Roque Faraone

A propos ' du pouvoir

et de la communication de masse

d'un point de vue marxiste

Que doit-on considérer comme « un point de vue marxiste » appliqué à la théorie de la communication sociale? Une réponse valable serait qu'on doit postuler au moins une théorie de la connaissance basée sur des catégories marxistes, et de façon concomitante un engagement relativement conséquent du chercheur au niveau de sa pratique sociale. Sans doute, ces conditions minimales peuvent- elles déblayer beaucoup de terrain, et non parce qu'elles invalident (et ceci d'une façon absolue) toutes les formulations libérales de la théorie de la communication sociale, mais parce qu'elles renvoient, dans ce qu'elles peuvent avoir d'utile, à un niveau dérivé et non équivalent. Quelque chose comme ce qui arrive en économie avec le marginalisme : il ne peut pas agir comme instrument d'interprétation économique à une échelle historique, et néanmoins il le fait, et le marxisme l'utilise pour analyser non seulement l'économie de concurrence mais aussi l'économie planifiée monétaire. <

En outre, si à l'intérieur du marxisme institutionnalisé on trouve fréquemment une monotonie théorique qui répond dans une grande mesure à la concentration du pouvoir, il faut aussi reconnaître que dans le champ du capitalisme les voix marxistes ont en général une diversité et une apparente richesse de création qui obéissent, en grande partie, aux caractéristiques du marché intellectuel propre aux pays libéraux. Les auteurs ne peuvent pour autant, dans un cas comme dans l'autre, être tenus pour responsables des conditions sociales et politiques qui les entourent et qui les limitent.

Ceci dit, il existe un consensus à l'égard de l'idée que la pensée marxiste présente une carence en matière de communication sociale en ce qui concerne les bases théoriques qui pourraient guider l'élaboration de politiques de communication plus en accord avec les présuppositions fondamentales postulées par la méthode elle-même.

On ne discutera pas ici les politiques socialistes de communication sociale mais quelques-unes des présuppositions théoriques qui s'en dégagent, et avant tout on essaiera de classifier la problématique qui les concerne.

Quant aux raisons de cette carence, c'est la réalité historique elle-même qui en fournit une explication. Chaque expérience socialiste a dû partir de réalités nationales différentes, moins riches, en général, que celles offertes par l'opulent Occident, depuis les conditions de vie matérielles jusqu'aux formes culturelles spécifiques qui sous-tendent la communication, de même que la diversité des langues ou leur caractère marginal par rapport aux langues prédominantes, et dans la plupart des cas, avec de bas taux d'alphabétisation, etc. En outre,

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