent négligées. Dresser un inventaire des faciès régionaux apparaissait comme une étape préliminaire et incontournable à ces objectifs et permettre d’avancer dans d’autres directions. Le programme correspondait à ces attentes scientiiques et de très nombreux collègues (54 intervenants) ont été conviés à présenter leurs travaux sur les faciès amphoriques très divers de l’ensemble du monde gaulois occidental et ses marges. Un point important sur les ateliers et leurs productions au regard des nouveaux programmes de recherche en Italie a également été réalisé. De nombreuses institutions ont ainsi collaboré à cette manifestation : le CNRS, le Ministère de la Culture, l’Université, l’INRAP, les collectivités territoriales, le monde associatif, et les instances ou universités étrangères qui ont compté pour une part relativement importante : le Service archéologique Cantonal du Valais, Suisse ; l’Università degli studi di Genova, Italie ; la Goethe-Universität, Frankfurt, Allemagne ; l’Université de Sotton, Grande-Bretagne ; la Surrintendance archéologique de la province de Naples, Italie ; l’Università degli Studi di Foggia, Italie ; l’Université de Berne, Suisse ; l’Université de Barcelone, Espagne ; l’Università degli Studi di Pisa, Italie ; l’Université d’Alicante, Espagne ; le Centre d’Arqueologia Subaquàtica de Catalunya, Girone, Espagne ; le Museu d’Arqueologia de Catalunya, Bercelone, Espagne ; l’Université de Fribourg, Suisse ; le Museu d’Arqueologia de Catalunya, Empúries, Espagne. Les 35 contributions réunies proposent une vision large et riche des échanges durant près de trois siècles, de leur organisation, de leurs mutations et de surtout du potentiel de la recherche future. J’espère que cette publication va permettre au plus grand nombre de nos collègues de mieux appréhender ces thématiques et d’en faire naître de nouvelles. Jean-Luc Fiches avait effectué les conclusions de ce colloque, avec cette fraîcheur intellectuelle qui le caractérisait. Des collègues de l’UMR 5140 «Archéologie des Sociétés Méditerranéennes» ont apporté leur contribution au cours de la préparation et de l’organisation : Pierre Garmy, Christine Lucand, Albane Burens, Véronique Matthieu et Thérèse Panouillères, qui nous a quitté peu de temps après. Je remercie également David Lefèvre, directeur scientiique du Labex Archimède (Université de Montpellier III) pour le soutien apporté à cette publication (Labex ARCHIMEDE, programme IA ANR-11-LABX-0032-01). Je remercie enin Eric Gailledrat, qui a accepté l’ouvrage dans la collection des Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, ainsi que MarieCaroline Kurzaj pour le travail de mise en forme. Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. : l’exemple de la tombe du Mas Vigier à Nîmes (Gard) par Sébastien BARBERAN, Valérie BEL, Nathalie CHARDENON, avec la collaboration d’Anne BOUCHETTE (†), Vianney FOREST et Antoine RATSIMBA (1) introduction 1. la toMbe sp2483 du Mas vigier Pour le Midi de la Gaule, le dossier des sépultures de la in de l’âge du Fer et du début de l’époque romaine fait l’objet d’un programme de publication qui a permis de dresser un état des lieux des problématiques et des données nouvelles acquises dans ce domaine ces quinze dernières années (Bel et al. 2008). Cette étude s’appuie principalement sur les résultats de la fouille de 25 sépultures récemment mises au jour à Nîmes, principalement dans la plaine du Vistre, entre 2,5 et 3 km de l’agglomération pré-augustéenne. Les décapages de grande ampleur, favorisés par le développement de l’archéologie préventive, ont ainsi permis un renouvellement important des données funéraires dans la plaine nîmoise. Les données recueillies ont été confrontées à l’ensemble de la documentation disponible dans la région nîmoise, dans la basse vallée du Rhône et dans les Alpilles (corpus de référence de plus de 200 tombes). Elles offrent notamment l’avantage de pouvoir mettre clairement en évidence, avec les objets répertoriés, et à la suite des premières observations formulées par quelques chercheurs (lire notamment : Py 1981 ; Py 1990a ; Bats 1990 ; Genty, Feugère 1995), des différences régionales notables dans les rites funéraires pratiqués de part et d’autre du Rhône, dans les départements du Gard, des Bouches-du-Rhône et dans une moindre mesure du Vaucluse. L’étude de la tombe SP2483 du Mas Vigier à Nîmes permet de compléter, de conirmer ou de corriger ces premières observations, en particulier sur la place du vin dans les pratiques funéraires régionales. Cette sépulture, repérée lors d’un diagnostic archéologique réalisé en 2006 (Noret, Aurand 2006), a été fouillée par l’Inrap en 2008 dans le cadre d’une opération d’archéologie préventive préalable à l’aménagement d’un bassin de rétention contre les inondations au lieu-dit Mas Vigier (Ratsimba et al. 2011). Localisation et environnement de la sépulture : une tombe isolée en bordure de voie (N. C. et A. R.) La sépulture SP2483 est située à 2,5 km au sud-ouest de l’agglomération protohistorique de Nîmes (ig. 1). Elle est implantée à proximité et au sud-ouest d’un chemin (VO2003), à 1,50 m à peine du fossé bordier de voie. Le grand axe longitudinal de la tombe n’est cependant pas strictement parallèle à la voie. Cette voie assez modeste (réseau secondaire ?), déjà en fonction à la période protohistorique, était jusqu’alors méconnue. Elle a été observée sur plus de 100 m de long et étudiée par une succession de tranchées et sondages ainsi que par des fenêtres de décapages en plan permettant de caractériser les différentes bandes de roulements et les réaménagements divers (ig. 2). Elle présente une largeur de près de 4,50 m avec de part et d’autre de la bande de roulement la présence de fossés réaménagés à la période républicaine avec la construction de murs bordiers. La bande de roulement (BR2285) contemporaine de la sépulture ainsi que les deux murs bordiers (MR2280 et MR2220) ne sont plus conservés dans ce secteur, mais le niveau de voie restitué à partir des données observées plus au sud permet de le restituer à 34,93 m d’altitude. Un décapage incisif effectué sur toute la longueur de la voie dans l’emprise de fouille a permis de préciser le contexte de cette sépulture. Elle ne s’inscrivait pas dans un ensemble funéraire car aucune autre tombe n’a été découverte aux abords. La tombe SP2483 (ig. 3) mise au jour à 34,67 m d’altitude était installée dans une couche de limon brun à gris, directement sous la terre végétale soit à environ 0,30 m sous la surface actuelle. Cette couche de 0,30 à 0,35 m d’épaisseur contient quelques charbons de bois, des traces de mycélium et quelques 536 Sébastien BARBERAN et al. 208 206-207 N SP2483 2485 2511 VP2491 2493 VP2505 2509 VP2490 2512 2510 VP2506 2507 2508 2494 VP2487 VP2489 VP2488 à 50cm 1275 topo point ENS2076 fossé 176 ENS2076 Voie B 209 17 210 NIMES A 173 C I 160 My 72 G 212 164 200 J 12 E 21 Rte de Bea ucaire/voie 45 Domitienn e V H D 1110 8-9 119 117 125 159 Ch e? 140 en n 218 it i MV om eD 0 Rt ed eM on tp es Gill int- el l ie r/ vo i MdAII 25 m Sa de MdA Rte K MdV tL lla Va Fig. 2 : plan de localisation de la tombe SP2483 (DAO A. Recolin). tr e MN u ba ou Le Vi s Caissargues 75-100 m sépultures chemins et routes XVIIIe-XIXe s. 150 - 175 m 50- 75 m ville préromaine MV. Mas Vigier (2008) 125- 150 m 25- 50 m enceinte romaine 100 - 125 m -25 m cours d'eau ac tuel 175- 200 m A. Tour Magne B. porte de l'enceinte C. porte d'Auguste D. porte de France E. porte du Cadereau F. porte de l'enceint l'enceinte e G. maison Carrée H. amphithéâtre I. source de la Fontaine 8-9. Mail romain 10. Jeu du Mail 11. Marché aux bestiaux 12. Le Cade reau/ Jean Lasserre (2 tombes) 17. rue de la Lamp?ze 21. la Placette 45. octroi de Beaucaire 72. les Carmes (2 tombes) 117. rue A. de Seyne 119. rue Henri Revoi l (Pissevin 1) 0 N 2 km DAO. V. Lelièvre, L. Vidal 125. Pont-Biais 140. chemin de Montpellier 159. rue de La Ranquette 160. Pissevin 2 164. Serre de Montaury 173. la Cigale 176. Route d'Alès 200. quartier des Oules 206-207. Les Fontilles 208. Terres de Rouvière 209-210. Camplanier 212. Valdegour 218. V iol du Plan (2 tombes) K. Kinépolis (4 tombes) MdA. Mas des Abeilles VII MN. Mas Neuf V. V illeperdri x MdAII. Mas des Abeilles II (5 tombes) Md V. Mas de V ignoles (6 tombes) Ch. Les Charmilles (2005) M y. Montaury (2005 ) Fig. 1 : carte de localisation du site du Mas Vigier (DAO Lelièvre, L. Vidal). Fig. 3 : vue de la tombe en bordure de la voie (cliché Inrap). tessons épars de céramique modelée. Les limites du creusement de la sépulture n’ont pu être observées avec certitude. La partie supérieure de la fosse, creusée dans un sédiment brun anthropisé, n’a pu être repérée en plan. Ces dificultés de lecture expliquent pour partie que la tombe ait été amputée de son extrémité sud lors du diagnostic archéologique. Cette destruction partielle ne compromet cependant pas la validité de l’assemblage de mobilier qui semble au demeurant complet car les éléments déplacés par la pelle mécanique ont été immédiatement ramassés. L’horizon du creusement d’installation de la fosse sépulcrale, les sols d’occupations ainsi que les niveaux de voie contemporains ne sont pas conservés. L’analyse du dépôt et son organisation (cf. infra) permettent malgré tout de proposer des schémas d’agencement et de retrouver approximativement le niveau d’occupation d’origine soit environ 34,92 m d’altitude au minimum. Au demeurant, le lien de la tombe avec la voie ne peut être remis en cause et le mobilier recueilli permet de situer son installation durant la phase d’utilisation avérée Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. 537 du chemin, soit entre le dernier quart du IIe siècle et le premier quart du Ier siècle av. J.-C. L’environnement et le contexte paysagé de la sépulture présentent à cette période un réseau dense de plantations de vignes d’orientations diverses qui, associé vraisemblablement aux amorces d’un parcellaire fossoyé, se développe à distance mais de part et d’autre de la voie. Il s’agirait d’un témoignage assez précoce de l’implantation du vignoble dans ce secteur de la plaine du Vistre, contemporain des traces de mise en culture de la vigne observées sur le site du Florian à Nîmes (Monteil et al. 1999). Aucun vestige d’habitation de la période républicaine n’a été observé dans ce secteur. La tombe s’implante donc dans une zone densément cultivée en bordure d’un axe viaire pouvant relier la voie Domitienne au sud et rejoindre au nord une percée naturelle ouvrant sur la plaine de la Vaunage. Le caractère isolé de cette sépulture n’a pas d’équivalent dans la série des tombes d’époque républicaine de Nîmes. Les sépultures mises au jour ces dernières années à proximité ou aux carrefours d’axes viaires dans la plaine de Nîmes sont le plus souvent groupées en petits ensembles (2 à 7 tombes), dans des espaces à vocation funéraire dont l’occupation se poursuit parfois durant plusieurs décennies. C’est le cas des sites du Forum des Carmes, du Mas des Abeilles II, du Mas des Abeilles VII, du Viol du plan, du Forum Kinépolis et du Mas de Vignoles (Bel et al. 2008). En fait, la tombe isolée du Mas Vigier s’insère probablement dans le système de recrutement sélectif (une seule tombe par génération) mis en évidence grâce à l’analyse des espaces funéraires de la plaine de Nîmes (Bel et al. 2008 : 369). L’implantation des tombes en bordure de voie, traditionnellement attribuée à l’adoption d’un modèle romain est en réalité attestée dans le Midi dès le premier quart du IIe siècle av. J.-C. Elle remonterait même bien au-delà, dès l’occupation protohistorique (Vidal 2000 ; Séjalon, Dedet 2003 ; Fabre et al. 2006 ; Breuil, Séjalon 2008). L’existence de sépultures à distance des oppida avait déjà été reconnue (Fiches 1989 : 221 ; Py 1990a : 763) et la récente découverte de la tombe du Mas Vigier en offre un nouvel exemple. Cette grande fosse de plan quadrangulaire allongé (en partie amputée) possède des bords verticaux irréguliers (ig. 4). La profondeur maximale conservée avoisine 0,25 à 0,30 m environ. Le fond de la fosse est à peu près plan, avec un très léger pendage vers le sud (34,39 m d’altitude). Il s’inscrit dans le limon loessique jaune marbré. Comme nous l’avons déjà vu, la partie supérieure de la sépulture n’est plus conservée. Si l’on envisage que les cruches à pâte claire calcaire n° 7 et 8 étaient déposées en position fonctionnelle (cf. infra), le sommet de la tombe se situerait à une altitude minimum de 34,92 m NGF. Cet horizon d’occupation est en parfaite adéquation avec le niveau de voie correspondant restitué (BR2285) qui culmine à 34,93 m NGF. Il faut donc imaginer une tombe au même niveau que la voie ou en léger surplomb sur un talus. Le creusement de la sépulture, peu perceptible, semble présenter des parois sub-verticales (us 2483). Il est de forme quadrangulaire irrégulière de 1,34 m par 0,94 m. Ses dimensions sont nettement supérieures à celles de l’emprise du dépôt de vases et d’offrandes. La fosse présente au fond un surcreusement (us 2511) de forme quadrangulaire de 0,90 m par 0,70 m conservés correspondant à l’emplacement du dépôt sépulcral. Les différentes dimensions mentionnées ne tiennent bien entendu pas compte de l’extension de la sépulture vers le sud, amputée d’au moins 0,40 m par la pelle mécanique si l’on restitue le col de l’amphore qui a pu être remonté. Le dépôt se caractérise par une concentration très dense Fig. 4 : vue de la fosse sépulcrale (cliché N. Chardenon). Fig. 5 : vue du dépôt funéraire (cliché N. Chardenon). Une tombe en fosse avec un probable coffrage de bois (N. C.) 538 Sébastien BARBERAN et al. de mobilier et une imbrication de vases qui laisse présumer que l’ensemble a été contraint dans un espace bien circonscrit (ig. 5). La répartition même du mobilier est surprenante. Elle suggère une contrainte spatiale forte qui n’était pourtant pas d’emblée identiiable au regard du sédiment de comblement de la fosse. Dans la partie supérieure, sur environ 0,10 m de hauteur, nous n’avons pas observé de colmatage différentiel entre l’intérieur et l’extérieur d’un coffrage ou caisson présumé. La seule limite qui était perceptible entre le colmatage extérieur du coffre et le comblement interne correspond en déinitive à l’emprise d’un surcreusement dans la fosse (us 2511) et à un comblement différentiel afleurant (ig. 6 et 7). Cet aménagement peut impliquer la présence de parois. Il ne justiie et il n’explique cependant pas la fonction du premier creusement. Globalement, la forme de la structure et du surcreusement, mais aussi la disposition du mobilier qui dessine des effets de parois sont compatibles avec la restitution d’un coffrage en matériau rigide. Cette construction pouvait associer plusieurs éléments en bois (rondins ou planches), mais aucun clou n’a été découvert dans ce contexte. Le décapage du fond de la fosse n’a livré aucun aménagement, aucune rainure, tranchée d’installation, trou de poteau ou dispositif de calage et le coffrage supposé semble avoir été installé à distance variable des bords de la fosse (us 2511). On ne dispose d’aucun indice permettant de restituer un fond construit si ce n’est une sédimentation de 5 à 7 cm qui sépare le plan de pose des dépôts n° 6, 2 et 3 (cf. infra) et le véritable fond observé après curage. Le coffrage présumé circonscrivait et délimitait un volume minimum de 0,70 m de large par 1,20 m de long pour une hauteur minimale approximative de 0,55 m (si les cruches sont restituées en position fonctionnelle) et 0,45 m (si elles ont été déposées couchées) (ig. 8). Même s’il n’existe pas de sépultures pour lesquelles on peut restituer avec certitude un contenant uniquement en bois, les tombes en coffre et en coffrage mixte constituent près de la moitié des occurrences dans la documentation disponible à Nîmes. De plus, les caractéristiques morphologiques des fosses quadrangulaires dites généralement en pleine terre pourraient pour la majorité d’entre elles avoir contenu des coffrages ou caissons de bois (Bel et al. 2008 : 233). Dans ce cas, les tombes en coffrage (pierre et/ou bois) constitueraient près de trois quarts des tombes documentées à Nîmes. Ce type d’architecture semble plus précoce que le coffrage de dalle. Son apparition, comme celle des fosses quadrangulaires, se situe dans les années 125-75 av. J.-C. La couverture de la sépulture et du coffrage (N. C.) Toute la partie supérieure de la sépulture est largement écrêtée par les labours avec notamment la fragmentation du grand vase balustre celtique peint (n° 5), de la panse de l’amphore (n° 6), des cruches en céramique à pâte claire calcaire (n° 7 et 8) et du grand pot en céramique modelée (n° 2). La couche supérieure (us 2497) correspond au niveau de décapage et d’apparition de la tombe. Il s’agit de terre végétale, un limon de recouvrement dans lequel étaient mêlés des tessons appartenant pour la plupart aux vases « d’accompagnement » déposés dans la sépulture et traînés par les labours. Les dispositifs de signalisation et de fermeture de la tombe ne sont pas connus car ils ont été largement détruits. Même si les vestiges d’un système de couverture ne sont plus conservés en place, on peut penser qu’ils existaient à cause de la présence du coffrage. Plusieurs arguments évocateurs permettent par ailleurs de documenter cette hypothèse. Les objets qui paraissent en position instable dans le comblement représentent un premier indice. La mobilisation de nombreux vases à des niveaux variés autorise la restitution d’un dépôt en espace vide avec un colmatage différé. Le basculement des cruches en pâte claire calcaire n° 7 et 8 témoigne probablement de l’effondrement d’un dispositif en matériau périssable. La fragmentation du pied du brûle-parfum (n° 3) semble également être survenue après fermeture de la tombe et pourrait avoir été causée par la chute du système de couverture. Il pourrait en être de même pour ce qui concerne la petite dalle en calcaire (us 2512) retrouvée de chant dans le comblement du coffrage à l’aplomb de la vasque du brûle-parfum. Le comblement du coffrage résulte vraisemblablement d’un colmatage postérieur à la fermeture de la tombe et il est composé de deux couches distinctes. Le fond du coffrage est rempli sur près de 0,15 m d’épaisseur par une couche limoneuse brun à gris (us 2499) qui a été totalement prélevée et exhaustivement tamisée avec une bipartition de l’espace à l’ouest et à l’est de l’amphore. En outre, le sédiment prélevé sous l’amphore n°6, sous la jarre modelée (n° 2, us 2541) ou sous le brûle-parfum (n° 3, us 2537) a été individualisé et entièrement tamisé. Le comblement inférieur (us 2499) est scellé par un sédiment limoneux brun, semblable à l’encaissant (us 2498). Le dépôt inférieur peut résulter d’une iniltration progressive du sédiment dans le coffrage, tandis que le second niveau de comblement semble être la conséquence de l’effondrement et de la disparition de la couverture. L’organisation du dépôt dans la tombe (N. C.) Ce dépôt est composé de sept vases (dont le vase ossuaire), d’un brûle-parfum, d’une amphore, de trois objets métalliques, d’un couvercle de pyxide en os et de nombreuses offrandes de faune (ig. 9). Comme d’autres sépultures contemporaines qui disposaient d’un ordonnancement élaboré, l’organisation de cette sépulture parait comporter plusieurs niveaux de dépôts, mais pas d’empilement de vases. L’analyse de la sépulture permet de proposer des restitutions des plans de pose des différents objets et d’aborder la chronologie relative du dépôt. L’organisation supérieure de la tombe nous échappe car l’arasement de la sépulture a pu faire disparaître un certain nombre d’éléments. D’autre part, le contexte lui-même (dépôt 539 Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. Coupe A sud nord 7 8 34,67 m Ngf 2 6 3 Coupe A nord sud 5 7 34,67 m Ngf US2494 US2495 4 1 6 10 terre végétale Coupe B ouest est 5 7 8 US2497 US2497 34,67 m Ngf 2 1 US2498 US2498 4 sud 3 6 US2522 0 Fig. 6 : coupes de la tombe (DAO N. Chardenon, A. Recolin). 25 cm 540 Sébastien BARBERAN et al. N 8 US2485 7 US2511 5 10 2 US2509 Fig. 8 : proposition de restitution du dépôt (N. Chardenon). US2494 2512 3 US2507 6 1 US2508 4 N 8 US2485 7 US2511 5 Fig. 9 : vue du dépôt prise du sud-est (cliché N. Chardenon). US2524 2 10 6 1 3 US2522 US2523 4 0 25 cm Fig. 7 : plans de la tombe (DAO A. Recolin, N. Chardenon). Fig. 10 : vue des dépôts métalliques et des ossements dans l’amphore (cliché N. Chardenon). Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. de crémation secondaire) peut ne pas donner un relet idèle et représentatif de l’ensemble des offrandes et ustensiles utilisés lors des funérailles, certains d’entre eux ayant pu être placés et laissés sur le bûcher. Les objets ont été trouvés pour la plupart en équilibre instable dans le comblement et très rarement en contact avec le fond. Ceci traduit donc la présence de supports divers et suggère le colmatage différé des fosses. L’étude de la répartition des différents objets en plan et en coupe (2) fournit un argumentaire essentiel pour préciser la nature des différents aménagements, leur disposition, la hauteur et l’ampleur des dispositifs utilisés. Les différentes inclinaisons et les pendages observés permettent de détecter des points de fracture du ou des supports et livrent des informations indirectes sur le mode d’effondrement des supports. Les vases ont été retrouvés ou devaient être en position fonctionnelle dans la majorité des cas. Il est donc légitime de penser qu’ils étaient peut-être destinés à contenir des denrées liquides. Aucun de ces récipients en terre cuite ne comporte de traces d’exposition au feu, mais la question reste posée pour ce qui concerne le passage des pièces d’armement en fer sur le bûcher. Hormis les repliements multiples de l’épée et la forme de l’impact sur la panse de l’amphore n° 6, aucun autre geste de bris volontaire et de dispersion de vases n’a pu être mis en évidence. Cet ensemble associant des offrandes carnées, un lot de vases du service à boire, un brûle-parfum et de l’armement pourrait en outre avoir été complété par d’autres offrandes : vanneries, bois, végétaux, étoffes… Plusieurs espaces vides sont ainsi localisés dans la fosse, notamment dans la zone située entre le récipient n° 6 et le vase n° 3. Le dépôt s’organise de part et d’autre d’un élément central majeur, une amphore italique (n° 6) déposée complète le col orienté au sud et couchée dans la fosse à 0,05 m du fond. Cette épaisseur sédimentaire se retrouve sous les vases n° 2 et 3 qui reposaient vraisemblablement sur un même plan de pose. Cette couche permet de restituer vraisemblablement un fond en matériau périssable de type plateau en bois. L’amphore contenait une pointe de lance en fer (n° 11), une bandelette spiralée du même métal (n° 12), des fragments d’os humain brûlé (us 2534) ainsi qu’un tesson (us 2536) provenant du vase balustre celtique (n° 5) (ig. 10). La hampe de la lance, si elle n’a pas brûlé sur le bûcher, peut avoir été brisée avant son dépôt pour être placée dans l’amphore. Les bandelettes spiralées n° 12 devaient constituer un ornement rivé sur la partie en bois de cette arme. Les objets ont été introduits par le col de l’amphore sans la casser et reposaient directement sur la paroi de la panse. La pointe de lance était dirigée vers le fond en direction du nord-ouest. Ces deux éléments majeurs, amphore et armement, placés au centre de la tombe, renvoient à plusieurs questionnements sur lesquels nous reviendrons, le rôle du vin dans les pratiques funéraires, le lien étroit entre le statut guerrier et l’organisation du banquet… Si on ne peut déterminer la chronologie relative des dépôts de part et d’autre de l’amphore, il est possible en revanche de 541 bien documenter la manière dont ils se sont superposés et igés lors des différents affaissements de structures ou lors de la dégradation d’autres offrandes (tissus, vanneries…). L’amphore et son contenu paraissent avoir été les premiers éléments placés dans la sépulture, créant une bipartition de l’espace. Le reste du dépôt s’organise autour et au-dessus de ce récipient. Il est d’ailleurs tout à fait envisageable que d’autres dépôts situés en position supérieure aient été totalement détruits par les labours. L’organisation interne de la tombe permet de proposer une succession d’évènements et de recomposer partiellement le dépôt sépulcral. À l’ouest de l’amphore vont se succéder une série d’éléments. L’épée repliée (n° 10) prend place dans un premier temps, elle devait être déposée sur un support situé au minimum à 0,15 m du fond de la fosse. Elle est calée contre la panse de l’amphore, la soie et la bouterolle orientées au sud. Sur un même niveau se trouve le vase balustre (n° 1) qui fait ofice d’ossuaire et qui contient un couvercle de pyxide en os (n° 13) associé aux ossements humains incinérés. Au pied de l’ossuaire se trouvait un dépôt de faune (us 2523). L’ossuaire était déjà vraisemblablement en contact direct avec l’épée lors de son dépôt dans la tombe. Sur un même plan reposait le vase celtique peint (n° 5). L’inclinaison de ce vase, de l’épée (n° 10) et du petit vase balustre (n° 1) laisse supposer que le support utilisé s’est affaissé et a cédé au sud. L’ensemble perceptible sur la coupe A (cf. ig. 6) s’est alors imbriqué lors de l’effondrement d’un support ou lors de la détérioration d’éléments en matériaux périssables (vannerie, bois, étoffes…) sur lesquels ils pouvaient reposer. Le vase n° 5 a basculé contre l’épée repliée qui a elle-même provoqué une poussée contre le vase n° 1. Celui-ci s’est alors retrouvé plaqué contre le repliement de l’épée et se superpose à une partie du fourreau, plus précisément à l’aplomb de la soie. Le léger pendage de ces mêmes éléments vers l’extérieur de la tombe (à l’ouest) laisse aussi penser que le coffrage qui contenait l’ensemble n’avait pas encore disparu totalement. Ce premier dispositif, s’il s’agissait d’une étagère, se situait au minimum à environ 0,12 m du fond. L’espace vide disponible au-dessous de ce premier support pouvait être occupé par une série d’offrandes en matériaux périssables, qui seule justiierait un tel aménagement. La coupe n° 4 (et sous toute réserve la cruche n° 9, détériorée au cours du diagnostic) devait reposer sur un autre support horizontal, cette fois placé à 0,20 m minimum du fond de la sépulture. Lors de la disparition de ce support, la coupe à boire en céramique campanienne (n° 4) est venue reposer sur la panse de l’ossuaire n° 1, prenant appui d’un côté contre la panse de l’amphore et de l’autre contre la paroi du coffrage. Comme pour les vases précédents, le pendage observé à la fouille serait la conséquence de la détérioration du support (étagère en bois), alors que le coffrage qui circonscrivait le dépôt était encore conservé. Il est cependant dificile de valider et de préciser cette hypothèse car toute la partie sud-est de la tombe où se situait précisément cette coupe a été tronquée lors du diagnostic. C’est au-dessus de l’épée et des vases n° 4 et n° 1 qu’ont été retrouvés des 542 Sébastien BARBERAN et al. ossements de faune (cf. infra). Un fémur d’ovin (?) (us 2495) reposait le long de la panse de l’amphore et sur le petit vase balustre. Une mandibule de porcin (us 2494) était superposée au dépôt précédent reposant à son extrémité nord-ouest sur l’épée, venant au contact direct du grand vase balustre en céramique celtique peinte (n° 5). Ce dernier légèrement incliné contre l’épée, la panse reposant sur l’extrémité de la mandibule de porcin semble très proche de sa position originelle (ig. 11). Des fragments de faune provenant vraisemblablement du même niveau de dépôt ont par ailleurs été retrouvés dans les terres d’iniltration qui se trouvaient dans les replis de l’épée. La situation originelle de ces dépôts de faune est incertaine. On peut envisager un dépôt associé à l’épée et/ou une mise en place sur la couverture du coffrage, ou sur l’amphore. Fig. 11 : vue des dépôts à l’ouest de l’amphore (cliché N. Chardenon). L’ordonnance du dépôt situé à l’est de l’amphore est également tout à fait restituable. Sur le même plan de pose que l’amphore, les récipients n° 2 et n° 3 prennent place dans la sépulture entre 0,05 et 0,08 m du fond. Le brûle-parfum n’est pas déposé en position fonctionnelle, mais retourné au sol, vasque contre terre. Aucun indice d’utilisation n’a été observé. Ce récipient à l’origine complet lors de son dépôt dans la sépulture a dû être altéré par l’effondrement de la couverture de la tombe, entraînant avec elle un fragment de pied retrouvé à quelques centimètres de sa position originelle (us 2510). La petite dalle calcaire (us 2512) « plantée » de chant sur la vasque du vase n° 3 pourrait provenir elle aussi de l’effondrement d’aménagements supérieurs ou de la structure de couverture. Vient ensuite le pot de grand module en céramique modelée n° 2. L’amphore, le pot et le brûle-parfum étant les seuls récipients situés au fond de la tombe avec l’offrande de faune (us 2522) et les quelques esquilles (us 2507). Viennent enin les deux cruches à pâte claire calcaire (n° 7 et 8). L’une des cruches (n° 7) se situait au-dessus de l’amphore à plus de 0,20 m du fond de la fosse. Même si nous ne connaissons pas réellement sa position originelle (debout ou couchée) ce récipient devait nécessairement se trouver sur un support qui se superposait à l’extrémité nord de l’amphore. Nous avons tout lieu de penser qu’elle était sur une étagère qui reposait en partie à une extrémité sur le fond de l’amphore et de l’autre sur un calage. Elle était, comme la cruche n° 8, soit déposée en position fonctionnelle, soit placée couchée comme l’amphore, l’ouverture orientée au nord-est de la fosse. La deuxième cruche (n° 8) très fragmentaire car afleurant dans les labours se situait en partie sur le col du vase précédent et en chevauchement sur le bord du pot modelé n° 2. Ces deux cruches sur un même plan de pose devaient être accompagnées d’ossements animaux (ovins ; cf. infra) dont on a pu isoler plusieurs éléments dans le sédiment de comblement inférieur et entre les vases (us 2541 et 2525). L’autre cruche fragmentaire (n° 9) retrouvée lors du diagnostic ne peut être localisée avec certitude, nous savons seulement qu’elle devait se situer à l’extrémité sud de la fosse vers le col de l’amphore, dans la partie amputée de la sépulture. La restitution (cf. ig. 8) qui place cette cruche toute proche de la coupe à boire est donc tout à fait arbitraire et ne repose sur aucun argument scientiique fondé. Enin, la présence éparse de quelques tessons résiduels ou intrusifs ne peut en aucune manière être rattachée à des pratiques particulières ou évoquer des manipulations au cours de la cérémonie. Excepté le cas de l’épée, soigneusement repliée avant son dépôt, aucun geste de bris volontaire n’a pu être mis en évidence dans la tombe et les fragmentations ou dispersions de tessons enregistrées lors de la fouille correspondent vraisemblablement toutes à des déplacements et destructions involontaires causées par les labours et les diverses perturbations occasionnées par le comblement de la structure. Les douze fragments de céramique à pâte claire calcaire retrouvés dans le comblement de l’amphore (us 2526) devaient appartenir à la cruche n° 8 ; le tesson isolé (us 2509) retrouvé dans le vase n° 2 résulte de l’effondrement de sa paroi. Les tessons (us 2510) retrouvés sur la vasque du brûle-parfum proviennent de l’altération et de la fragmentation du pied. Quant aux quelques tessons épars exhumés, il y a de fortes probabilités pour qu’il s’agisse d’éléments à caractère intrusif dont un comptage détaillé igure dans l’inventaire (cf. infra). Seuls quelques doutes demeurent concernant deux fragments du vase celtique peint retrouvés dans l’amphore, dont un au contact de la lance (us 2526 et us 2536). Ces fragments pourraient en effet avoir été déposés intentionnellement auprès des autres offrandes et des quelques fragments d’ossements humains brûlés. Ce type d’organisations complexes avec étagements est documenté à Nîmes dans des sépultures du corpus récent (SP3381 du Forum des Carmes ; SP3322 et SP1236 du Mas de Vignoles ; SP204, SP290, SP200 et SP347 du Mas des Abeilles II ; et SP6039 du Forum Kinépolis) (Bel et al. 2008) auxquelles s’ajoutent les deux tombes du Mail Romain (Feugère et al. 1995 : 186-187) et cinq tombes de la nécropole du Paradis à Aramon (Genty, Feugère 1995 : tombes 2, 4, 5, 6 et 11). Les Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. 543 contextes funéraires du Languedoc oriental livrent près d’une vingtaine d’exemples d’étagements (sépulture du Mas Vigier incluse), sur un corpus total de 42 tombes exploitables à ce jour. Ce mode d’organisation est attesté à Nîmes au moins à partir de la in du IIe siècle av. J.-C. et il se perpétue jusque dans le courant du Ier siècle apr. J.-C. Contrairement aux tombes avec ossuaire du Mas des Abeilles II, le vase n° 1 du Mas Vigier n’est pas placé sur le fond mais sur un des supports. Dans ce cas, ce n’est pas l’ossuaire qui a été mis en place en premier lieu dans la sépulture, c’est l’amphore. Un dépôt secondaire de crémation (V. B.) La fosse ne présentait aucune trace de crémation en place. La fonction funéraire du dépôt est attestée par la présence de restes osseux brûlés d’une masse totale de 16,6 g pouvant être attribués, pour au moins une partie d’entre eux, à un sujet humain de taille adulte, de sexe indéterminé (cf. infra). Si on excepte cinq grains d’orge carbonisés (cf. infra), la sépulture ne renfermait aucun autre dépôt issu du bûcher (à l’exception peut être de l’armement en fer), ni résidus charbonneux, ni reste d’objet ou de vase brûlé. Les ossements brûlés ont été retrouvés en plusieurs endroits dans la tombe, mais le lot le plus important provient du vase balustre de petit module (n° 1) qui contenait quatre fragments de diaphyses de 20 à 37 mm de long, d’une masse totale de 14,8 g, associés à un couvercle de pyxide en os non brûlé (n° 13). La disposition des os dans le récipient suggère de l’interpréter comme le vase ossuaire. Les pièces osseuses ont été retrouvées en position horizontale ou oblique dans le comblement limoneux (non charbonneux) du récipient, entre 35 et 30 mm du fond. L’un des fragments, plaqué contre la paroi était surmonté par l’objet en os, légèrement oblique vers le centre du vase (ig. 12). Les trois autres fragments se trouvaient à peu près au même niveau que l’objet en tabletterie, l’un d’eux étant appuyé contre ce dernier. Ces observations permettent de penser que ces cinq pièces ont été déposées en même temps sur un même plan de pose et constituent donc un dépôt intentionnel. Leur localisation à distance du fond peut être attribuée à l’étroitesse de cette partie du vase (30 mm maximum), sufisante pour bloquer des fragments de cette taille. Par ailleurs, le comblement situé au-dessous de ce dépôt présente de nombreuses racines et de petites galeries de vers remplies d’un sédiment argileux, traces d’une activité biologique qui a pu « soulever » le dépôt ou le maintenir à distance du fond. Les os provenant du vase n° 1 sont de teinte gris clair à gris bleu ce qui indique qu’ils ont été exposés à un lux thermique de plus de 500°C. Les déformations et les cassures transverses témoignent d’une crémation à l’état frais. Il s’agit de fragments de diaphyses d’os longs, probablement de membres inférieurs (tibia et peut-être fémur) appartenant à un sujet de taille adulte d’après l’épaisseur de la corticale des os. Un deuxième lot d’ossements brûlés a été recueilli dans le comblement (us 2505) du vase n° 2 (us 2493). Il comprend 35 Fig. 12 : vue des dépôts dans le vase ossuaire (cliché V. Bel). fragments d’une masse totale de 1,7 g. Il s’agit dans presque tous les cas de fragments de diaphyses de très petites dimensions (longueur maximale : 10 mm). Elles sont de teinte blanche à gris bleu noir. Leur taille ne permet pas d’afirmer qu’il s’agit d’os humains, mais cette éventualité ne peut être écartée. Ces éléments ont été retrouvés dispersés sur toute la hauteur et sur toute la surface du vase (3). La dispersion horizontale et verticale des pièces dans le comblement du récipient peut résulter en partie de l’action des fouisseurs ; néanmoins l’absence de concentration près du fond, ne plaide guère en faveur d’un dépôt groupé. Il semblerait donc qu’ils aient été placés initialement sur un élément en matériau périssable situé au-dessus du vase. La disparition progressive de cet élément et les eaux d’iniltration auraient entraîné les fragments dans le vase au fur et à mesure de son colmatage. Une autre hypothèse pourrait rendre compte de la dispersion des os dans le récipient : la présence d’eau stagnante provenant du ruissellement ou celle d’un liquide dans lequel les os auraient été déposés volontairement. Un troisième lot (us 2034), trouvé sur le fond de l’amphore, au contact du dépôt métallique, a été retrouvé parmi les os de faune au moment de leur étude. Ces os n’ont pu être pesés. Il s’agit d’un fragment d’os spongieux (30 mm), d’un fragment indéterminé (18,6 mm) et d’un fragment de côte (?) (55 mm). Ils pourraient avoir été introduits dans l’amphore au moment du dépôt de la lance. Le comblement inférieur de la fosse (us 2499) a livré deux petits fragments osseux (4-5 mm) dont un localisé dans la moitié est ; un troisième fragment a été recueilli dans le comblement prélevé sous l’amphore (us 2451) (4 mm). La masse totale de ces éléments est de 0,1 g. Il s’agit de fragments de diaphyse présentant une teinte grise ou bleutée. La localisation de ces pièces isolées exclut l’hypothèse d’un remaniement d’un dépôt initialement situé dans le vase ossuaire. En revanche, il est possible qu’elles aient été placées initialement sur un élément en matériau périssable situé au-dessus du dépôt, ou qu’elles aient été volontairement dispersées sur le fond de la fosse. 544 Sébastien BARBERAN et al. À l’instar des autres tombes tardo-républicaines de Nîmes, la sépulture SP2483 est un dépôt secondaire de crémation caractérisé par la présence d’une très faible quantité d’os. La masse totale des os recueillis dans la tombe se situe dans la fourchette des valeurs - soit entre 0,1 et 35,5 g - relevées pour les 20 tombes documentées à ce jour (Bel et al. 2008 : 216217). Les os ont été placés pour l’essentiel dans un ossuaire. Or, contrairement à ce que l’on observe dans la basse vallée du Rhône et dans les Alpilles, le dépôt des restes osseux dans un ossuaire est peu attesté à Nîmes (6 exemplaires seulement parmi les 31 contextes documentés). Le mode de dépôt habituel est la dispersion des fragments sur le fond ou sur les dispositifs d’étagement de la sépulture. Dans la tombe du Mas Vigier, les os ont été placés dans un ossuaire, dans l’amphore avec la lance, dispersés sur le fond de la fosse ou sur un élément en matériau périssable situé audessus des vases, et peut-être aussi versés dans une urne remplie de liquide. L’association des deux modes de dépôt (ossuaire et dispersion) a également été observée dans les tombes du Mas des Abeilles II (Bel et al. 2008 : 223). Les dépôts d’ossements animaux (V. F.) (4) Les surfaces des vestiges osseux et dentaires sont fortement corrodées par une dissolution sédimentaire périphérique car les matières osseuses et dentaires sont encore denses au cœur des parois les plus épaisses. La lecture des éventuelles marques de découpe est donc impossible. De plus, les altérations morphologiques des surfaces ont rendu plus délicates certaines identiications qui demeurent hypothétiques (signalées par un point d’interrogation). Les ossements sont issus de deux taxons, les ovins (Boessneck 1969) et les porcins. Les ovins Cette espèce est représentée par les divers organes de la ceinture pelvienne et du membre pelvien. Tous ces organes sont gauches, de taille adulte. Les trois composantes de l’os coxal (5) (ilium, ischium et pubis) (us 2522) sont soudées. La morphologie de la région pubienne se rapproche plutôt du modèle ovin femelle. Le fémur (6) ovin (?) (us 2495) a perdu ses deux extrémités articulaires qui ont été dissoutes par le sédiment. Néanmoins, un fragment subsistant de l’extrémité distale semble montrer que l’épiphysation n’était pas terminée. L’animal originel était donc un jeune adulte de moins de 3,5 ans (Curgy 1965). Le tibia est cassé en deux. La partie diaphysaire proximale était située au-dessus du vase n° 2 en surface au niveau des labours. La partie distale ovine (us 2524) de l’os, dont l’extrémité distale épiphysée recolle parfaitement avec l’autre fragment (7). Toutefois, l’aspect du trait de fracture évoque une fracture déjà ancienne. Le talus (8) ovin (?) et le calcanéus ovin, découverts ensemble au même endroit (us 2525), corres- pondent l’un à l’autre. De plus, le talus s’imbrique étroitement dans l’extrémité distale du tibia. De même, un os malléolaire (9) ovin (?) (us 2541) s’insère aussi dans le creux adéquat de l’extrémité distale du tibia. D’après la taille et les correspondances, tous ces ossements ovins peuvent provenir d’un même animal originel, une brebis dont la hauteur au garrot avoisinait 64 cm d’après le talus (Teichert 1975). Les mesures recueillies se placent dans les valeurs moyennes languedociennes des IIeIer siècles avant. J.-C. mais parmi les petites des siècles suivants (ig. 13). L’éventuelle pièce de viande n’avait pas été prélevée sur un animal remarquable par sa corpulence. Les porcins Une mandibule (us 2494) entière, posée sur sa face latérale, provient d’un juvénile de 6 à 9 mois (Silver 1969) d’après la molaire 1 quasi intacte et la molaire 2 non sortie. La forme de la canine indique que l’animal était un mâle. Les trois autres ossements fragmentaires appartiennent aussi à des animaux juvéniles de faible taille. Ils peuvent être rapportés à l’âge de la mandibule. Il s’agit d’une moitié crâniale d’un cunéiforme latéral gauche retrouvée dans le remplissage de l’épée, de la face médiale d’une extrémité proximale d’un métatarse 3 (?) gauche (us 2507), et de la moitié distale d’une phalange 1 médiale (dans le remplissage de l’épée). Il ne peut être exclu que l’os du tarse (le cunéiforme), le métatarse et éventuellement la phalange 1 appartiennent à un même pied gauche. Rien ne permet de douter du caractère domestique du ou des animaux originels. Les ossements peuvent avoir été jetés sur les céramiques après leur séparation les uns des autres, lors par exemple d’une consommation. Pourtant, dans le cas des os d’ovins, leur position de découverte peut s’expliquer aussi par le démantèlement du membre en connexion (ig. 14). Il n’est pas possible de savoir si les masses musculaires avaient été retirées au préalable. Si le membre avait été posé au-dessus de l’amphore à son contact direct ou non, son arête de courbure aurait pu diriger les migrations des divers organes après la lyse des liens conjonctifs dans un espace qui serait resté vide sufisamment longtemps. Dans ce cas de igure, nous insisterons plus particulièrement sur le tibia. Son basculement entre l’amphore n° 6 et le pot n° 2, en position parfaitement verticale, son extrémité distale vers le bas, fournit une indication sur la hauteur initiale de l’espace. Nous pouvons ajouter la hauteur de la portion ramassée en surface, soit 49 mm, et la restitution de la partie manquante puisque l’os était entier, soit 70 mm environ. La hauteur minimale de l’espace vide à partir du trait de cassure de la moitié distale du tibia était de quelque 120 mm. Les restes végétaux (A. B.) La sépulture a livré 5 grains d’orge carbonisés (hordeum) recueillis dans les 42 litres de sédiment tamisés. Ils proviennent 545 Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. Tibia : Bd (largeur maximale distale) tpq Castelnau-le-Lez/Mermoz II -500 2 sites -175 SP2483 -125 Clermont-l'H./Peyrepl. -50 Narbonne/Clos de La Lomb -30 3 sites 75 5 sites 0 3 sites 150 20 21 22 23 taq 20 21 22 23 24 -400 1 -50 1 -75 -25 15 200 200 260 Talus : GLl (longueur latérale maximale tpq Castelnau-le-Lez/Mermoz II -500 Carcassonne/La Cavayère -175 SP2483 -125 3 sites -30 6 sites 15 4 sites 0 3 sites 150 22 23 24 25 26 27 taq 23 24 25 26 27 28 -400 1 -50 1 -75 -1 2 200 1 200 260 1 24 25 26 27 28 29 30 31 25 26 27 28 29 30 31 32 NR 1 3 7 11 1 1 1 1 1 1 2 4 4 1 3 3 4 6 1 1 19 1 1 5 6 6 1 20 28 29 30 31 32 33 34 29 30 31 32 33 34 35 NR 1 1 4 6 1 1 1 1 1 5 4 4 4 2 2 17 3 1 4 1 2 1 5 7 2541 5 2524 2 10 2495 1 2495 3 2523 point topo 1275 ‡ 50cm (LABOURS ?) 6 4 Rotule : non retrouvée Fig. 13 : mesures osseuses du membre pelvien d’ovin en Narbonnaise languedocienne (d’après Forest à paraître); lecture : nombres d’os compris entre deux valeurs, la minimale incluse, la maximale exclue (V. Forest). de l’amphore (us 2526, 1 grain pour 5 litres de sédiment) et du comblement du fond de la fosse (us 2499, 4 grains pour 10 litres de sédiment). Ces grains sont très corrodés et il n’est pas possible de préciser s’il s’agit de l’orge nue ou vêtue, même si, au regard de la période, l’orge vêtue est plus vraisemblable. Le mobilier funéraire Les dépôts de mobilier céramique (S. B.) (ig. 15 et 16) 1. Vase balustre de petit module en céramique celtique (ou imitation régionale ?) de type celt 3a daté de 250 à 100 av. J.-C. (Py, in Py dir. 1993 : 165). Vase quasiment complet en 18 tessons tourné ou ini au tour lent et cuit en mode A. En réalité, le récipient est seulement fragmenté au niveau du bord où quelques petites lacunes sont observables. La pâte est de teinte brune orangée claire et elle contient un dégraissant de mica argenté et de petits grains épars de quartz ou de calcite. Absence ou disparition totale d’un éventuel décor peint. Comme sur le vase balustre n° 5, on note sur la paroi externe la présence d’une tâche irrégulière et de couleur brun rouge de 6 cm de haut sur 5,5 cm de large environ qui correspond peut-être à une altération chimique de la surface du récipient (oxydation liée à un contact prolongé avec l’épée repliée dans son fourreau ?). Localisation : us 2489. 2. Pot incomplet de grand module et de type indéterminé en céramique modelée cuite en mode A à dégraissant assez abondant de petits éclats de coquilles ou de fossiles. Cassures anciennes. Disparition, probablement causée par les labours, de la partie sommitale du récipient. Il a été encollé en cours de fouille au paraloïd et à la gaze, d’où l’impossibilité de procéder à un comptage précis du nombre de fragments. État de conser- 2485 2511 2525 2522 0 25cm Fig. 14 : proposition de dislocation spatiale du membre pelvien ovin (V. Forest). vation : 100 % du fond ; 50 % du vase. Localisation des tessons : majorité des fragments regroupée dans l’us 2493 ; 4 fragments trouvés au cours du diagnostic ; 4 fragments trouvés en surface (labours) ; 2 fragments, us 2490 trouvés en surface ; 3 fragments, us 2509. 3. Grande coupe à pied haut correspondant probablement à un brûle-parfum en céramique modelée cuite en mode A (Bel et al. 2008 : 81-82, 400). Vase vraisemblablement complet mais très fragmenté. Vu son extrême fragilité, le récipient a été encollé en cours de fouille au paraloïd et à la gaze, d’où l’impossibilité de procéder à un comptage précis du nombre de fragments. La pâte contient un dégraissant d’éclats de quartz ou de calcite associés à quelques graviers épars. La surface externe est d’aspect fruste, en dépit de la présence de traces fugaces de peinture blanche sur le pied. Localisation des tessons : majorité des fragments regroupée dans l’us 2506 ; 9 fragments (pied du récipient), us 2510. 4. Coupe à deux anses de type Lamboglia 49a en céramique campanienne A, datée de 225 à 50 av. J.-C. (Py, in Py dir. 1993 : 149). Vase quasiment complet en 30 fragments (1 fond, 11 bords, 4 anses et 14 panses). Vernis fragile et très écaillé. Bord et cassures anciennes émoussés. Localisation des tessons : 27 fragments (1 fond, 11 bords, 2 anses et 13 panses), us 2488 ; 2 fragments (2 anses), diagnostic ; 1 fragment (1 panse), us 2510 niveau de labour. 