Figures

Chargement...
Couverture fascicule

Croyance populaire et discours savant : "langage du corps" et "communication non verbale"

[article]

Fait partie d'un numéro thématique : Images "populaires"

restrictedrestricted Cet article contient des illustrations pour lesquelles nous n'avons pas reçu d'autorisation de diffusion (en savoir plus)

Avant de procéder à toute mise en ligne, les responsables des revues sollicitent les auteurs d'articles et d'illustrations pour obtenir leurs autorisations. Dans cet article, la personne disposant des droits sur les illustrations a dû refuser la diffusion libre et gratuite de son travail. Nous avons donc apposé des masques permettant de dissimuler l'illustration (et donc de satisfaire la demande de l'ayant droit) et de laisser un accès libre au texte de l'article.

doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 75

yves winkin

CROvnncG

POPUIRIRE ET DISCOURS SflUflRI:

"langage du corps" excommunication nonverbale"

En étudiant la physiognomonie de Johann Kaspar Lavater, Martine Dumont cherchait à saisir «comment se constituent, par sédimentation de croyances mythiques, populaires, très anciennes et de savoirs savants, ces demi-savoirs qui guident à chaque époque nos rapports immédiats à autrui» (1). Régulièrement réinventée depuis l'Antiquité, la physiognomonie se retrouve, comme le note brièvement Martine Dumont, dans le projet de la psychologie différentielle contemporaine. Un long développement aurait pu suivre, qui aurait retracé l'histoire de la caractérologie universitaire, allemande (Bahnsen, Stern), hollandaise (Heymans, Wiersma) ou française (Le Senne, Berger, Corman), en cherchant à dégager les relations entre ce discours savant et la croyance populaire, aujourd'hui réactivée par les médias, en un rapport univoque entre type de corps (et spécialement de visage) et type de personnalité (2). Il apparaîtrait sans doute que la croyance populaire, en ce domaine comme en d'autres, est loin d'être un simple discours savant tombé en désuétude. L'hypothèse serait plutôt que la croyance populaire nourrit, aujourd'hui encore, le discours savant. La présente note a pour objet de démontrer cet «effet Montesquieu» (3), non à partir de la physiognomonie dans ses rapports à la caractérologie savante et populaire (c'est une démonstration presque trop aisée) mais en s'appuyant sur le cas d'un domaine «de pointe» en psychologie expérimentale, celui de la recherche en communication non verbale.

Au cours des 1 5 dernières années, ce champ d'investigation a pris une énorme ampleur, tout particulièrement aux Etats-Unis. C'est par milliers

1— M. Dumont, Le succès mondain d'une fausse science : la physiognomonie de Johann Kaspar Lavater, Actes de la recherche en sciences sociales , 54, septembre 1984, pp. 2-30.

2— Le récent succès du Dictionnaire des Visages de Mayer Barouch (Paris, Laffont, 1982), exploité par la presse pour «lire» le caractère des hommes politiques, en serait un exemple. Plus récemment encore, le magazine l'Express proposait six portraits de managers, décrits par une «morphopsychologue spécialiste en recrutement» (n° 1767, 24 mai 1985, pp. 30-32).

3— P. Bourdieu, Le Nord et le Midi : contribution à une analyse de l'effet Montesquieu, Actes de la recherche en sciences sociales, 35, novembre 1980, pp. 21-25.

que se chiffrent aujourd'hui les articles de toute nature sur la «CNV» (4). Diverses tentatives d'organisation de cette masse de recherches ont bien sûr été proposées. Certaines se fondent sur le mode de communication étudié (le regard, le geste, l'espace interpersonnel, etc.) ; d'autres cherchent à opposer les stratégies d'approche (e.g. analyse structurale de films tournés sur le terrain vs. corrélation de variables obtenues expérimentalement). Mais le mode de repérage le plus efficace, utilisé par les chercheurs eux-mêmes, reste sans doute celui des personnalités dominantes. Une de celles-ci est Paul Ekman, professeur de psychologie à l'Université de Californie, San Francisco. Dans la mesure où il constitue une référence majeure du champ de recherche en CNV, notamment grâce au fait qu'il publie vite, beaucoup et partout, qu'il forme des disciples aux Etats-Unis et en Europe (5) et qu'il est très présent sur la scène scientifique internationale (6), Paul Ekman peut légitimement nous offrir une étude de cas intéressante.

Son domaine de recherche privilégié est celui de l'expression faciale des émotions (7). Depuis ses premiers articles (début des années 60) jusqu'à son dernier livre (Telling Lies, New York, Norton, 1985), Ekman défend la même idée : «Un siècle après que Darwin ait publié son ouvrage sur

4— Pour une vue d'ensemble en langue française : J. Cosnier et A. Brossard (dir. pub.), La communication non verbale, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1984. En langue anglaise : Sh. Weitz (ed.), Nonverbal Communication : Readings with Commentary, New York, Oxford University Press, 1979 (2e éd.). Une somme méthodologique : Kl. R. Scherer et P. Ekman (eds), Handbook of Methods in Nonverbal Behavior Research , Cambridge, Cambridge University Press ; Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 1982.

5— Entre autres, le psychologue suisse Siegfried Frey, dont les travaux ont été exposés en 1985 dans le hall d'entrée de la Maison des sciences de l'homme à Paris. Le catalogue de l'exposition est riche d'enseignement : Décrypter le langage corporel. La communication non verbale, Stuttgart, Fondation SEL, 1985.

6— Le Handbook cité plus haut est issu d'une session d'études organisée à Londres en 1979 par Paul Ekman et Klaus Scherer sous l'égide de l'OTAN. Ekman a également organisé des séminaires à Paris (cf. MSH Informations , 39, janvier 1982, pp. 43^5).

7— Ekman présente une synthèse de ses travaux dans L'expression des émotions, La Recherche, 117, décembre 1980, pp. 1408-1415.

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw