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H. Brun, L. Hurepeau et J.-P. Perrigaud. Soulignac : une commune de l'Entre-Deux-Mers Girondin, 1990

[compte-rendu]

Année 1992 1992 pp. 354-355
Fait partie d'un numéro thématique : La démographie de l'Union Soviétique
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354 COMPTES RENDUS

H. BRUN, L. HUREPEAU et J.-P. PERRIGAUD. Soulignac : une commune de PEntre-Deux-Mers Girondin, Cervin et M. S. H. A., Maison des Sciences de l'Homme de l'Aquitaine, 1990, 205 p.

Cet ouvrage est à la fois le résultat des travaux de l'enquête interdisciplinaire menée à la Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine sur "l'Univers des vignerons", laquelle doit donner lieu à une série de publications dont il constitue le premier volume, et de mémoires de maîtrise de géographie et de sociologie réalisés dans le cadre de cette enquête.

Il est divisé très logiquement en deux parties : "Une commune de l'Entre- Deux-Mers Girondin : Soulignac (de 1830 à 1989)" qui retrace l'évolution géographique et démographique de cette commune ; "Pratiques de sociabilité, vie associative et pouvoir municipal à Soulignac". Celle-ci menée à partir d'enquêtes documentaires et surtout d'enquêtes orales pourra servir à ceux qui voudront connaître les façons de vivre et de penser d'un milieu de vignerons. Malheureusement, elle montre aussi -et je serais tenté de dire comme partout- les limites de ce type de travail quand il n'est pas entièrement réalisé d'une manière très approfondie, par des chercheurs fort expérimentés. C'est ainsi que le passage consacré aux "relations familiales" (p. 157-159) aurait pu s'avérer d'une grande utilité pour des démographes ou historiens-démographes s'il était allé au-delà de quelques notations rapides et superficielles.

C'est donc essentiellement la première partie qui est d'une réelle utilité. Nous nous attarderons peu sur l'étude géographique proprement dite qui est de bonne qualité, très claire et mettant parfaitement à valeur l'évolution de Soulignac. Il est néanmoins intéressant de rappeler que, comme beaucoup de communes voisines, celle-ci est passée d'un paysage de polyculture vers 1850 à un paysage actuel de monoculture viticole, pendant longtemps consacrée à la production du vin blanc et, depuis 1960, de plus en plus à celle de vin rouge. Cette évolution ne s'est pas faite de manière continue mais "par soubresauts", suivant les crises qu'a connues la viticulture. Celle-ci n'en occupe pas moins aujourd'hui 79 % de la surface agricole utile. L'évolution à cet égard s'est faite essentiellement entre 1830 et 1874, la superficie plantée en vignes passant de 259 à 750 hectares. Cette production sans cesse accrue du vin a permis, malgré quelques mauvaises périodes et la dénatalité, à la population de Soulignac de se maintenir jusqu'à la guerre de 1914 : 572 habitants en 1836, 475 en 1846, 563 en 1876, et 530 en 1911, ce qui n'est pas habituel pour une commune rurale qui n'est pas toute proche d'une ville importante. Depuis, on est descendu un peu en-dessous de 400 habitants mais la perte reste réduite. Mademoiselle Brun, à qui nous devons cette étude, montre que le maintien actuel s'explique par l'importance que gardent les agriculteurs -c'est-à- dire d'abord les viticulteurs- qui représentent toujours la moitié de la population active (mais 91 % encore en 1931) et surtout parce que cette commune, qui n'a plus aucun commerce depuis longtemps, et dont la population est en outre dispersée en 41 écarts, est habitée par de nombreuses employées de bureaux qui sont en réalité pour une grande partie épouses ou filles de viticulteurs, mais qui travaillent dans les petites villes proches ou à Bordeaux. Soit un exemple d'évolution tout à fait intéressant grâce au maintien des activités.

C'est ce qui a permis à Soulignac d'accueillir sans cesse des immigrants, ce qui explique le maintien de sa population. Jusqu'en 1930, ils venaient à la fois des environs et des régions montagnardes (Massif Central et Pyrénées centrales ou occidentales), ainsi que du Lot-et-Garonne et de la Dordogne. Puis ce fut autour de 1930 la venue des Espagnols (d'abord des Aragonais de la Province de Huesca, comme à Bordeaux), puis des Italiens à la fin des années 1930, des Portugais dans les années 1960, et quelques maghrébins aujourd'hui. Ces migrants étrangers

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