Couverture fascicule

« La chose imprimée », ouvrage collectif

[compte-rendu]

Année 1977 36 p. 121
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 121

UN LIVRE FONDAMENTAL

POUR LES METIERS GRAPHIQUES

La chose imprimée

Une encyclopédie du Sai/oir moderne, dirigée par John Dreyfus et François Richau- deau, Paris, Retz, 1977, 148 F.

Kafka disait que « les chemins de l'humanité torturée sont en papiers de ministère ». Et qui peut nier que nous sommes au temps du papier ? Pas seulement les papiers de l'administration mais les tracts, les brochures, les affiches de la vie politique, les journaux de la vie quotidienne, les livres qui s'empilent et fabriquent le monde clos de la culture. On a cru que l'avènement des média de l'image (télévision) et du son (disques, radio), annonçait la mort de l'écrit. Ce fut le contraire qui arriva. Notre temps est celui de l'imprimé. Mais l'imprimé, la « Chose imprimée », qu'est-ce ? Comment cela naît-il ? Quelles en sont les techniques, où en sont les recherches ? Avec l'ouvrage que publient les Editions Retz, ceux qui écrivent et ceux qui lisent — , donc à peu près tout le monde — pourront pénétrer dans ces lieux secrets où prend forme l'objet de leur sacré : le livre, le journal. Ils y découvriront un monde surprenant par sa complexité et ils rêveront devant les splendeurs d'une industrie étrange : l'Industrie du signe. Une opinion, aussi répandue qu'erronée, voit dans le travail de fabrication un élément purement technique qui permet à un message de se répandre mais qui ne lui ajoute — ou ne lui enlève — rien. C'est faux. Et si MacLuhan en a tiré un slogan (« Le message c'est le médium »), des écrivains y ont vu un mystère qui participe du mystère de l'œuvre. Ainsi Mallarmé, dans « Un coup de dé », demande-t-il au choix des divers caractères typographiques, à la disposition du texte sur la double page et aux blancs de la page, une valeur de siqnification et veut-il faire du poème une réalité graphique qui sera à la fois un texte qui se déroule dans le temps et un objet saisi d'un seul coup par le regard.

On pourrait aussi citer Reverdy qui voyait dans les blancs d'imprimerie un élément de la poésie ou, plus prés de nous, Michel Butor. C'est que l'esprit n'existe pas hors de la lettre qui l'incarne et que cette lettre n'est pas un simple support mais comme la chair même de l'œuvre.

Une équipe internationale

Les deux directeurs de la « Chose imprimée » — François Richaudeau, éditeur, auteur de travaux renommés sur la lecture et la lisibilité, John Dreyfus, conseiller des Presses Universitaires de Cambridge et de la Monotype — ont réuni une équipe d'experts internationaux. Peur chacun des onze chapitres qui sont intégrés au dictionnaire — selon la formule « algo-livre » de la collection — ils ont contacté, en Grande-Bretagne, en Hollande, aux Etats-Unis, le meilleur spécialiste du domaine et ont obtenu sa collaboration. C'est ainsi que Nicolas Barker, responsable de la préservation des livres à la British Library, à Londres, fait revivre l'histoire des caractères d'imprimerie. La composition musicale du texte à partir des notes que sont les lettres et les illustrations, c'est-à-dire la mise en page, est traitée : pour le livre par Adrian Wilson, maquettiste et imprimeur de livres d'art sur ses propres presses à San Francisco ; pour le journal par Harold Evans, rédacteur en chef du Sunday Times de Londres ; pour la publicité, par F.H.K. Henrion, affichiste et désigner conseil, ancien président de l'alliance graphique internationale. Les problèmes de la préparation de la copie sont analysés par Fernand Baudin, maquettiste et conseiller de la bibliothèque royale de Belgique. Gérard Blanchard étudie les problèmes posés par les illustrations. Jacques Tierce et Yvette Pesez, ceux du prix de revient, etc. Nous ne pouvons citer les noms de tous les auteurs. Précisons que ce souci de s'adresser aux meilleurs se retrouve dans le dictionnaire. Si une importante partie des 410 articles a été rédigée par René Ponot. conseiller d'édition à l'INRDP, certains sont signés Colin Cheeseman, W.P. Jasperts, G.W. Ovink, Linda Reynolds, Herbert Spencer, Jean Cloutier. Une telle entreprise n'a été réalisable qu'en raison des liens tissés" depuis 20 ans dans le monde du livre par les deux directeurs de l'ouvrage. L'un et l'autre ont rédigé les chapitres les plus proches de leur préoccupation. Son érudition a permis à John Dreyfus de synthétiser en 40 pages l'essentiel de « Cinq siècles d'imprimerie ».

Enfin, François Richaudeau nous rappelle que la chose imprimée veut être une chose qu'on lit. et il poursuit ici des travaux sur la lisibilité qui ont fait de lui une des autorités reconnues en la matière, dans le monde.

François Clairval