Primitivo J. PLA ALBEROLA. La poblacion del marquesado de Guadalest en el siglo XVII, Instituto de Estudios Alicantinos, 1984, 218 p.

Au milieu de la profusion actuelle des travaux de démographie historique en Espagne, le Royaume de Valence fait figure de parent pauvre. Aussi l'ouvrage de Primitivo Pla Alberola est-il le bienvenu et ce d'autant plus que l'auteur au terme d'une enquête minutieuse et solide sait dépasser le cadre de la monographie et poser des questions importantes.

L'étude porte sur deux paroisses, Guadalest et Beniarda appartenant à une modeste vallée enserrée dans une zone accidentée proche de la Méditerranée et située à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Alicante. On doit regretter à cet égard l'absence d'une carte permettant de repérer d'emblée la localisation des deux villages. La période embrassée est le XVIIe siècle ou plus exactement les quatre-vingts années qui courent de 1626 à 1709 car la tenue des registres paroissiaux, base du travail, n'est pas satisfaisante pour le début du siècle. Primitivo Pla fait un examen critique et détaillé de la qualité de l'enregistrement des données. Il souligne quelques difficultés ou défauts majeurs. Outre les problèmes provenant de la rédaction des actes tantôt en castillan tantôt en catalan, il mentionne que l'état civil et le lieu d'origine des conjoints n'est pas porté dans les actes de mariage et que l'âge au décès absent des registres de Guadalest est de toute manière peu fiable à Beniarda. Ces lacunes qui ont rendu nécessaires de multiples vérifications et corrections expliquent dans une large mesure que parmi les 237 familles reconstituées 73 seulement soient complètes ce qui interdit à l'auteur de formuler des conclusions définitives dans bien des domaines.

Il rappelle dans une première partie que la région a connu une histoire mouvementée au XVIIe siècle. L'événement majeur se produisit en 1609 lorsque la population morisque qui n'a cessé de manifester son attachement à l'Islam est expulsée. Le marquisat de Guadalest qui comprenait alors 14 lieux et 414 feux perdit plus des quatre cinquièmes de ses habitants. Malgré les incitations au repeuplement, celui-ci resta limité à des valenciens et à des majorquins. Dix villages furent définitivement désertés les quatre autres ne comprenaient plus que 71 feux en 1612. Un siècle plus tard, le nombre des habitants avait plus que doublé, peut-être triplé. La progression est d'autant plus remarquable que le banditisme a fait des ravages surtout dans les années 1670-1680, que les habitants de Guadalest et Beniarda ont appuyé activement le mouvement anti-