Couverture fascicule

La force du présent

[article]

Année 1989 49 pp. 43-55
Fait partie d'un numéro thématique : La mémoire et l'oubli
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Marc Auge La force du présent

(Entretien avec Nicole Lapierre)

Nicole Lapierre : L'ethnologue, sur son terrain, n'est-il pas, sans cesse, confronté à la mémoire et à l'oubli, bien que l'ethnologie et l'anthropologie n'inscrivent pas ces thèmes au cœur de leur réflexion ?

Marc Auge : L'une des ruses de l'ethnologue, sur son terrain, est de suggérer qu'il va faire de l'histoire. Il suscite alors une forte demande, comme si les sociétés auxquelles il s'adresse - que sa seule présence rend peut-être déjà un peu différentes - découvraient alors la possibilité d'un oubli auquel elles n'auraient pas songé auparavant. On lui dit souvent : « Vous allez nous aider à garder nos traditions, à les enregistrer », et il se trouve conduit, plus ou moins malgré lui, à jouer ainsi ce rôle de chroniqueur, d'enregistreur et de témoin des traditions. Il y a là une réelle ambiguïté, voire une part de leurre. Du côté de l'ethnologue, qui est venu observer un certain nombre de choses et pas simplement recueillir cette mémoire supposée, même si cela peut lui servir d'alibi pour s'intégrer dans la société où il se trouve et établir une communication avec ses membres. Du côté de ces derniers également, qui découvrent soudain avec sa présence l'éventualité d'une perte et d'une absence.

Il semble que la nécessité d'une histoire ne s'éprouve et ne s'affirme que lorsque apparaît l'évidence du fait que la tradition se défait. Pierre Nora, dans l'introduction à l'ouvrage Les Lieux de mémoire, parle des sociétés qui, selon son expression, vivent au « présent éternel ». C'est une formule dont on peut discuter. Cependant, elle désigne quelque chose de réel : en effet, la mémoire active ne fait dans ces sociétés que constituer du présent et par conséquent l'évocation du passé pour lui-même n'y a pas de sens. Pour ma part, je dirais volontiers que les sociétés auxquelles l'ethnologue a souvent

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