5. Vase balustre incomplet de type celt 3 en céramique celtique (Py, in Py dir. 1993 : 165-166). La partie supérieure du récipient a été écrêtée par les labours. Vase tourné cuit en mode A et dont la pâte, riche en mica argenté, est de teinte brune orangée. Cassures anciennes émoussées. Revêtement peint très usé de couleur blanche ne couvrant pas la partie inférieure du récipient. On relève sur la paroi externe la présence d’une 546 Sébastien BARBERAN et al. 2 6 Fig. 15 : dépôts céramiques de la tombe SP2483 (dessins S. Barberan) : céramique modelée (n° 2 à l’éch. 1/3) et amphore italique (n° 6 à l’éch. 1/5). Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. 547 5 7 9 1 0 3 10 cm 4 Fig. 16 : vase ossuaire et dépôts céramiques de la tombe SP2483 (dessins S. Barberan) : céramique à pâte claire calcaire (n° 7 à 9) ; céramique celtique (n° 1 et 5) ; céramique modelée (n° 3) ; campanienne A (n° 4). 548 Sébastien BARBERAN et al. tâche de forme ovale irrégulière et de couleur jaune de 8 cm de haut sur 7 cm de large environ qui correspond peut-être à une altération chimique de la peinture (oxydation liée à un contact prolongé avec l’épée repliée dans son fourreau ?). État de conservation : 100 % du fond ; 60 à 70 % du vase. Localisation : 89 fragments (4 fonds et 85 panses), us 2490 ; 1 fragment informe, us 2526 ; 1 fragment informe, us 2536. 6. Amphore italique de type Dressel 1B datée du Ier siècle av. J.-C. (Py, in Py dir. 1993 : 54). Le bord, à base concave et à face externe du bandeau concave, correspond à la variante Dressel 1BC-bd1 (Py et al. 2001 : 117-119). Conteneur probablement complet (90 fragments conservés) lors de son dépôt dans la tombe, mais une partie du col endommagé au cours du diagnostic est portée manquante, de sorte que la hauteur réelle de l’amphore ne peut pas être connue. Le fond a été retaillé anciennement pour former une base arrondie régulière. Un oriice mesurant environ 3 cm de diamètre (paroi externe) a également été pratiqué dans la panse à environ 30 cm de la base actuelle de l’amphore et à l’aide d’un outil pointu de type pic ou pioche. L’impact a provoqué l’arrachage d’un éclat de proil convexe de la paroi interne, comparable à un « bulbe de percussion » en industrie lithique (ig. 17), et retrouvé dans le comblement de l’amphore. La forme, la profondeur de l’oriice et l’orientation du coup porté sur la panse de l’amphore (perpendiculaire à la paroi) peuvent être plus aisément mis en relation avec une étape du cérémonial funéraire qu’avec le passage à une date plus récente du soc d’une charrue par exemple. Celui-ci, en revanche, pourrait être à l’origine de la large lacune qui jouxte le point d’impact. Un autre point d’impact peu profond et ne traversant pas la panse est localisé à 5 cm sous l’épaulement. Il mesure 0,7 cm de diamètre en surface. Pour ce dernier, un lien avec le rituel funéraire ne peut pas être clairement établi, cette petite cavité pouvant ainsi avoir été réalisée involontairement lors du transport de l’amphore. Plus généralement, les cassures de ce conteneur italique sont aussi bien anciennes que récentes. La pâte, dite Eumachi, est de teinte rosé au cœur et elle contient un abondant dégraissant de particules volcaniques. La surface externe est recouverte d’un revêtement de couleur jaune crème mal conservé. On relève également une ancienne ébréchure, large et profonde d’environ 1 cm sur un fragment de bord. Localisation des tessons : 19 fragments (1 fond et 18 panses), us 2487 ; 4 fragments (4 panses), us 2526 ; 30 fragments (1 bord et 29 panses), trouvés en surface au décapage ; 37 fragments (2 bords, 2 anses et 33 panses), trouvés au cours du diagnostic. 7. Cruche probablement complète de type cl-rec 3b en céramique à pâte claire calcaire datée de 125 à 1 av. J.-C. (Py, in Py dir. 1993 : 226), voire de 150 à 1 av. J.-C. (Py et al. 2001 : 810) ; ce modèle apparaissant cependant en majorité dans des contextes datés du Ier siècle av. J.-C. (Py et al. 2001 : 810). Hauteur du récipient restituée. Très fragmenté, il a été encollé en cours de fouille au paraloïd et à la gaze, d’où l’impossibilité de procéder à un comptage précis du nombre de fragments. Localisation : us 2491. 8. Probable cruche en céramique à pâte claire calcaire dont il ne subsiste qu’une petite partie de la panse très friable, raison pour laquelle ce fragment de paroi a été encollé au paraloïd sur le terrain (non ill.). Localisation : us 2492. 9. Cruche à embouchure large de type cl-rec 3a ou 3b en céramique à pâte claire calcaire datée de 125 à 1 av. J.-C. (Py, in Py dir. 1993 : 226), voire de 150 à 1 av. J.-C. (Py et al. 2001 : 810). Récipient incomplet en 20 fragments (1 bord, 1 fond, 1 anse et 17 panses). Cassures anciennes et récentes. La présence d’au moins une autre cruche du type cl-rec 3b (vase n° 7) nous incite à attribuer ces tessons à un dépôt céramique détruit anciennement et/ou fortement endommagé au moment de l’évaluation archéologique, tous les fragments collectés l’ayant été au cours du diagnostic. État de conservation : 20 % du bord ; moins de 10 % du fond ; moins de 20 % du vase. 20 autres fragments de céramique à pâte claire calcaire n’ont pas pu être associés à un dépôt précis. Localisation : 6 fragments, nettoyage de surface ; 1 fragment, us 2488 ; 1 fragment, us 2506 ; 12 fragments, us 2526. Le mobilier considéré comme résiduel ou intrusif : Fragments (3) de céramique modelée. Localisation : 2 fragments, nettoyage de surface ; 1 fragment, us 2526. Fragment de céramique moderne. Localisation : us 2490. Fragments (3) d’amphore massaliète. Localisation : 1 fragment, us 2508 ; 2 fragments, nettoyage de surface. Le mobilier en métal et en os (N. C.) (10) 10. Une épée en fer complète dans son fourreau (ig. 18). Fig. 17 : détail du point d’impact avec, au second plan, l’éclat de la paroi interne retrouvé dans l’amphore (cliché N. Chardenon). Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. Fig. 18 : le mobilier métallique de la tombe SP2483 (cliché et DAO N. Chardenon). 549 550 Sébastien BARBERAN et al. Cette épée soigneusement repliée en quatre nous est parvenue quasiment intacte. Seuls quelques éléments de frettes de renfort du fourreau et quelques éclats se sont désolidarisés de l’arme lors de son prélèvement. L’épée en fer est composée d’une lame à bords parallèles de 50 mm de large. Il n’est pas possible de préciser la forme de la lame avec ou sans nervure centrale, de même que celle de la pointe (efilée, arrondie ou camarde). Ces caractéristiques typologiques seront à préciser après radiographie. La croisière, le départ de la lame présentent un épaulement incliné au contact de la soie. La soie de 120 mm de long présente une section quadrangulaire aplatie avec un bouton circulaire aplati à l’extrémité. Le fourreau à entrée campaniforme est intact. Il présente des bords parallèles de 55 mm de large environ. La bouterolle vraisemblablement assez longue, soit 80 mm (à conirmer après radiographie), possède des tenons symétriques arrondis. Le fourreau est muni d’un pontet à ailettes symétriques dont la forme exacte ne pourra être précisée qu’après des dégagements ponctuels de l’arme. Le fourreau est composé de deux minces lames en tôle de fer faiblement cintrées. Les bords de la tôle la plus large sont repliés en gouttière et rabattus sur l’autre lame. À l’extrémité de la gaine c’est la bouterolle elle même qui va maintenir les deux valves du fourreau et ajuster l’ensemble. Localisation : us 2496. 11. Une pointe de lance en fer complète (ig. 18). Cette arme offensive est composée d’une douille conique, d’une lame et d’une pointe. La lame est marquée par une forte nervure centrale visible sur les deux faces. Cette nervure médiane prononcée présente une section losangique aplatie. La lamme n’a subi aucune déformation. La base des ailettes est arrondie à l’amorce de la lamme au contact de la douille. Sur la douille conique deux perforations de ixation sont visibles. Cette lance appartient au groupe à lamme large dit « en feuille de saule ». La forme de la lamme est dans ce cas assez strictement losangique et la largeur maximale se situe proche du centre de la lamme et non à sa base. Ce type appartient à la variante f des lances à lamme large et douille longue. Il semble constituer une transition typologique entre la lamme dite « en feuille de laurier » (largeur maximale à la base) et la lamme dite « en feuille de saule » (largeur maximale au centre). On retrouve ce type de lance dans des contextes nîmois (tombe 10 du Jeu de Mail ; tombe 1 de Pissevin, lances n° 1 et 2 du Musée archéologique de Nîmes) ainsi qu’à Saint-Dionisy et dans l’aven Bernard à Vallauris. Cette variante regroupe des armes de modules différents puisque la longueur de ces armes oscille entre 325 et 710 mm (340 mm pour la lance du Mas Vigier) pour 60 à 110 mm de longueur de douille (80 mm pour la lance du Mas Vigier). Dimensions : longueur totale de la lamme sans la douille, 260 mm ; longueur totale de l’arme, 340 mm ; longueur de la douille, 80 mm ; largeur maximale de la lame, 50 mm à 180 mm de haut. Localisation : us 2532. 12. Bandelettes en fer spiralées (ig. 18). Ces bandelettes en tôle de fer de section quadrangulaire aplatie sont fragmentaires. Plusieurs collages ont pu être effectués. Il est fort probable qu’il s’agisse d’éléments de décors placés sur la hampe en matériau périssable de la lance d’autant que des rivets sont parfois conservés sur des bandelettes mais aussi car le diamètre de la spirale diminue régulièrement. Dimensions : longueur totale approximative conservée pour ces bandelettes, 80 mm ; diamètre maximal conservé, 35 mm ; diamètre mini. conservé, 15 mm. Localisation : us 2533. 13. Couvercle de pyxide en bois de cerf (ig. 19) Cet objet de 37 mm de diamètre présente plusieurs parties travaillées. La face supérieure du couvercle présente un proil convexe tandis que la face interne est plane. Un ressaut de 1 à 2 mm est aménagé sur le pourtour de la face interne, ceci ain de permettre un emboitement au coffret. La perforation centrale traversante était vraisemblablement destinée à la ixation d’un dispositif de préhension aujourd’hui disparu. Ce couvercle de coffret ne comporte aucune trace de crémation. Selon l’identiication réalisée par Vianney Forest, cet objet en matière osseuse trouvé sur le fond interne du vase balustre n° 1 (ossuaire) paraît provenir de la rose d’un bois de cerf, Cervus elaphus. La face convexe lisse pourrait correspondre à la zone de jonction du bois avec le pédicule, sans qu’il soit possible de conclure sur la nature du bois, de chute ou de massacre. La face opposée percée de multiples petits foramens, serait le départ du merrain. Fig. 19 : couvercle de pyxide en os n°13 (cliché et DAO N. Chardenon). Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. 551 Ce type d’objet n’a pas d’équivalent dans les tombes républicaines du Midi gaulois, seul un élément tout à fait comparable est en revanche attesté dans la riche tombe de chef de Pech Maho (Solier 1968). vé pendant quelques décennies par son propriétaire, milite donc pour un enfouissement de la sépulture SP2483 du Mas Vigier situé de préférence à la charnière du IIe et du Ier siècle av. J.-C. Les éléments de datation (S. B. et N. C.) et La présence dans cette sépulture d’une amphore Dressel 1B et d’au moins une cruche en céramique à pâte claire calcaire de type cl-rec 3b permettrait en premier lieu de proposer un terminus post quem pour l’enfouissement des dépôts ixé de préférence vers 100 av. J.-C. (Feugère et al. 1995 : 183 ; Py 1990a : 585 ; Py et al. 2001 : 113). D’un autre côté, l’existence dans la tombe SP2483 de deux vases balustres en céramique celtique permettrait de privilégier une limite chronologique basse vers 75 av. J.-C. En effet, si ce type de dépôt est relativement fréquent dans les ensembles funéraires régionaux du début du Ier siècle av. J.-C. (Bel et al. 2008 : 394-395), il se raréie sensiblement par la suite puisqu’il ne concerne plus qu’une seule sépulture iable datée du second quart du Ier siècle, en l’occurrence la tombe du Marché aux bestiaux à Nîmes (Py 1981 : 173-177 ; Py et al. 2001 : 418, 574 ; Bel et al. 2008 : 378). Dans le même esprit, l’habitat de Lattes montre un brusque effondrement des importations celtiques vers ou peu après 75 av. J.-C. (Py 1990b : 341). Nous privilégierions donc, à partir des dépôts céramiques, une datation centrée sur le premier quart du Ier siècle av. J.-C. pour l’enfouissement de la tombe du Mas Vigier. Néanmoins, la typologie de l’épée du Mas Vigier plaiderait en faveur d’une datation légèrement plus ancienne (Bel et al. 2008 : 405-432). Le fourreau de cette arme appartient en effet au groupe des fourreaux à entrée campaniforme dont on a pu dénombrer treize exemplaires avérés en contexte funéraire appartenant pour l’essentiel au IIe siècle av. J.-C. Ce type d’entrée connu durant le second âge du Fer reste en usage jusqu’à la in du IIe siècle av. J.-C. L’épée du Mas Vigier appartient au type avec bouterolle à bords parallèles et tenons symétriques arrondis. En contexte régional, sept armes entrent dans cette catégorie, elles possèdent pour la plupart comme au Mas Vigier des pontets à ailettes symétriques. Les exemplaires de Nîmes SP6022 du Forum Kinépolis et SP290 du Mas des Abeilles II (respectivement attribués à des ensembles datés de 125-75 av. J.-C. et 100-75 av. J.-C.) présentent des similitudes avec l’exemplaire du Mas Vigier. La série des épées à entrée campaniforme et bouterolle à bords parallèles succède aux exemplaires avec bouterolles à bords convergents, leur usage semble se prolonger et se généraliser jusqu’au début du Ier siècle av. J.-C. La pointe de lance n° 12 n’apporte pas de précision typo-chronologique ine. Elle appartient à la variante f des lances à lamme large et douille longue qui semble indifféremment utilisée durant les IIe-Ier siècles av. J.-C. et succèderait aux lances à base élargie plus caractéristiques de la Tène II (Bel et al. 2008 : 432-443). Le croisement des informations chronologiques fournies par les dépôts céramiques et l’armement, vraisemblablement conser- La sépulture du Mas Vigier constitue un exemple particulièrement représentatif du lien étroit qui existe entre les armes et le service du banquet, notamment celui du vin, dans les pratiques funéraires de la région nîmoise à la in de l’âge du Fer. Ce lien s’exprime au travers du choix d’objets spéciiques, de leur utilisation dans le cadre de la cérémonie et de leur place dans la sépulture. 2. la place du vin dans les pratiQues funéraires (s. b., v. b. n. c.) Le choix de l’ossuaire Le choix d’un vase balustre comme ossuaire n’a pas de parallèle dans la série nîmoise (Bel et al. 2008 : 221, ig. 214). Il est en revanche attesté dans les tombes des Alpilles comme à Mouriès (Marcadal, Paillet 2003 : 301), Saint-Rémy-deProvence (Arcelin 1975 : 71) et au Paradou (Arcelin 1979 : 146). Il témoigne du lien étroit qui existe entre les restes du défunt et la vaisselle à boire pouvant être en lien avec la pratique du symposion. Il se traduit dans les secteurs rhodaniens et provençaux par l’utilisation de vases à boire ou à mélanger le vin comme vase ossuaire. Le choix du vase balustre est aussi attesté dès le IIIe siècle av. J.-C. dans la nécropole d’Olonzac en Languedoc occidental (Janin et al. 2000). Par ailleurs, le dépôt de récipients de ce type en offrandes demeure très limité dans les sépultures de la région nîmoise. Il se concentre, à une exception près, dans des ensembles datés du IIe siècle et du premier quart du Ier siècle av. J.-C. L’association de deux vases balustres dans une même tombe ne trouve pas d’autres points de comparaison jusqu’à présent à Nîmes, dans la basse vallée du Rhône ou dans les Alpilles. Le lien entre les restes du défunt et le vin est également marqué, dans la tombe de Mas Vigier, par le dépôt de quelques os dans l’amphore avec la lance. L’utilisation de l’amphore comme ossuaire est attestée dans une tombe du Languedoc oriental (Bel et al. 2008 : 221 ; tombe de Saint-Siffret, Grand Camp : Provost et al. 1999 : 656). Dans les contextes nîmois, les pots de grands modules en céramique modelée ont été privilégiés comme ossuaires. Il est possible qu’ils correspondent à des vases à mélanger le vin. Le choix de ces récipients, comme celui des vases à anses soudées dans la basse vallée du Rhône et les Alpilles, renvoie à l’utilisation du cratère comme urne cinéraire dans le monde hellénistique (Genty, Feugère 1995 : 179-180 ; Bats 2002 : 291). Dans la tombe SP2483, des os brûlés avaient été répandus dans/ou au-dessus du pot de grand module n° 2. Un geste similaire avait déjà été noté dans la tombe SP3322 du Mas de Vignoles (Bel et al. 2008 : 183-184). 552 Sébastien BARBERAN et al. L’évocation du banquet et du vin Outre la préparation et le soin du corps (toilette), le transport du défunt et son exposition, le déroulement des funérailles passe vraisemblablement par les étapes du sacriice et des ablutions suivies du repas. Les mobiliers (vases du service de la boisson) et les restes fauniques témoignent de l’importance et de l’omniprésence de cette dernière étape dans les pratiques funéraires. Au même titre que le dépôt de panoplies guerrières, le dépôt de vases ou d’instruments liés au banquet est un héritage de pratiques ancestrales que l’on retrouve durant toute la Protohistoire régionale (Bouloumié 1988 ; Dietler 1990). L’étude du corpus des tombes du Midi gaulois montre que le banquet est omniprésent, qu’il soit représenté dans la tombe par des objets fastueux spéciiques ou par des assemblages plus modestes. Plus qu’un viatique au mort, ces dépôts témoignent de l’accomplissement en bon ordre des rites et du respect d’un partage ordonné entre dieux, mortels et défunts (Scheid 2005 ; Bats 2002 : 222-226). La tombe du Mas Vigier ne fait pas exception mais dans ce cas, seuls le service de la boisson et le brûle-parfum sont représentés. Le service des solides ainsi que l’instrumentum métallique sont absents et seule la présence d’ossements d’animaux fait directement référence au repas. Ces derniers (un membre postérieur gauche d’ovin, une mandibule de porcin et des os d’un éventuel pied de porcin), semblent avoir été dispersés dans la fosse après consommation, ou, dans le cas des restes ovins, déposés sous forme de pièce de viande (cf. supra). À côté de l’amphore, la vaisselle de la boisson se compose de deux vases balustres (l’un d’entre eux étant utilisé comme ossuaire), d’une coupe à deux anses et de trois cruches. Le vase à mélanger, absent du service, pourrait être représenté par le grand pot en céramique modelée. L’exemplaire de brûle-parfum de la tombe du Mas Vigier, étroitement associé à la vaisselle du banquet, trouve un seul parallèle dans SP204 du Mas des Abeilles II à Nîmes, datée de la première moitié du Ier siècle av. J.-C. (Bel et al. 2008 : 80-81) (11). Dans les deux cas, le brûle-parfum a été déposé en position non fonctionnelle, le pied dirigé vers le haut (Bel et al. 2008 : 77-84). Une telle disposition n’est vraisemblablement pas le fruit du hasard, d’autant qu’il s’agit des seuls récipients volontairement renversés dans ces deux sépultures. Leur position originale signale donc peut-être, une fois l’encens diffusé, une étape particulière dans le rituel funéraire qui nous échappe. Elle pourrait peut-être signiier la clôture du cérémonial funèbre et/ou correspondre à un rite d’inversion. Le vase à boire est représenté dans la tombe SP2483 par une coupe à deux anses Lamboglia 49a en céramique campanienne A. À Nîmes, l’utilisation au cours des funérailles et le dépôt dans la sépulture d’au moins un récipient ansé dévolu à l’absorption de la boisson est une tradition bien ancrée au IIe siècle comme au Ier siècle av. J.-C. Cette fonction est illustrée par différents types de vases à deux anses (vernis noir, vernis rouge) en relation avec l’évolution des productions céramiques (ig. 20). Ainsi, la coupe à deux anses Lamboglia 49a est également attestée dans la tombe SP204 du Mas des Abeilles II (Bel et al. 2008 : 81-84). Ce modèle a été précédé dans le courant du IIe siècle par le dépôt d’autres bols ou coupes à anses, tels que la kylix Bats 42Bc dans la tombe du chemin de la Ranquette (Py 1981 : 161-167 ; Bel et al. 2008 : 374-375) ou le bol à anses Morel 68 dans la tombe SP6024 du Forum Kinépolis (Bel et al. 2008 : 127-132) par exemple. Au cours du Ier siècle av. J.-C., une forme de céramique campanienne B, le bol à anses en boucle du type Pasquinucci 127, semble occuper aux yeux du défunt et de ses proches une place plus importante que d’autres vases affectés à la consommation du vin. Ce type de dépôt sera effectif jusqu’au début de la période augustéenne au moins avec, par exemple, une coupe à deux anses en céramique ine tournée cuite en mode A dans la tombe SP374 du Mas des Abeilles II, datée des années 20-10 av. J.-C. (Bel et al. 2008 : 99-104). Les bols ou coupes à deux anses pourraient être les vases les plus en mesure de s’apparenter à ce que l’on réserve au mort. Contrairement à d’autres types de récipients (cruches, assiettes…), ils sont exceptionnellement présents en plus d’un exemplaire dans les sépultures de Nîmes. Les pratiques funéraires diffèrent d’une aire régionale à l’autre puisque ce genre de dépôt se concentre essentiellement autour de Nîmes où il connaît une longévité certaine (25 tombes contiennent au moins un récipient de ce type). En revanche, il est beaucoup moins fréquent dans la basse vallée du Rhône (9 tombes) et il est jusqu’à présent totalement absent dans les sépultures des Alpilles. Plus largement, le dépôt de vases à boire tend à se raréier d’ouest en est, si nous prenons également en compte les gobelets à parois ines ou tout autre ustensile destiné en priorité à la consommation individuelle de la boisson (ig. 21). Les cruches en céramique à pâte claire calcaire, qui ont pu tout aussi bien servir pour le conditionnement et/ou le service des liquides (vin ou autres boissons) que pour les ablutions, procurent trois dépôts céramiques iables dans la tombe du Mas Vigier. Au même titre que les vases à boire évoqués précédemment, Nîmes se distingue des deux autres groupes régionaux, la basse vallée du Rhône et les Alpilles, par une proportion nettement plus élevée de cruches et d’olpés (ig. 22). Dans certains ensembles funéraires du Ier siècle av. J.-C. de la région nîmoise, le nombre élevé de cruches, souvent de bonne contenance, pourrait se substituer au dépôt d’amphore. C’est probablement le cas dans la tombe 1 du quartier de Camplanier (Py 1981 : 129-138 ; Bel et al. 2008 : 377-378) et dans la tombe SP347 du Mas des Abeilles II (Bel et al. 2008 : 84-97). Parfois, l’absence des amphores et des cruches pourrait s’expliquer par le dépôt hypothétique d’un conteneur en matériau périssable de type outre ou tonnelet, comme semble le révéler un espace vide dans la tombe SP3381 du Forum des Carmes à Nîmes (Bel et al. 2008 : 19-36). L’absence déjà soulignée des récipients destinés au service et à la consommation des aliments solides ou pâteux est remar- Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. 1 553 2 4 3 5 6 7 0 8 10 cm Fig. 20 : exemples de vases à boire à deux anses dans les tombes de Nîmes (découvertes récentes, dessins S. Barberan). Bols à anses en boucle Pasquinucci 127 en campanienne B : n° 1 – tombe SP3322 du Mas de Vignoles (vers 100-75 av. J.-C.) ; n° 2 et 3 – tombe SP347 du Mas des Abeilles II (vers 60-40 av. J.-C.) ; n° 4 – tombe SP6043 du Forum Kinépolis (vers 60-40 av. J.-C.) ; n° 5 – tombe SP6039 du Forum Kinépolis (vers 40-20 av. J.-C.). Autres vases à boire à deux anses : n° 6 – Morel 68 en campanienne A dans la tombe SP6024 du Forum Kinépolis (vers 175-125 av. J.-C.) ; n° 7 – Lamboglia 49a en campanienne A dans la tombe SP204 du Mas des Abeilles II (vers 7550 av. J.-C.) ; n° 8 – production indéterminée à vernis orangé dans la tombe SP374 du Mas des Abeilles II (vers 20-10 av. J.-C.). 100 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 Nîmes Rhône Vases à boire Autres vases Alpilles Fig. 21 : répartition des vases à boire en pourcentages (vases ossuaires exclus). Nîmes Cruches Rhône Autres vases Alpilles Fig. 22 : répartition des cruches et des olpés en pourcentages (vases ossuaires exclus). 554 Sébastien BARBERAN et al. quable dans la tombe du Mas Vigier. L’hypothèse d’un dépôt de vaisselle en bois paraît peu vraisemblable, dans la mesure où le service des solides en céramique est attesté dans la plupart des sépultures de la même période. Sans être aussi marqué, un tel déséquilibre entre les vases à liquides et les vases à solides trouve au moins deux autres points de comparaisons à Nîmes. Les vases ossuaires étant exclus, il s’agit de la tombe du chemin de la Ranquette (175-125 av. J.-C.), avec deux vases à solides pour sept vases à liquides (Py 1981 : 161-167 ; Bel et al. 2008 : 374-375), et de la tombe du Marché aux bestiaux (75-50 av. J.-C.), avec un seul vase à solides pour neuf vases à liquides (Py 1981 : 173-177 ; Bel et al. 2008 : 378). L’agglomération nîmoise se démarque en fait des ensembles funéraires de la basse vallée du Rhône et des Alpilles par un rapport vases à liquides/vases à solides en faveur des premiers (ig. 23). Un tel déséquilibre affecte aussi bien les sépultures pauvres en offrandes que les plus riches. Cette spéciicité « culturelle » suppose que la ou les boissons occupaient une plus grande place dans le rituel funéraire à Nîmes que dans les deux autres aires régionales citées. Autre spéciicité culturelle, les tombes de la région nîmoise, dont celle du Mas Vigier, sont caractérisées par l’absence quasi systématique de vases ou d’instruments métalliques du repas, du foyer et de la boisson, alors que les sépultures de la basse vallée du Rhône et des Alpilles en livrent de nombreux exemplaires (Bel et al. 2008 : 279-281). Sur l’ensemble du corpus des tombes du Midi de la Gaule (plus de 200 tombes), 36 tombes contiennent des objets métalliques qui sont liés à trois fonctions bien distinctes : la boisson, le repas, la toilette et/ ou les ablutions (ig. 24 et 25). Excepté la sépulture SP1004 70 60 50 40 30 20 10 0 Nîmes Rhône Nourriture Boisson Alpilles Indéterminé Fig. 23 : répartition fonctionnelle des offrandes en pourcentages (vases ossuaires exclus). d’Ensérune (Hérault) (Schwaller et al. 2001 : 137 ; Bel et al. à paraître), la vaisselle et les ustensiles métalliques en relation avec le symposion ne font pas leur apparition dans les dépôts funéraires avant 125-100 av. J.-C., voire même après la guerre des Gaules dans la plupart des autres régions. Nîmes s’inscrit de ce point de vue dans des pratiques particulières avec une imperméabilité face au nouvel instrumentum. Peut-être parce qu’il ne s’accordait pas avec la façon dont on consommait le vin dans le cadre du repas funéraire traditionnel qui constituait l’essence du rituel. Ces iltres culturels sont inhérents à la sphère funéraire qui s’attache à des usages et des croyances. Ils ont par conséquent considérablement ralenti l’assimilation de certains apports dans une région où l’on perçoit pourtant parfois précocement des signes de la romanisation (Feugère et al. 1998). Dans la tombe du Mas Vigier, les vases en terre cuite du service du banquet sont disposés autour de l’amphore n° 6 qui est au centre du dépôt. Objet sacralisé, elle serait le symbole du symposion. Dans les contextes funéraires de la région nîmoise des IIe-Ier siècles av. J.-C. en effet, c’est l’amphore qui fait le plus directement référence à la consommation du vin. Durant presque tout le IIe siècle av. J.-C., à l’exception de ce conteneur, aucun ustensile ou récipient (sauf éventuellement les grands pots en céramique modelée) ne se substitue au cratère, jusqu’alors élément symbolique majeur pour l’évocation du banquet dans les contextes du Second âge du Fer. L’amphore, qui occupe une place toute particulière dans la tombe du Mas Vigier, est représentée dans les mêmes proportions que les armes dans le corpus méridional et son dépôt évolue de la même façon. On la retrouve dans environ 44 % des tombes datées d’avant -75 et dans 19 à 15 % des tombes postérieures à -75. Ce type de récipient tend à disparaître des dépôts funéraires dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. Dans la tombe du Mas Vigier, un coup manifestement volontaire a été porté sur la panse de l’amphore avant ou au moment où le conteneur était déposé dans la tombe (cf. ig. 17). Il est possible que l’amphore entière ait été couchée sur le fond dans un geste de libation, le vin se répandant dans la sépulture. On peut aussi penser que le vin a été bu par les convives, l’amphore étant alors déposée vide dans la tombe pour témoigner du partage et de la consommation du vin au cours du banquet et sceller une étape des funérailles. Dans la première hypothèse qui privilégie l’acte libatoire, la perforation a pu être pratiquée au moment du dépôt, ain que le vin s’écoule dans la tombe ou une fois le vin répandu. Dans la seconde hypothèse, la perforation de la panse de l’amphore peut avoir eu lieu après la consommation du vin, avant d’être déposée dans la tombe, ou après sa mise en place sur le fond de la sépulture. Ce geste sacriiciel trouve des comparaisons avec l’amphore vinaire mise en place sur la couverture de la tombe SP3322 du Mas de Vignoles à Nîmes. Cette dernière présentait elle aussi des points d’impacts anciens réalisés à l’aide d’un outil pointu, dans le but vraisemblablement de briser le conteneur au cours de la céré- Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. Ensérune, SP1004 * Lattes, la Céreirède SP4002 * Nîmes, Mas de Vignoles, SP 3322 * Nîmes, Mas des Abeilles, SP290 * ( Nîmes, Route d'Alès) Nîmes, La Cigale *1 * * *? Armes *1 * * *? *3 *1 Beaucaire, le Sizen, tombe de 1890 * *1 Beaucaire , les Marronniers, tombe 13 Beaucaire, les Marronniers, tombe 12 * Saint-Laurent des-Arbres Beaucaire, les Marronniers, tombe 19 * Rochefort du Gard, La Javone *1 *1 *1 *1 * 125-75 *3 100-75 *4 100-75 (*) *2 *2 *? vers 50 30-1 (*1) *? *2 *2 100-75 100-75 *1 *1 *1 *1 *1 *2 *1 *(2) *(2) *1 *1 * 100-50 *2 *1 *1 *4 * *2 *1 *4 * * (2) *2 *1 *1 * * 1 1 * en fer *1 Beaucaire, le Sizen, tombe 2 * Datation 225-175 *(4) * *1 *1 Candélabres Lanternes Autres Couteaux REPAS Chaudrons Crémaillère Fourchettes Chenets Broches Strigiles Vases à parfum Cruches Poelons Situles * * * Beaucaire, les Marronniers, tombe 18 Boissières Beaucaire, les Marronniers, tombe 5 Beaucaire, les Marronniers, tombe 4 Montfaucon, Saint-Maur TOILETTE *1 ? Beaucaire, Mas de Jallon Beaucaire, les Marronniers, tombe 17 Beaucaire, les Marronniers, tombe 2 Passoires Simpula Site Amphores SYMPOSIUM 100-30 100-30 75-50 75-50 vers 50 50-1 * * * * *1 30-1 30-1 * * 30-1 * * 15-10 25-1 Ier s. ap. J.C. *1 Total : 21 sépultures. Fig. 24 : répartition fonctionnelle des objets du symposion dans les tombes de Nîmes et de la vallée du Rhône. Mouriès, Servanes 4 Saint-Rémy-de-Provence, tombe 7 Saint-Rémy-de-Provence, tombe 3 (Saint-Rémy-de-Provence, tombe 5) (Saint-Rémy-de-Provence, tombe 10) Saint-Rémy-de-Provence, tombe 6 Saint-Rémy-de-Provence, tombe 1 Mouriès, Servanes 2, tombe 2 Mouriès, Servanes 3, tombe 3-4 Mouriès, Servanes 3, tombe 8 (Paradou, L'Arcoule, tombe 8) Les Baux-de-Provence, la Catalane, tombe (Saint-Rémy-de-Provence, tombe 13) Paradou, L'Arcoule, tombe 1 Eyguière, Saint-Pierre-de-Vence, 1999 Total : 15 sépultures. *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *3 (*) *1 * *1 * *1 Armes Candélabres Lanternes Chaudrons REPAS Crémaillères Fourchettes Chenets Broches Couteaux Situles * *1 * * *1 * *1 * *1 * *1 TOILETTE Cruches Poelons Strigiles Bassins Vases à parfum Site Amphores Simpula Passoires SYMPOSIUM * ou *1 *1 *1 *3 *2 *? *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *ou *1 * *1 *1 *1 Datation 100-75 100-50 100-50 100-50 100-50 100-50 100-50 100-1 75-40 75-40 75-40 70-30 75-25 50-25 vers 50 Fig. 25 : répartition fonctionnelle des objets du symposion dans les tombes des Alpilles. 555 556 Sébastien BARBERAN et al. monie funèbre ou peu de temps après, lors de la condamnation de la sépulture et/ou dans le cadre du culte funéraire (Bel et al. 2008 : 193-194, 276). D’autres cas de igure ont été observés dans les sépultures du sud-est de la Gaule, conirmant que l’offrande de conteneurs entiers, disposés en position verticale ou horizontale, était loin d’être une généralité dans le Midi de la Gaule. Au IIe siècle, les amphores semblent avoir été déposées entières. En revanche, on observe la diversité des modes de dépôt à la in du IIe siècle et au début du Ier siècle av. J.-C. avec, par exemple, un conteneur intact dans la tombe de la Céreirède à Lattes (Bel, Conche 2003 : 225), des amphores « décapitées » dans la tombe 17 de la nécropole des Marronniers (Dedet et al. 1978 : 97-99) et dans la sépulture du Mas de Jallon à Beaucaire (Garmy et al. 1981) ou encore des offrandes de type pars pro toto, comme cela a pu être observé dans les tombes SP6022 du Forum Kinépolis et SP290 du Mas des Abeilles II à Nîmes avec le dépôt de certaines parties seulement des cols d’amphores (bord ou anse) (Bel et al. 2008 : 133-141, 62-77). Le dépôt d’une amphore couchée dans la tombe est celui qui évoquerait le mieux le geste de libation. Il a été observé dans les tombes de la rue Alphonse de Seyne et de l’Octroi de Beaucaire à Nîmes, mais également dans la tombe 27 de La Catalane aux Baux-de-Provence. Un parallèle peut aussi être fait avec les cruches posées intentionnellement sur le lanc au moment de l’enfouissement dans la tombe SP347 du Mas des Abeilles (Bel et al. 2008 : 90, 296). En revanche, dans d’autres cas, tombes du Mas de Jallon et tombe 17 de la nécropole des Marronniers à Beaucaire, tombe SP4002 de la Céreirède à Lattes et tombe de Servanes 4 à Mouriès, les amphores ont été déposées en position verticale (ig. 26). Comme l’amphore, les armes ont fait l’objet ici d’un traitement de type sacriiciel particulier avant d’être déposées dans la sépulture : épée repliée en quatre et lance brisée. Les déformations et mutilations des armes, notamment des épées, déjà observées par ailleurs dans d’autres sépultures d’époque républicaine du Midi participent ponctuellement au déroulement du rituel funéraire. Le sacriice des objets nécessite en particulier pour ce qui concerne les épées une mise en œuvre particulière. La complexité de pliage de l’épée du Mas Vigier laisse envisager à elle seule une déformation à chaud de l’arme mais seules des analyses ciblées permettraient de conirmer cette hypothèse. En effet, si certaines épées ont été pliées à froid comme c’est le cas sur des armes du sanctuaire de Gournaysur-Aronde (Uran 1986 : 308), l’analyse de la microstructure de la lame de l’épée de la tombe SP290 du Mas des Abeilles II à Nîmes a permis au contraire de penser que le pliage a été effectué à chaud. Plusieurs étapes ont été mises en évidence (décarburation, écrouissage et recuit de cristallisation) avec absence de macles de déformation dans la structure ferritique (Bel et al. 2008 : 251-252). Ces pratiques funéraires sont attestées dès la Protohistoire en contexte régional. Ce type de manipulation ne relève probablement pas de motivations purement matérielles (réduire la taille de l’objet ou empêcher sa réutilisation) mais traduit plutôt des croyances spéciiques. Quelques interprétations peuvent être retenues : « rite fondateur » (Rapin 1993 : 291-298), processus de libération du double de l’objet (Lejars 1994 : 116), symbolique d’inversion destinée à marquer la séparation entre la vie et la mort, et à signiier le partage qui s’opère entre les vivants, le défunt et les dieux (Scheid 1984 : 137). Au moins six sépultures du Midi, vraisemblablement antérieures au dernier quart du IIe siècle av. J.-C., contiennent une amphore entière et toutes appartiennent à la catégorie des tombes à armes. Par ailleurs, un tiers des 53 tombes à armes d’époque républicaine du Midi gaulois possèdent une amphore complète ou à l’état de fragments. L’ensemble du Mas Vigier, légèrement plus récent, conirme la corrélation amphore/armement, d’autant qu’une partie des armes (la lance n° 11 et son décor de spirale n° 12) a été placée dans l’amphore (cf. ig. 9) ou à son contact pour ce qui concerne l’épée. Si la taille de la fosse (partie sud non observée) était adaptée à la longueur de l’amphore, l’introduction dans le conteneur de la lance brisée, brûlée ou non (12), a nécessairement été réalisée avant le dépôt dans la tombe, que l’amphore ait été pleine ou vide. Dans tous les cas, cette association arme/amphore ne fait qu’accentuer et conirmer le lien fondamental entretenu entre la caste guerrière et le vin. L’exemple n’est pas isolé au niveau régional puisque, dans la tombe de Saint-Siffret près d’Uzès, les ossements humains incinérés, accompagnés d’une épée et d’un umbo, étaient déposés dans une amphore (Saint-Venant 1897 : 8). L’association amphore/arme, bien représentée dans des contextes romanisés, a été attribuée à une situation politicomilitaire particulière (Feugère 1994 : 3). Cette interprétation doit être nuancée selon nous pour le Midi de la Gaule car l’association amphore/arme, connue dans des tombes régionales dès le Premier âge du Fer, apparaît dans notre corpus dans au moins cinq sépultures antérieures à 125 av. J.C. (la Placette, le Jeu de Mail, l’Octroi de Beaucaire, Alphonse de Seyne à Nîmes et SP1004 à Ensérune). Enin, la raréfaction et la disparition concomitante des armes et des amphores dans les tombes méridionales à partir du milieu du Ier siècle av. J.-C., tendent à conirmer le caractère spéciiquement indigène et traditionnel de cet usage. En effet, le Midi de la Gaule bénéicie depuis plusieurs siècles de contacts réguliers avec les cultures du bassin méditerranéen. Ces contacts ont contribué à la diffusion précoce d’une tradition de consommation du vin avérée par l’abondance des amphores sur les sites d’habitat méridionaux. C’est pourquoi, dans ce contexte particulier, la consommation de quantités plus ou moins importantes de vin au cours des funérailles ne se traduit pas par le dépôt d’un grand nombre d’amphores dans la tombe. La disponibilité de ce type de produit, son accessibilité et l’accroissement des importations italiques ne signiient pas pour autant que l’amphore perd sa qualité de marqueur social. Ce conteneur conserve pendant plusieurs décennies une valeur emblématique dans les sépultures (Guichard, Perrin dir. 2002 : 331 ; Castella et al. 2002 : 43). 557 indet Nîmes, le Jeu de Mail indet indet indet indet indet Nîmes, Octroi de Beaucaire Nîmes, Mas Vigier SP2483 Beaucaire, les Marronniers tombe 2 ? Beaucaire, les Marronniers tombe 19 indet indet Beaucaire, les Marronniers tombe 12 ? indet ? indet indet ? Mouriès, Servanes 4 Datation indet Nîmes, Rue Alphonse de Seyne Type d'amphore Située sur la couverture indet Située sur le fond indet Amphore debout indet Site Amphore couchée Nîmes, La Placette Amphore entière Située sur un support Fragments d'amphore Amphore retaillée au fond Amphore décolletée Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. Bibliographie Gréco-italique 150-125 Py 1981 : 153-160 Gréco-italique 175-150 Bel et al. 2008 2 Gréco-italiques 225-150 Fiches, Veyrac dir. 1996 : 196-197 Gréco-italique 160-140 Py 1981 : 141-148 Dressel 1B 125-75 2 Dressel 1B 50 Dedet et al. 1978 2 Dressel 1B 75-50 Dedet et al. 1978 Dressel 1A 100-30 Dedet et al. 1978 Dressel 1C 100-75 Marcadal, Féménias 2001 : 191 Baux-de-Provence, La Catalane indet indet indet indet indet Dressel 1B Saint-Rémy-de-Provence, tombe 3 indet indet indet indet indet Dressel 1B 110-50 Arcelin 1975 : 101 Dressel 1A 125-75 Vial 2003 : 225 en cours d'étude Nîmes, Les Fontilles tombe 1 et 2 (2 amphores) indet indet indet indet indet (Gréco-italique?) 200-100 Py 1981 : 126 Saint-Siffret indet indet Gréco-italique 200-125 Saint-Vénant 1897: 7-11 Préville, Uzès château Bérard indet indet Lattes, La Céreirède SP4002 Beaucaire, les Marronniers tombe 17 Arcelin 1973 : 153-154 (Gréco-italique?) 200-100 Saint-Vénant 1897: 11-13 2 Dressel 1A 100-75 Dedet et al. 1978 : 97-99 2 Dressel 1A 100-75 Garmy et al. 1981: 71-87 Mouriès, Servanes 3 tombe 3-4 indet indet indet Dressel 1A 50-30 Royet, verdin 2000 : 171 Saint-Rémy-de-Provence, tombe 6 indet indet indet Italique 100-50 Arcelin 1975 : 112 Dressel 1C 70-50 Arcelin 1980 : 93-101 Beaucaire, Mas de Jallon Baux-de-Provence, La Catalane tombe 27 Nîmes, Mas de Vignoles SP3322 Dressel 1A 100-75 Bel et al. 2008 Nîmes, Forum Kinépolis SP6022 Dressel 1A 125-75 Bel et al. 2008 Nîmes, Mas des Abeilles II SP290 Dressel 1B 100-75 Bel et al. 2008 Nîmes, Forum des Carmes SP3381 Italique Indet 100-75 Bel et al. 2008 Sauveterre, Le change indet indet indet Italique 75-50 Provost et al . 1999 : 672-673 Beaucaire, Le Sizen Poveda 1980 indet indet indet Dressel 1B 75-25 Provost et al . 1999 : 199 Beaucaire, les Colombes tombe 1 indet indet indet Dressel 1 120-80 Dedet et al. 1974 : 65-74 Saint-Rémy-de-Provence tombe 5 indet indet indet Italique 100-50 Arcelin 1975 : 105 Verna indet indet indet Dressel 1 100-80 indet indet indet Perrin, Schönfelder et al. 2003 Bel et al . à paraître : 137 Ensérune SP1004 225-175 Saint-Rémy-de-Provence tombe 10 ? imitation amph. 100-50 Arcelin 1975 : 124-126 Beaucaire, Le Sizen tombe de 1890 ? 2 amphores 125-50 Nages, tombe Mourgues ? Barruol, Sauzade 1969 : 65 Provost et al . 1999 : 507-508 75-50 Fig. 26 : position et état de conservation des amphores dans les tombes du Midi de la Gaule. 558 Sébastien BARBERAN et al. Basse Vallée du Rhône Beaucaire, Les Colombes t. 3 Sernhac, Lafoux (Attila) Beaucaire, Les Colombes t. 5 Sauveterre, le Change St-Laurent-des-Arbres Beaucaire, le Sizen, 1890 Beaucaire, le Sizen, 1890 bis * * non * * * non * non non ? * non * * * ? ? * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *(2) *(2) * (*) * * * * * * * fin IIIe s. 225-175 225-200 200-175 200-100 200-75 125-75 125-50 75-50 75-50 IIe-Ier. * * *P * * * 200-175 175-150 100-75 75-50 75-50 IIe- Ier. IIe- Ier. *(2) * Datation Poignard Casque Couteau Talon lance Pointe lance Umbo Epée * * Divers, Languedoc oriental Uzès, Préville Ensérune SP1004 Ambrussum, Sablas t.21 Ambrussum, Sablas t. 12 Nages, Terre rouge St-Côme-et-Maruejols, Mauressip Lattes, La Céreirède SP4002 St-Siffret, Grand Camp Nages, Mourgues Lattes, La Céreirède SP4038 St-Anastasie, Campagnac Saint-Dionisy Fabrègues * Tombes Sites * Les armes sont les rares attributs personnels qui peuvent nous renseigner sur la fonction et le statut du défunt. Elles occupent une place essentielle au sein des dépôts d’objets dans les sépultures républicaines du Midi. Les tombes à armes représentent en effet près de 30 % de l’ensemble du corpus régional et près de 48 % des tombes nîmoises. De plus, l’association épée/lance, mise au jour dans la tombe du Mas Vigier, est un assemblage représenté dans 21,1 % des tombes à armes. Avec la tombe du Mas Vigier, 53 tombes à armes datées de la in de l’âge du Fer ont été dénombrées dans le Midi de la Gaule (ig. 27). Une partition géographique particulière a été constatée. Elles sont plus fréquentes en Languedoc où elles représentent 80,7 % du corpus, qu’en Provence où elles ne constituent que 19,2 % de l’effectif total. Nîmes occupe de surcroît une place essentielle avec 23 tombes dont 13 mises au jour lors de fouilles récentes, la série nîmoise représentant 42,3 % des tombes à armes du Midi gaulois. À ces disparités géographiques s’ajoutent des disparités chronologiques avec 26,9 % des tombes datées du IIe siècle av. J.-C., 40,4 % datées de la première moitié du Ier siècle av. J.-C. et 32,7 % situées à la charnière du IIe et du Ier siècle av. J.-C. (Bel et al. 2008 : 313-314). Nous ne reviendrons pas en détail sur les diverses interprétations culturelles et sociales parfois très controversées attribuées à ces dépôts (Bel et al. 2008 : 316-317). Il faut cependant souligner que ce type de tombe à armes n’est probablement pas représentatif à l’échelle de la société : l’analyse des espaces funéraires nîmois met au contraire en évidence un recrutement très sélectif d’individus (Bel et al. 2008 : 369-370). Cette lecture rejoint l’interprétation de tombes de chefs ou de guerriers (Barruol, Sauzade 1969 ; Clavel-Levêque 1975 ; Fiches 1989 : 229) et met en avant la notion d’élites régionales (Fiches 2004 : 405). Les tombes de ces chefs, et probables propriétaires fonciers, seraient implantées sur des terres privées qui seraient intégrées aux domaines. En dépit du fait qu’il reste malaisé de donner une interprétation déinitive des tombes à armes et même si cette catégorie de tombes paraît particulièrement bien attestée à Nîmes, les 23 tombes à armes représentent en réalité sur 175 ans environ 1,2 sépultures par décennie. Les armes en tant que telles ne semblent pas liées à une classe spéciique de tombes, quelles que soient les phases chronologiques considérées. À Nîmes, elles apparaissent dans toutes les classes, y compris dans une moindre mesure dans la classe des tombes possédant moins de 5 dépôts. La situation paraît à peu près similaire dans la basse vallée du Rhône et dans les Alpilles, même si pour ces dernières, le corpus documentaire est plus réduit. La présence d’une arme à elle seule n’apparaît donc pas comme un marqueur hiérarchique discriminant au sein des corpus des différentes régions prises en compte. Ces données recoupent des observations déjà réalisées, soulignant que les tombes à armes des deux siècles confondus n’étaient pas nécessairement les sépultures les plus riches en mobilier (Py Intacte ou présumée Caractérisation sociale et culturelle des tombes * * Nîmes Nîmes, Jeu du Mail Nîmes, Le Cadereau t.2 Nîmes, La Placette Nîmes, La Ranquette Nîmes, Octroi de Beaucaire. Nîmes, A.de Seynes Nimes, Villeperdrix Nîmes, Mas de Vignoles SP5051 Nîmes, Les Fontilles 1-2 Nîmes, Kinépolis SP6022 Nîmes, Mas neuf Nîmes, Mas Vigier SP2483 Nîmes, Mas des Abeilles SP290 Nîmes, Mas de Vignoles SP3322 Nîmes, Les Carmes SP3381 Nîmes, ch. de Valdegour Nîmes, Pissevin t.1 Nîmes, Mail Romain t.225 Nîmes, Camplanier t.1 Nîmes, Kinépolis SP6043 Nîmes, Mas de Vignoles SP1236 Nîmes, Pont oblique Nîmes, Mas de Vignoles FS5053 * non * * * * non * * * non * * * * * * * * non * non non *P *P * *P *P * *P * (2) * * * * *P * * * * * * (2) * * (*) * * * (2) * * * (*) * *P (*) *P 225-150 195-175 175-150 175-125 160-140 150-125 150-75 150-75 125-100 125-75 125-75 125-75 100-75 100-75 100-75 100-50 100-50 75-50 75-50 60-40 60-40 IIe- Ier. Indéterminée * *P * (2) * *P * * * * * * (2) * * * *P Rive gauche du Rhône Paradou, L'Arcoule t.6 St-Cécile-les-Vignes, le Rus Mouriès, Servanes 4 Eyguières St-Pierre-de-Vence, 1991 Mouriès, Servanes 2, t.1 Les Baux, la Catalane t.27 Sigoyer , la petite Ceüse Mouriès, Servanes 3 t.3-4 Eyguières, St-Pierre-de-Vence 1999 Mouriès, Servanes 1, 1817 non non * non non * * non non non * * * * * * * * * * * *(2) *(2) * * * * *(2) * *3 * * 125-50 125-50 100-75 100-50 75-50 70-30 50-40 40-30 Ier s. * Fig. 27 : les tombes à armes du Midi de la Gaule. Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. 1990a : 780, groupe C). Ainsi, les tombes du Midi gaulois les mieux dotées ne sont donc pas systématiquement des tombes à armes, exception faite des ensembles antérieurs à 125 av. J.