William H. SEWELL, Jr. Structure and mobility. The men and women of Marseille, 1820-1870. Cambridge University Press, Cambridge, 1985, 377 p.
C'est un livre sur une grande ville française, Marseille, observée sur cinquante ans et pendant une période de croissance démographique importante. Américain, W. Sewell trouve ses modèles théoriques et méthodologiques à la fois dans la new-urban-history et dans les travaux des sociologues ou des anthropologues d'outre-Atlantique. Ainsi -de Thernstrom et de son école- on retrouve ici l'attention aux processus de formation de la population urbaine et de ses mouvements internes, tandis que de la sociologie et de l'anthropologie, vient le type d'interprétation des données, la tendance à aller au-delà de leur signification superficielle, pour en décripter chaque fois toutes les implications sociales. Ce n'est donc pas l'histoire politique de la ville qui intéresse Sewell mais plutôt sa population, et les processus qui découlent de ses mouvements et de ses activités. C'est un choix clair et explicité dès les premières pages : ce travail veut être "plutôt une étude des structures sociales urbaines et des processus sociaux, ainsi que des modalités de leur évolution ou, dans certains cas, de leur stabilité (.-.). c'est une description et une analyse détaillée des changements des structures de la vie sociale de Marseille".
L'auteur puise dans un ensemble vaste de références et de sources secondaires, mais l'ossature de son travail réside principalement dans les données démographiques ; les actes de mariage des années 1821, 1822, 1846, 1851 et 1869 et un échantillon de 10 % des listes nominatives du recensement de 1851. C'est dans le rapport entre ces deux séries de données que se tissent l'analyse et les interprétations proposées. Les actes de mariage -de fait trois groupes espacés de vingt ans en vingt ans- donnent les termes et les directions des changements en cours. Les listes nominatives -reflets plus fidèles de la population globale de la ville et centre de la période étudiée- sont les points de repère utilisés à la fois pour corriger les données de la première série et pour mesurer l'ampleur des phénomènes étudiés.
