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De la "mère Denis" au "pétrole vert de la science"

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Notes pour une étude des images de la paysannerie

Fait partie d'un numéro thématique : Le travail politique

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Notes et esquisses 105

DE LA RE DENIS AU TROLE VERT DE SCIENCE

Notes pour une étude des images de la paysannerie

Mieux qu'une analyse intellectuelle, l'expérience personnelle permet parfois de percevoir et de sentir l'importance de certains phénomènes sociaux dont on avait pourtant déjà pensé l'existence. Ainsi de la recherche d'une illustration pour la couverture d'un livre sur l'agriculture moderniste et ses porte-parole professionnels. Courez les agences de photographies, les documentations d'organisations agricoles, la photothèque du Ministère de l'agriculture, consultez les collections de journaux spécialisés ou de photographes indépendants, penchez- vous sur l'iconographie d'ouvrages consacrés au «monde paysan», regardez les publicités, intéressez-vous au cinéma, etc. et vous constaterez l'étendue des représentations possibles, depuis la célébration des vertus traditionnelles de la paysannerie (comme la sagesse de la «mère Denis» qui, dans la publicité, lave encore son linge à la main) jusqu'à l'exaltation de l'importance de l'agriculture dans notre économie moderne («le pétrole vert de la France»).

Ce n'est pas seulement la diversité qui surprend mais bien plutôt la somme des contradictions qu'elle enferme. Comment, en effet, le travail particulièrement intense de redéfinition de leur propre identité sociale que les agriculteurs ou, du moins, leurs organisations professionnelles ont opéré ces dernières décennies pour se conformer à une évolution inévitable peut-il aller de pair avec la rémanence d'images passéistes ou folklorisantes dans le reste de la société ? Comment ce groupe paysan, en forte régression numérique, a-t-il pu tendre à s'unifier selon un mode de développement unique, restrictif, donc sélectif —qui concourt à le réduire à un corps de métiers agricoles—, par conséquent subir récemment une évolution particulièrement rapide, et, dans le même temps, demeurer pour le plus grand nombre l'objet d'images qui renvoient à son passé ou qui s'en tiennent à ses signes formels de réussite ? La paysannerie s'est constitué sa propre identité sociale (moderniste, technicienne, «agricole» en un mot), comme de l'intérieur d'elle-même, sans que cette redéfinition dominante à usage interne semble retentir significativement sur les images qui prévalent à l'extérieur. De là probablement les sentiments réciproques d'incompréhension, de la part des paysans qui savent d'expérience le coût de leur capital immobilisé et la faiblesse commune de leurs revenus disponibles, de la part des citadins qui ne voient dans les fermes que des signes extérieurs de richesse ou d'inestimables avantages en nature.

A quoi tient cette indétermination relative des images sociales de la paysannerie et comment peuvent se maintenir simultanément des représentations aussi contradictoires ? C'est là ma curiosité première.

Je prendrai ici le parti d'analyser principalement l'iconographie plutôt que la littérature et même, plus particulièrement, ce qu'on pourrait appeler les

«images pour le grand public» (photographies ; films documentaires, publicitaires, de fiction ; dessins humoristiques, etc.). Sans préjuger d'éventuelles révisions ultérieures, il me semble que la production d'images échappe largement aux paysans et même à leurs fractions organisées, en tout cas beaucoup plus que la production d'écrits (1). Autrement dit, ce que l'on mettrait ainsi à jour, ce seraient les images que les autres se font des paysans.

Mais quelles images prendre en compte ? Celles-ci ne se fabriquant pas au hasard, il y a tout lieu de retenir les corpus socialement constitués, à charge d'en raisonner le mode de constitution.

.Ce sont aussi bien les fonds photographiques d'agences générales ou de photothèques spécialisées que l'iconographie d'ouvrages ou de brochures de grande diffusion, choisis pour représenter des catégories différentes d'intérêts pour la paysannerie. Citons par exemple : le dernier tome de YHistoire de la France rurale (2) —écrit par des chercheurs pour un grand public— ; le catalogue de l'exposition de photographies : Vous avez dit rural ? —réalisée en 1983 par la bibliothèque du Centre Georges Pompidou et le CNRS— ; la brochure du centenaire du Ministère

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1 — Cf. notamment P. Bourdieu, Un artmoyen, Paris, Éd. de MinuÜ, 1965, pp. 74-84. Pour tester cette hypothèse, il faudrait par exemple comparer le recours à l'image de la presse professionnelle agricole à l'usage qu'en fait la presse générale (fréquence relative, origine des illustrations, degré de contrôle du texte et de l'image, etc.).

2— M. Gervais, M. Jollivet et Y. Tavernier, La fin de la France paysanne, Paris, Seuil, 1976.

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