ANNALES DE DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE 1992 Société de Démographie Historique - E.H.E.S.S. Paris, 1992
MIGRATIONS MATRIMONIALES EN FRANCE
(1740-1829)
par Jacques HOUD AILLE et Noël BONNEUIL
Dans l'enquête sur la population de la France de 1740 à 1829, pour chaque mariage les releveurs devaient indiquer la résidence et l'origine des époux.
Nous présentons ici les résultats sur les résidences. Les données ont été codifiées et exploitées à l'aide de l'ordinateur. Pour s'assurer qu'aucune erreur grave n'avait été faite, ces résultats ont d'abord été étudiés, région par région, après un tri des cartes à la machine. Puis les calculs relatifs à l'ensemble de la France rurale ont été faits sans pondération. Dans ce qui suit nous indiquerons donc les résultats avec ou sans pondération. Comme ils diffèrent très peu, on peut en conclure que la programmation des données est bonne et que l'échantillon rural est bien représentatif de l'univers étudié.
Levons d'abord une équivoque possible. Il ne s'agit pas ici d'étudier les migrations mais plutôt les échanges matrimoniaux entre paroisses. Pour analyser les migrations à partir des registres paroissiaux, il faudrait être sûr que les curés ont toujours indiqué les paroisses d'origine des époux. Or, souvent, les actes de mariage sont imprécis sur ce point, imperfection d'ailleurs bien connue des généalogistes qui recherchent leurs ascendants. Certains curés indiquent bien que tel époux étranger à la paroisse est "natif de ..." mais plus nombreux sont ceux qui usent d'une formule moins affirmative : "de droit de la paroisse de..." ; souvent on sait que le marié ou la mariée est étranger à la paroisse parce que ses parents sont domiciliés dans une autre, sans compter les nombreux cas où aucune information sur l'origine ne figure dans l'acte de mariage.
C'est pourquoi il est prudent de se limiter à la résidence, quitte à reprendre ensuite les dépouillements pour voir si elle est souvent différente de l'origine, en particulier dans les villes où la précision des actes est, en général, bien meilleure que dans la France rurale.
Nous nous bornerons, en outre, à chercher les réponses aux trois questions suivantes :
1) Proportion des époux qui résidaient dans la paroisse où ils se marièrent.
2) Dans les mariages mixtes, c'est-à-dire ceux où les époux ne sont pas de la même paroisse, proportion des mariages célébrés dans celle du mari ou de la femme.
3) Toujours dans les mariages mixtes, distance entre les résidences des époux en distinguant, a) les communes limitrophes (situées à moins de 5 kms de celle où a lieu le mariage), b) les communes du même diocèse ou département, c) les communes plus distantes.
