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Couverture fascicule

« L'information manipulée », par S. Bauman et A. Ecouves

[compte-rendu]

Année 1981 49 p. 122
Fait partie d'un numéro thématique : Communications et télétextes
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Serge Bauman et Alain Ecouves

L'INFORMATION MANIPULEE

P. il. F. diffusion.

Ce livre décrit dans le détail un univers qui se trouve remis en cause : l'univers giscardien des moyens de communication de masse. Des hommes qui se trouvaient placés aux postes de décisions à l'évolution des entreprises de presse, de radio et de télévision, des pressions sur les journalistes à l'autocensure, l'ensemble du paysage est passé en revue. Bien des accusations portées ici, bien des phénomènes décrits l'avaient été par d'autres. L'intérêt de cet ouvrage, édité par la « Revue Politique et Parlementaire », est de faire le tour du débat et d'illustrer ses différents aspects par de nombreux exemples.

L'envie d'en discuter certains passages tombe dans la mesure où l'ouvrage a changé de genre : d'ouvrage de sociologie, il est devenu livre d'histoire, voire d'archéologie avec l'élection de M. Mitterrand à la présidence de la République. Le nouveau pouvoir va certainement définir de nouvelles règles du jeu dans les prochains mois. L'avenir nous apprendra ce qu'elles seront, et quel usage les nouveaux responsables en feront. Mais dès les premiers jours qui ont suivi l'élection présidentielle, n'a-t-on pas vu que le nouveau pouvoir et les nouveaux dirigeants intéressaient plus les entreprises de communication et les journalistes que les anciens dont ils étaient pourtant supposés être les valets. Les hommes dans l'action attirent . plus les regards que les hommes dans l'opposition : il a suffi de quelques heures pour que s'impose cette vérité de bon sens qui avait été masquée par le fait que les mêmes responsables avaient été aux affaires pendant vingt-cinq ans.

On peut douter également que demain les liens de sympathie, les rencontres autour d'une table cessent de jouer un rôle dans le monde des communications de masse. Les métiers d'attaché de presse et de relations publiques ont été créés pour optimiser les facteurs humains de la communication. L'information objective, neutre de toute interférence personnelle, est un idéal jamais atteint. Deux facteurs expliquaient qu'on ait pu paraître s'écarter par trop de cet inaccessible idéal : la longévité des mêmes équipes à la tête de l'Etat, la dimension

géographique de notre pays. A l'ère du jet, du téléphone, de la radio et de la télévision en direct, les hommes ont le don d'ubiquité et ce sont les mêmes qui sont présents sur les lieux de l'action où que celle-ci se déplace, d'un congrès politique au Festival du cinéma à Cannes.

C'est au lecteur, à l'auditeur et au spectateur de s'interroger toujours sur la qualité du produit qui lui est proposé. Il lui faut faire son chemin seul dans le bruit de la communication. Ce livre peut l'aider, aujourd'hui comme hier.

François Clairval