-C. Néanmoins, à Nîmes les tombes qui possèdent les panoplies les plus complètes, comme la sépulture SP290 du Mas des Abeilles II ou la tombe SP3322 du Mas de Vignoles, sont aussi celles qui ont livré la plus grande quantité de mobilier, et, pour la tombe SP3322, des objets exceptionnels (cratère et askos). Si la présence d’une arme n’est pas un indicateur iable du statut du défunt, les différents types d’assemblages rencontrés dans la panoplie guerrière peuvent en revanche correspondre à des cloisonnements attestés au sein de la caste militaire avec une gradation des fonctions bien distincte (porte-bouclier, fantassin, cavalier…). Cette hypothèse expliquerait la présence d’armes dans différentes classes de tombes depuis les plus pauvres au plus richement dotées en mobilier (Bel et al. 2008 : chapitre 2.5). Le faible nombre de tombes attestées pour cette époque et surtout le recrutement très sélectif des ensembles funéraires que nous avons étudiés font penser qu’à Nîmes au moins, les tombes qui nous sont parvenues appartiennent à une minorité d’individus dont le premier privilège est peut-être déjà d’avoir été doté d’une forme durable de sépulture. Cette hypothèse se trouve également étayée par l’association, au sein des petits espaces funéraires nîmois, de tombes de niveaux de richesse très différents, alors que leur implantation semble indiquer qu’elles appartiennent aux mêmes groupes familiaux ou sociaux et ne laisse entrevoir aucune relation de dépendance. Il s’agit donc de hiérarchiser des sépultures qui appartiennent vraisemblablement déjà à une catégorie d’individus privilégiés, les nécropoles susceptibles d’avoir accueilli une large frange de la population n’étant pas connues à ce jour en Languedoc oriental aux IIe et Ier siècles av. J.-C. Une étude portant sur 103 tombes complètes (Bel et al. 2008 : 323-332) a proposé un classement en fonction de la richesse du dépôt (plage de valeur de 1 à 40 objets). La tombe du Mas Vigier appartient à la classe des ensembles comportant plus de 12 dépôts qui représente un tiers des tombes (32 %), ce taux atteignant près de 40 % à Nîmes. D’un point de vue chronologique, les tombes appartenant à la phase (125-50 av. J.-C.) sont les mieux documentées et représentent 42,7 % de l’effectif total pris en compte. Elles semblent caractérisées par une plus grande variabilité des dépôts et de plus fortes disparités, ceci conduit à se poser la question de différenciations sociales plus marquées qui s’atténuent par la suite. Le classement évoqué précédemment, fondé sur la richesse quantitative des dépôts dans les sépultures est confronté à des critères qualitatifs pour évaluer la validité d’une interprétation sociale. Il s’agit de prendre en compte ce qui, dans les assemblages d’objets, peut éventuellement caractériser le statut du défunt. Ces critères considérés comme des marqueurs discriminants, emblématiques d’une élite sociale ont été déinis à partir de modèles déjà éprouvés par ailleurs pour des ensembles funéraires de l’âge du Fer (Barruol, Sauzade 1969 ; Fiches 1989 ; 559 Ferdière, Villard 1993 ; Metzler et al. 1991 ; Metzler 2002 : 184185 ; Poux, Feugère 2002 : 202). Les amphores, la vaisselle céramique et métallique, les instruments culinaires et les armes ont en particulier été retenus pour les sépultures antérieures au milieu du Ier siècle av. J.-C., tandis que la seconde moitié du Ier siècle est caractérisée par l’importance croissante d’un autre instrumentum (le luminaire, les encensoirs, les objets de toilette et les monnaies). Ce sont, en effet, les seuls objets que l’on rencontre dans des sépultures de plus de 13 dépôts, notamment après le milieu du Ier siècle av. J.-C. Ce nouvel instrumentum a permis à M. Py de déinir le groupe A qui correspond à des tombes d’époque augustéenne se distinguant par des mobiliers particuliers et par l’absence d’arme (Py 1990a : 780). En quoi et de quelle manière le dépôt d’éléments participant au déroulement du banquet - en particulier les amphores et la vaisselle métallique - exprime t’il l’appartenance à une catégorie sociale particulière ? L’importance du banquet doit être mesurée en fonction de l’abondance et de la fréquence des ustensiles, mais aussi de leur qualité et de leur nature (Poux, Feugère 2002 : 199). Dans le Midi, quelle que soit la période considérée, les éléments de vaisselle métallique sont assez peu répandus et pourraient a priori être les marqueurs d’un privilège supérieur au simple port des armes. Toutefois, si les dépôts d’amphores et de vaisselle métallique sont effectivement attestés dans les ensembles les plus riches en mobilier, ils sont aussi plus ponctuellement avérés dans des classes de tombes au mobilier plus modeste, peut-être parce qu’ils répondent aussi à des impératifs du rituel funéraire. Par ailleurs, l’étude de la vaisselle et des instruments du banquet montre que chaque région est caractérisée par des usages qui lui sont propres. Les communautés ne s’attachent pas à des modes de représentation « standardisés » pour signiier le pouvoir ou le statut des individus. À Nîmes par exemple, la vaisselle et les ustensiles culinaires spéciiques au symposion (simpulum, situle…) pourtant attestés en contexte d’habitat, sont pour ainsi dire absents des dépôts funéraires jusqu’à la in du Ier siècle av. J.-C. Rares sont les ensembles dans lesquels on peut relever la réunion de tous les critères. Il s’agit de la tombe SP1004 d’Ensérune, de la tombe SP4002 de La Céreirède, de la tombe 3-4 de Servanes 3 à Mouriès et enin de la tombe 27 de la nécropole de la Catalane aux Baux-de-Provence. Une échelle de valeurs existe donc bien au sein des tombes à armes régionales. Les panoplies guerrières peuvent rendre compte de différenciations entre les guerriers patrons et leurs clients (Brunaux 2002 : 276), à l’instar de l’instrumentum du banquet qui permettrait de distinguer les sépultures d’organisateurs de celles de simples convives (Poux, Feugère 2002). Ces différences de statut transparaissent dans la description du banquet des guerriers par Poseidonios, au travers de l’organisation du banquet et de la disposition des convives (Brunaux 2002 : 277). Avant le milieu du Ier siècle av. J.-C., le mobilier déposé dans les tombes les plus riches, mais aussi dans une bonne partie des 560 Sébastien BARBERAN et al. tombes plus modestes, exprime l’exaltation des valeurs guerrières et témoigne de l’importance du festin et de la consommation du vin. Ces mêmes valeurs sont exaltées dans d’autres tombes aristocratiques du monde celtique de la in de l’âge du Fer. La confrontation des données matérielles des tombes privilégiées sur une aire géographique étendue met en évidence des parentés dans les choix des objets utilisés lors des funérailles comme vecteurs d’un message social (Ferdière, Villard 1993 ; Metzler et al. 1991 ; Metzler 2002 ; Poux, Feugère 2002). En dépit des particularités régionales, souvent liées aux faciès mobiliers, on discerne des caractères communs qui semblent traduire une même idéologie et des manifestations du pouvoir identiques, dans des contextes pourtant éloignés en Gaule et en Europe. On peut par conséquent évoquer une certaine koiné culturelle qui se manifeste par l’expression d’une idéologie commune autour de certaines manifestations du pouvoir, même si chaque groupement régional conserve une identité propre. Les supports symboliques du pouvoir et du prestige changent progressivement au cours du Ier siècle av. J.-C. Dès lors, une modiication signiicative des valeurs fondamentales est perceptible, avec l’apparition de nouvelles aspirations, qui s’accompagne de changements dans les pratiques funéraires. Ces transformations, peut-être impulsées par le pouvoir romain se traduisent par la disparition des grands banquets offerts par les chefs au proit de nouvelles manifestations évergétiques (Goudineau 1998 : 219). L’expression du pouvoir, de la noblesse, ou de l’appartenance à une classe dominante, ne passe plus par le dépôt d’une arme ou la consommation du vin, mais par la référence à d’autres vertus (la culture, les divertissements, les soins du corps), de nouveaux signes d’accomplissement social (Boeselager 1989 ; Feugère 1993 : 146-148 ; Feugère 2000 ; Feugère, Giovannini 2000 ; Bel et al. 2002 : 152). conclusion La tombe récemment découverte sur le site du Mas Vigier s’insère dans le système funéraire mis en évidence à partir de l’étude des tombes de Nîmes datées des IIe et Ier siècles av. J.-C. Il se caractérise notamment par l’usage de la crémation, suivi de la dispersion dans la tombe d’une très petite quantité d’ossements, une partie des restes étant parfois placée dans un vase ossuaire, comme dans le cas de la sépulture du Mas Vigier. Celle-ci a été aménagée dans une fosse quadrangulaire dotée d’un coffrage de bois, or la tombe en coffrage de dalles ou de bois est le type le plus répandu à Nîmes à partir du dernier quart du IIe siècle av. J.-C. L’agencement du mobilier dans la tombe (étagement) et les traitements particuliers d’une partie des dépôts (bris, déformation des armes et perforation de l’amphore) trouvent de nombreux parallèles dans le corpus nîmois. Certaines pratiques prennent racine dans la tradition des tombes protohistoriques régionales (par exemple le dépôt d’armes et les déformations intentionnelles, l’usage de vases liés à la boisson comme ossuaires, l’implantation le long d’une voie à distance de l’habitat). D’autres en revanche se mettent en place au cours du IIe siècle et trouvent leur pleine expression à la in du IIe siècle et dans la première moitié du Ier siècle av. J.-C. (tombes conçues comme de petites chambres coffrées dotées d’un aménagement interne élaboré, bris des vases, dispersion des restes osseux…). Par bien des aspects (comme l’architecture des tombes ou encore l’augmentation du nombre d’objets déposés), cette évolution se traduit par un renforcement du caractère ostentatoire des dépôts et des pratiques. L’analyse des ensembles funéraires retrouvés dans la proche campagne nîmoise met en évidence un recrutement très sélectif et conduit à proposer le modèle d’aire sépulcrale fréquentée sur une longue période et par une même lignée (Bel et al. 2008 : 367-370). Les tombes sont implantées le long des voies, au cœur des domaines densément cultivés dont témoignent les nombreuses traces de plantation de vigne comme dans le cas du site du Mas Vigier. Dès le IIe siècle av. J.-C., la fréquence des tombes à armes et leur implantation montrent que cette classe de la société indigène fonde très largement et très tôt sa base sociale sur une maîtrise foncière stable et durable et sur l’extension des territoires agricoles (Py 1990a : 218, 239). Avant le milieu du Ier siècle av. J.-C. le mobilier déposé dans les tombes les plus riches, par l’association fréquente armes/amphore, exprime l’exaltation de valeurs guerrières et témoigne de l’importance du festin et de la consommation du vin. Dans la tombe du Mas Vigier, cette association est d’autant plus évidente que les armes sont placées, avec une partie des restes du défunt dans l’amphore ou à son contact direct. Les tombes qui nous sont parvenues semblent donc appartenir à une classe sociale privilégiée, à l’assise guerrière et foncière, dont l’essor (peut-être en partie fondé sur le développement du vignoble et des échanges avec Marseille et Rome) s’exprime dans des pratiques funéraires ostentatoires où le banquet et en particulier la consommation de vin tiennent une place essentielle, comme en témoigne notamment la prédominance des vases pour les liquides et les dépôts d’amphores. L’importance de ces éléments dans le rituel apparaît clairement dans l’organisation de la tombe SP2483, où l’amphore, en position centrale, est encadrée par les vases dévolus au stockage et au service des liquides. Par son mobilier céramique lié au banquet et principalement au service de la boisson (ossuaire compris), la tombe du Mas Vigier est emblématique des tombes nîmoises de la in de l’âge du Fer. Contrairement à ce que l’on observe dans les sépultures de la basse vallée du Rhône ou des Alpilles, la consommation de vin dans le cadre des funérailles ne se traduit pas par l’adoption des vases ou des instruments métalliques du symposion. Elle se fait sous une autre forme avec des façons de faire qui témoignent, à l’instar des dépôts d’armes, d’une certaine résistance à l’acculturation et d’un attachement à des pratiques et des valeurs traditionnelles. Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. 561 NOTES (1) Sébastien Barberan, céramologue, chargé d’études Inrap Méditerranée, UMR 5140 ; Valérie Bel, ingénieur chargé de recherches Inrap Méditerranée, UMR 5140 ; Anne Bouchette (†), carpologue, assistante d’études Inrap Méditerranée, UMR 5140 ; Nathalie Chardenon, assistante d’étude Inrap Méditerranée, UMR 5140 ; Vianney Forest, Docteur vétérinaire, chargé d’études et de recherches Inrap Méditerranée, membre CRPPM UMR 5608 Toulouse ; Antoine Ratsimba, assistant d’étude Inrap Rhône-Alpes-Auvergne. (2) Des relevés systématiques en plan et en coupe ont été réalisés. Les divers plans de pose, les pendages ou inclinaisons des vases et les altitudes supérieures/inférieures des différents éléments du dépôt ont été observés. Ce mode d’enregistrement permet ainsi de saisir de la tombe, son architecture, l’agencement du dépôt mais aussi d’approcher parfois des gestes qui participaient de la cérémonie funèbre. (3) Sur le fond : 2 fragments de diaphyse (4-6 mm de long ; < à 0,1 g) ; à 10 mm du fond : 8 fragments de diaphyse (0,2 g ; 1-10 mm) ; à 25 mm du fond : 2 fragments de diaphyse (< 0,1 g ; 2-4 mm) ; à 30 mm du fond : 9 fragments de diaphyse ou épiphyse (< 0,1 g ; 1-10 mm) ; à 40 mm du fond : 3 fragments de diaphyse et de côte (?) (< 0,1 g ; 4-9 mm) ; à 50 mm du fond : 3 fragments de diaphyse (0,3 g ; 9-10 mm) ; à 60 mm du fond : 5 fragments de diaphyse (< 0,1 g ; 2-6 mm) ; à 100 mm du fond : 3 fragments de côte (< 0,1 g ; 4-10 mm) ; non localisé : 1 fragment (< 0,1 g ; 5 mm). (4) Tous les ossements inventoriés en cours de fouille ont été étudiés, mis à part les unités stratigraphiques us 2523 et us 2521 qui n’ont pas été retrouvées. (5) Hauteur du col de l’ilium : SH = 15 mm ; diamètre de la cavité acétabulaire : LA = 30,6 mm. (6) Largeur minimale de la diaphyse : SD = 14,1 mm. (7) Largeur minimale de la diaphyse : SD = 12,9 mm ; Largeur minimale de l’extrémité distale : Bd = 25,7 mm. (8) Grande longueur latérale : GLl ± 28 mm ; Grande longueur médiale : GLm ± 26,6 mm. (9) Diamètre crânio-caudal : DAP = 14,4 mm. (10) Le mobilier métallique exhumé a été conié en mai 2008 au laboratoire de restauration Materia Viva à Toulouse (sous la direction de M. DrieuxDaguerre) pour radiographie et stabilisation. Ceci concerne trois objets : une épée, une pointe de lance ainsi qu’une bandelette spiralée en fer. La radiographie de l’épée vise à obtenir des renseignements concernant la lame de l’épée (forme, section, pointe), à préciser la typologie du fourreau (forme du pontet, de la bouterolle, localisation des barrettes et frettes de renfort, détection possible de la présence d’un décor). Les traitements de stabilisation sont les mesures conservatoires minimales pour des mobiliers archéologiques de ce type. (11) Il nous semble plus prudent, au vu de l’assemblage de mobilier mis au jour dans la tombe du Mas Vigier, de proposer une datation élargie à la première moitié du Ier siècle av. J.-C. pour la tombe SP204 du Mas des Abeilles II qui contenait sept dépôts céramiques (un brûle-parfum, une coupe à deux anses, deux petits pots et trois cruches). On retrouve, dans les deux cas, l’association d’une coupe à deux anses Lamboglia 49a et d’un brûle-parfum similaire. (12) La nature du mobilier métallique (3 objets en fer), l’absence d’analyses ciblées, voire même d’un nettoyage poussé des objets visant l’élimination des oxydes de corrosion, ne nous permettent pas de disposer d’indices iables permettant de répondre aux questionnements sur les dépôts primaires de crémation. Par conséquent nous ne pouvons statuer sur le passage ou non de ces objets personnels (lance et épée) sur le bûcher. Cependant, le bon état de ces objets s’il ne tient pas à la nature du sédiment et/ou à la qualité du métal travaillé peut être dû à une exposition dans les lammes. En effet, le « recuit » à haute température favorise ce que l’on appelle la passivation naturelle des objets et conditionne bien souvent la conservation et la protection des mobiliers ferreux. Le retour exhaustif à la documentation disponible pour le Midi (Bel et al. 2008) nous a cependant permis de démontrer que les pratiques n’étaient pas du tout standardisées et que les attributs personnels du défunt ne faisaient pas systématiquement l’objet d’un accompagnement sur le bûcher funéraire. BIBLIOGRAPHIE Arcelin 1975 : P. Arcelin, Ch. Arcelin, Les sépultures préromaines de Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône), dans Revue Archéologique de Narbonnaise, 8, 1975, p. 67-135. Arcelin 1979 : P. Arcelin, La nécropole préromaine de l’Arcoule, commune du Paradou (Bouches-du-Rhône), dans Documents d’Archéologie Méridionale, 2, 1979, p. 133-155. Barruol, Sauzade 1969 : G. Barruol, G. Sauzade, Une tombe de guerrier à Saint-Laurent-des-Arbres (Gard), Contribution à l’étude des sépultures du Ier siècle av. J.