QUELQUES SURVIVANCES
DANS LA PENSÉE PHILOSOPHIQUE DES GRECS
D'UNE MENTALITÉ PRIMITIVE
II y a longtemps déjà que, dans les Penseurs de la Grèce, (1), Th. Gomperz rapprochait de certains mythes cosmogoniques de la Grèce quelques mythes recueillis chez les Maoris de la Nouvelle-Zélande : de part et d'autre la « fabulation » en était en effet presque identique. Or, quelle que soit, chez les Grecs, l'origine immédiate des mythes dont il s'agit, il est du moins hautement probable que, en ce qui concerne les indigènes de la Polynésie, l'idée d'une interaction quelconque ne peut d'aucune façon être envisagée ! Serait-ce donc que les hommes, ethni- quement les plus différents, géographiquement les plus éloignés les uns des autres, réagissent mentalement d'une manière analogue en face des mêmes aspects principaux de la nature, en face des mêmes relations apparentes et des mêmes successions habituelles? Serait-ce que des sentiments analogues ^ d'attente confiante ou d'impuissance résignée et parfois même de terreur, les ont conduits à inventer à ce propos certaines histoires qui se ressemblent? Qu'une organisation sociale de même type et des conditions générales de vie très voisines les auraient poussés à justifier les sentiments qu'ils éprouvaient par des motifs dérivés des 'hiérarchies établies dans le groupe?
(1) Tome I, p. 37 (trad. fr. d'Aug. Reymond). Cf. II, p. 414 sq. (voir infra). La première édition allemande remonte à 1893.