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La population des grands hôpitaux universitaires belges du début du XIXe à la fin du XXe siècle

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Année 1994 1994 pp. 217-236
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Page 217

ANNALES DE DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE 1994 Société de Démographie Historique - E.H.E.S.S. Paris, 1994

LA POPULATION DES GRANDS HOPITAUX

UNIVERSITAIRES BELGES AU DÉBUT

DU XIXe À LA FIN DU XXe SIÈCLE

par Yves HORRENT, Michel ORIS, Paul SERVAIS, Karel VELLE

Introduction

L'histoire de la médecine, chacun le sait, a d'abord été le produit d'une "médecine triomphante". Elle relatait la marche progressive vers la victoire sur le mal. La Belgique s'est associée à ce courant puisque le premier congrès international fut organisé à Anvers en 1920. Depuis une vingtaine d'années, l'histoire sociale de la santé prend le relais en procédant par ruptures : avec la tradition des ouvrages commémoratifs, avec le primat accordé à l'institutionnel, ou encore avec le stéréotype de l'avancée continue de la science salvatrice. Elle a mis l'accent sur les maladies et les malades, le corps, l'hygiène et les conflits de cultures, et placé au centre de sa thématique le processus de "médicalisation". En Belgique, les travaux de Karel Velle et Cari Havelange illustrent ce courant1. Plus récemment, quoiqu'elle ait des antécédents, une tendance s'efforce de promouvoir un dialogue entre les perceptions historiques, sociologiques et médicales. L'épidémiologie et la démographie historique apparaissent comme les lieux de rencontre privilégiés 2.

L'historiographie des établissements de soins a largement suivi celle de la médecine. Fondée en 1963, la Société belge d'Histoire des Hôpitaux est devenue en 1986, la Société belge d'Histoire des Hôpitaux et de la Santé publique, ce qui atteste que la dimension sociale s'est introduite dans une large mesure à partir des recherches sur les grands travaux d'assainissement et d'hygiène. Dès 1980, Etienne Hélin traçait les sentiers d'une "nouvelle histoire" en proposant un programme ambitieux. P. Servais et F. H. Roger en précisaient les fondements et préfiguraient la contribution de G. B. Risse à l'ouvrage collectif sur les problèmes de méthodes en histoire de la médecine. Tous soulignaient qu'il importait désormais de replacer le patient, ses maux et sa destinée, au centre de l'étude du monde

1. K. Velle, De nieuwe biechtvaders. De sociale geschiedenis van de arts in België [Les nouveaux confesseurs. Histoire sociale du médecin en Belgique], Leuven, Kritak, 1991, 352 p. ; C. Havelange, Les figures de la guérison. (XVIIIe-XIXe siècles). Une histoire sociale et culturelle des professions médicales au Pays de Liège, Paris, Les Belles-Lettres, 1990, 498 p.

2. Voir P. Bourdelais et Y. Raulot, Une peur bleue. Histoire du choléra en France (1832- 1854), Paris, Payot, 1987. En Belgique, voir G. Gadeyne, "Epidemiologie en epidemiografie als hulpmiddelen van de historische demografie. Casus : variola" [Epidemiologie et épidémiographie comme aides à la démographie historique. Le cas de la variole], dans Archives et Bibliothèques de Belgique, n° spécial 24, 1984, p. 225-236 ; M. Oris, "Mortalité, industrialisation et urbanisation au XIXe siècle. Quelques résultats des recherches liégeoises", à paraître dans Dix essais sur la démographie urbaine de la Wallonie au XIXe siècle ; et Id. et M. Neven, Les statistiques des dispensaires anti-tuberculeux et des hôpitaux au service de l'histoire sociale et de l'épidémiologie de la "peste blanche".

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