-C. dans la basse vallée du Rhône, dans Revue des Études Ligures, 35, 1969, p. 15-89. Bats 1990 : M. Bats, Tombes et nécropoles de Narbonnaise aux IIe-Ier siècles av. J.-C., Problèmes de datation et de chronologie, dans A. Duval (dir.), J.-P. Morel (dir.), Y. Roman (dir.), Gaule interne et Gaule méditerranéenne aux IIe et Ier siècles avant J.-C., Confrontations chronologiques, table ronde de Valbonne, 11-13 novembre 1986, supplément 21 à la Revue Archéologique de Narbonnaise, Paris, CNRS, 1990, p. 269-290. Bats 2002 : M. Bats, Mythe et réalités des consommations funéraires en Gaule méridionale (IVe s.-Ier s. av. J.-C.), dans P. Méniel (dir.), B. Lambot (dir.), Repas des vivants et nourriture pour les morts en Gaule, actes du XXVe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du Fer, Charleville-Mézières, 24-27 mai 2001, mémoire n° 16, supplément au bulletin n° 1 de la Société archéologique Champenoise, Reims, 2002, p. 285-293. Bel et al. 2002 : V. Bel, Bui Thi Mai, M. Feugère, M. Girard, Chr. Heinz, Cl. Olive, Pratiques funéraires du Haut-Empire dans le Midi de la Gaule, La nécropole gallo-romaine du Valladas à Saint-Paul-TroisChâteaux (Drôme), Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, 11, 562 Sébastien BARBERAN et al. Lattes, 2002, 537 p. Bel, Conche 2003 : V. Bel, F. Conche, La Céreirède, dans J. Vial (dir.), Le Montpelliérais, Carte archéologique de la Gaule 34/3, préinventaire archéologique publié sous la responsabilité de M. Provost, Paris, 2003, p. 224-226. Bel et al. 2008 : V. Bel, S. Barberan, N. Chardenon, V. Forest, I. Rodet-Bélarbi et L. Vidal, avec les contributions de M. Amandry, M. Contério, F. Dabosi, R. Gafa-Piskorz, J. Guerre, M.-L. Hervé, Y. Manniez, O. Maufras, M. Monteil, P. Raffel, G. Renoux et L. Sauvage, Tombes et espaces funéraires de la in de l’Âge du Fer et du début de l’époque romaine à Nîmes (Gard), Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, 24, Lattes, 2008, 519 p. Bel et al. à paraître : V. Bel, A. Gardeisen, G. Marchand, M. Schwaller, Au tournant des IIIe et IIe siècles av. J.-C. : une tombe singulière à Ensérune (Montady, Hérault), dans Documents d’Archéologie Méridionale, 35, à paraître. Boeselager 1989 : D. von Boeselager, Funde und Darstellungen römischer Schreibzeugfutterale zur Deutung einer Beigade in Kölner Gräbern, dans Kölner Jahrbuch für Vor-und Frühgeschichte, 22, 1989, p. 221-239. Boessneck 1969 : J. Boessneck, Osteological difference between sheep (Ovis aries L.) and goat (Capra hircus L.), Science in archeology, a survey of progress and research, D. Brothwell & E. S. Higgs (eds), Thames & Hudson, London, p. 331-358. Bouloumié 1988 : B. Bouloumié, Le symposium gréco-étrusque et l’aristocratie celtique, dans Les princes celtes et la Méditerranée, Rencontres de l’école du Louvre, Paris, La Documentation française, 1988, p. 343-382. Breuil, Séjalon, 2008 : J.-Y. Breuil, P. Séjalon, Nouvelles données sur l’occupation de la in du VIe s. au Ier s. av. J.-C. dans la plaine du Vistre (Nîmes, Gard), dans, L’exploitation agricole à la in de l’âge du Fer, Nouvelles approches méthodologiques, Actes de la table ronde coorganisée par le Centre d’Anthropologie de l’EHESS de Toulouse (UMR 8555) et l’Archéosite gaulois de Saint-Julien les 18 et 19 novembre 2004, à paraître. Brunaux 2002 : J.-L. Brunaux, Les guerriers à la table des Dieux, Les fragments de Posédonios dans les Deipnosophistes d’Athénée, Quelles manières de table pour les gaulois ?, dans Méniel (dir.), Lambot (dir.), Repas des vivants, nourriture pour les morts en Gaule, actes du 25e colloque de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du Fer (Charleville-Mézières, mai 2001), Société archéologique Champenoise, mémoire 16, supplément au bulletin n°1, Reims, 2002, p. 273-284. Castella et al. 2002 : D. Castella, H. Amrein A. Duvauchelle, S. Frey-Kupper, Ch. Martin Pruvot, A. Mazur, Cl. Olive, M. A. Porro, Trois ensembles funéraires aristocratiques du début du Haut-Empire à Avenches-En Chaplix, dans Bulletin de l’association Pro Aventico, 44, 2002, 7-102. Clavel-Lévêque 1975 : M. Clavel-Levêque, Pour une problématique des conditions économiques de l’implantation romaine dans le Midi gaulois, dans Cahiers Ligures de Préhistoire et d’Archéologie, 24, 1975, p.35-75. Curgy 1965 : J. J. Curgy, Apparition et soudure des points d’ossiication des membres chez les mammifères, Mémoire du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris-Zoologie, 22, 3, p. 173-307. Dedet et al. 1978 : B. Dedet, A. Michelozzi, M. Py, Cl. Raynaud, C. Tendille, Ugernum, Protohistoire de Beaucaire, Cahiers de l’Aralo 6, Caveirac, 1978, 156 p. Dietler 1990 : M. Dietler, Driven by drink : the role of drinking in the political economy and the case of Early Iron Age France, dans Journal of Anthropological Archaeology,, 9, n°4, déc., p.352-406. Fabre et al. à 2006 : V. Fabre, A. Hasler, B. Thuillier, La double inhumation du Bronze inal IIb du Mas de Vignoles IV à Nîmes (Gard), Note préliminaire, BSPF, 103-3, 2006, p. 585-593. Ferdière, Villard 1993 : A. Ferdière, A. Villard, La tombe augustéenne de Fléré-la-Rivière (Indre) et les sépultures aristocratiques de la cité des Bituriges, Saint-Marcel, 1993, 316 p. Feugère 1993 : M. Feugère, L’évolution du mobilier non céramique dans les sépultures antiques de Gaule méridionale (IIe s. av. J.-C.début du Ve s. ap. J.-C.), dans M. Struck (dir.), Römerzeitliche Gräber als Quellen zu Religion, Bevölkerungstrucktur und Sozialgeschichte, Archäologische Schriften des Instituts für Vor- und Frühgeschichte der Johannes Gutenberg-Universität Mainz, 3, Mayence 1993, p. 119-165. Feugère 1994: M. Feugère, L’équipement militaire d’époque républicaine en Gaule, dans C. van Driel-Murray (dir)., Military Equipment in context, Proceedings of the ninth international Roman Military Equipment conference, Leyden 1994, dans Journal of Roman Military equipment studies , 5, 1994, p. 3-23. Feugère 2000 : M. Feugère, Aquileia, S. Egidio, Scavi Maionica 1902 : tomba con materiale scrittorio, dans S. Blason Scarel (a cura di), Cammina, cammina …Dalla via dell’ambra via delle fede, Catalogo della Mostra, Mara-no-Lagunare (UD), 2000, p.124-127. Feugère et al. 1995 : M. Feugère, A. Gardeisen, Y. Manniez, M. Monteil, L. Vidal, Un espace funéraire du deuxième quart du Ier s. avant J.-C. Nîmes, Gard, dans Gallia, 52, 1995, p. 165-204. Feugère et al. 1998 : M. Feugère, M. Passelac, C. Pellecuer, P. Garmy, V. Bel, J.-C. Bessac, C.-A. de Chazelles, J.-L. Fiches, S. Mauné, M. Monteil, A. Roth Congès, M. Sabrié, R. Sabrié, Signes de la romanisation, dans Revue Archéologique de Narbonnaise, 31, 1998, p. 299-353. Feugère, Giovannini 2000 : M. Feugère, A. Giovannini, Spatole da cera in Aquileia, dans Bulletin Instrumentum, 12 décembre 2000, p.35-36. Fiches 1989 : J.-L. Fiches, Tombes et monuments lapidaires dans l’espace rural arécomique (IIIe-Ier siècles avant notre ère), dans Mélanges P. Lévêque. II. Anthropologie et société, Paris, Les Belles Lettres, 1989, p. 207-235. Genty, Feugère 1995 : P.-Y. Genty, M. Feugère, avec la coll. de A. Gardeisen, T. Janin, J.-C. Richard, Aramon (Gard), La nécropole du Ier siècle avant notre ère, dans Documents d’Archéologie Méridionale, 18, 1995, p. 143-195. Goudineau 1998 : Chr. Goudineau, Regard sur la Gaule, Paris, éd. Errance, Paris, 1998, 379 p. Guichard, Perrin dir. 2002 : V. Guichard (dir.), F. Perrin (dir.), L’aristocratie celte à la in de l’âge du Fer (du IIe siècle avant J.-C. au Ier siècle après J.-C.), L’aristocratie celte dans les sources littéraires, Recueil de textes commentés, actes de la table ronde organisée par le Centre archéologique européen du Mont-Beuvray, l’UMR 5594 du CNRS, l’Université de Bourgogne, Glux-en-Glenne, 10-11 juin 1999, Bibracte 5, Glux-en-Glenne, BIBRACTE, Centre archéologique européen, 2002, 421 p. Janin et al. 2000 : Th. Janin, J. De Biazy, H. Boisson, N. Chardenon, A. Gardeisen, G. Marchand, A. Montecinos, P. Sejalon, La nécropole du second âge du Fer de Mourrel-Ferrat à Olonzac (Hérault), dans Documents d’Archéologie Méridionale, 23, 2000, p. 219-248. Lejars 1994 : Th. Lejars, Gournay III, Les fourreaux d’épées, Le sanctuaire de Gournay-sur-Aronde et l’armement des Celtes de la Tène moyenne, Archéologie d’aujourd’hui, Paris, ed. Errance, 1994, 234 p. Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier siècles av. J.-C. Marcadal, Paillet 2003 : Y. Marcadal, J.-L. Paillet et coll., La nécropole protohistorique et gallo-romaine de Servanes-Cagalou (Ier s. av. J.-C.–IIIe s. ap. J.-C.) à Mouriès (Bouches-du-Rhône) : sépultures et monuments funéraires, dans Documents d’Archéologie Méridionale, 26, 2003, p. 251-348. Metzler 2002 : J. Metzler, Réléxions sur les sépultures aristocratiques en pays trévire, dans V. Guichard (dir.), F. Perrin (dir.), L’aristocratie celte à la in de l’âge du Fer (du IIe siècle avant J.-C. au Ier siècle après J.-C.), L’aristocratie celte dans les sources littéraires, Recueil de textes commentés, actes de la table ronde organisée par le Centre archéologique européen du Mont-Beuvray, l’UMR 5594 du CNRS, l’Université de Bourgogne, Glux-en-Glenne, 10-11 juin 1999, Bibracte 5, Glux-en-Glenne, BIBRACTE, Centre archéologique européen, 2002, p. 175-186. Metzler et al. 1991 : J. Metzler, R. Waringo, R. Bis, N. MetzlerZens, Clémency et les tombes de l’aristocratie en Gaule Belgique, Dossiers d’Archéologie du Musée National d’Histoire de l’Art, 1, Luxembourg, 1991, 182 p., 112 ig. Monteil et al. 1999 : M. Monteil, S. Barberan, M. Piskorz, L. Vidal, V. Bel, L. Sauvage, Culture de la vigne et traces de plantation des IIe-Ier s. av. J.-C. dans la proche campagne de Nîmes (Gard), dans Revue Archéologique de Narbonnaise, 32, 1999, p. 67-123. Noret, Aurand 2006 : Chr. Noret, J.-L. Aurand et coll., Bassin amont du Mas de Vigier à Nîmes (Gard), Rapport inal d’opération de diagnostic archéologique, Inrap Méditerranée, Service régional de l’Archéologie du Languedoc-Roussillon, 2006, 77 p. Poux, Feugère 2002 : M. Poux, M. Feugère, Le festin, miroir privilégié des élites celtiques de Gaule indépendante, dans V. Guichard (dir.), F. Perrin (dir.), L’aristocratie celte à la in de l’âge du Fer (du IIe siècle avant J.-C. au Ier siècle après J.-C.), L’aristocratie celte dans les sources littéraires, Recueil de textes commentés, actes de la table ronde organisée par le Centre archéologique européen du MontBeuvray, l’UMR 5594 du CNRS, l’Université de Bourgogne, Glux-enGlenne, 10-11 juin 1999, Bibracte 5, Glux-en-Glenne, Bibracte, Centre archéologique européen, 2002, p. 199-222. Provost et al. 1999 : M. Provost et al., Le Gard, Carte archéologique de la Gaule, 30/2 et 30/3, pré-inventaire archéologique, 1999, Paris, 2 vol., 399 et 865 p. Py 1981 : M. Py, Recherches sur Nîmes préromaine, Habitats et sépultures, supplément 41 à Gallia, Paris, 1981, 244 p. Py 1990a : M. Py, Culture, économie et société protohistoriques dans la région nîmoise, Collection de l’École française de Rome 131, Paris, 1990, 2 volumes, 957 p. Py 1990b : M. Py, Mobilier céramique. Productions et importations, dans M. Py (dir.), M. Bats, C.-A. de Chazelles, V. Fabre, M. Feugère, D. Garcia, J. Lopez, Y. Manniez, J.-C. Roux, C. Tendille, Fouilles dans la ville antique de Lattes, les îlots 1, 3 et 4-nord du quartier Saint-Sauveur, Lattara 3, Lattes, Aralo, 1990, p. 329-350. Py et al. 2001 : M. Py, A.-M. Adroher Auroux, C. Sanchez, Dicocer 2, Corpus des céramiques de l’Age du Fer de Lattes (fouilles 1963-1999), Lattara 14, Lattes, Aralo, 2001, 2 volumes, 1306 p. 563 Py dir. 1993 : M. Py (dir.), Dicocer, Dictionnaire des céramiques antiques en Méditerranée nord-occidentale (Provence, Languedoc, Ampurdan), Lattara 6, Lattes, 1993, 624 p. Rapin 1993 : A. Rapin, Destruction et mutilation des armes dans les nécropoles et les sanctuaires au second Age du Fer : Rélexions sur les rituels et leur description, D. Cliquet (dir.), M. Rémy-Watte (dir.), V. Guichard (dir.), M. Vaginay (dir.), Les Celtes en Normandie, Les rites funéraires en Gaule (IIIe-Ier siècle avant J.-C.), actes du 14e colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du Fer, Évreux, mai 1990, supplément 6 à la Revue Archéologique de l’Ouest, Rennes, 1993, p. 291-298. Ratsimba et al. 2011 : A. Ratsimba, J.-L. Aurand, S. Barberan, V. Bel, A. Bouchette, N. Chardenon, P. Chevillot, L. Damotte, V. Forest, S. Martin, C. Noret, Y. Tcheremissunoff, Mas Vigier, Cadereau SaintCézaire, Languedoc-Roussillon, Nîmes (30). Rapport Final d’Opération, Inrap Méditerranée, SRA Languedoc-Roussillon, Nîmes, 2011, 2 vol., 716 p., 117 ig. Saint-Venant 1897 : J. de Saint-Venant, Les derniers arécomiques, traces de la civilisation celtique dans la région du Bas-Rhône, spécialement dans le Gard, Bulletin Archéologique, Comité des Travaux Historiques et Scientiiques, 1897, p. 481-531, pl. X-XI, (tiré à part, 1898, p. 1-55). Scheid 1984 : J. Scheid, Contraria facere : renversements et déplacements dans les rites funéraires, dans Aspetti dell’ ideologia funeraria nel mondo romano, Archeologia e storia antica, dansAnnali dell’Istituto Universitario Oriental, 4, 1984, p. 117-139. Scheid 2005 : J. Scheid, Quand faire, c’est croire, Les rites sacriiciels des Romains, collection historique, Paris, Aubier, 2005, 348 p. Schwaller et al. 2001 : M. Schwaller, G. Marchand, Th. Lejars, D. Orliac, A. Rapin, E. Sanmarti, Echanges, inluences, productions dans la nécropole du deuxième âge du Fer d’Ensérune (Hérault), dans Documents d’Archéologie Méridionale, 24, 2001, p. 173-184. Séjalon, Dedet 2003 : P. Séjalon, B. Dedet, Trois enclos funéraires du Ve s. av. J.-C. au Mas de Vignole VII (Nîmes, Gard), dans Documents d’Archéologie Méridionale, 26, 2003, p. 43-61. Silver 1969 : A. Silveri, The Ageing of Domestic Animals, Science in Archaeology. A Survey of Progress and Research, Brothwell D.R. and E. Higgs (eds), Thames Hudson, p. 283-302. Solier 1968 : SOLIER (Y.), Une tombe de chef à l’oppidum de Pech Maho (Sigean, Aude), Revue archéologique de Narbonnaise 1, 1968, p.7-37. Teichert 1975 : J. R. Teichert, Osteometrische Untersuchungen zur Berechnung der Widerristöhe bei Schafen, Archeozoological Studies, A.T.Clason (ed), Amsterdam, p. 51-59. Uran 1986 : L. Uran, Observations métallographiques sur les épées celtiques en fer, dans Actes du VIIe colloque sur les Âges du Fer, Aquitania, 1, 1986, p. 297-308. Vidal 2000 : L. Vidal, Mise en valeur et aménagement des campagnes de la Protohistoire au Moyen Age dans la France du Sud : l’exemple du Languedoc central et oriental. Thèse de doctorat nouveau régime de l’Université Paul Valéry, Montpellier III, sous la direction du Professeur Ch. Llinas, 2000, 3 volumes dactylographiés, texte 513 p., 262 ig.

RELATED PAPERS

RELATED TOPICS

Log In

Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier s. av. J.-C. : l’exemple de la tombe du Mas Vigier à Nîmes (Gard).

Le vin dans les pratiques funéraires du Midi de la Gaule aux IIe-Ier s. av. J.-C. : l’exemple de la tombe du Mas Vigier à Nîmes (Gard).

Related Papers

RELATED PAPERS

RELATED TOPICS