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François Clément, Pouvoir et légitimité en Espagne musulmane à l'époque des taifas (Ve-XIe siècle) - L'imam fictif, préface de Pierre Guichard

[compte-rendu]

Année 1998 35 pp. 151-152
Fait partie d'un numéro thématique : L'adoption. Droits et pratiques
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, Paris, l'Harmattan (Histoire et perspectives méditerranéennes), 1997, 365 p. François Clément se donne d'emblée pour but une étude de la société, de l'État et de la légitimité du pouvoir, qui négligera l'événementiel, à l'époque des taifas andalouses (xr siècle). Il y ajoute le souci affiché de réhabiliter des souverains dont la réputation dans l'historiographie arabe et musulmane est singulièrement ternie par les débuts de la Reconquista dont ils furent incapables de prévenir ou de guérir les effets. Le livre se divise en quatre parties. La première (p. 21-76) rappelle d'après Gardet, Gibb Rosenthal et surtout Lambton, la théorie du pouvoir dans l'Islam sunnite, telle qu'on la trouve exposée, en particulier, chez Baqillâni, Mawardî, Ghazzâlî et lbn Taymiya - une place particulière y est faite à l'Andalou Ibn Hazm, contemporain des taifas. La conclusion en est connue : les juristes sunnites, à partir des xr-xir siècles du moins, n'ont accordé aucune légitimité à un pouvoir quel qu'il soit (p. 68), puisqu'ils ont obstinément refusé l'émergence d'un champ du politique qui eût menacé l'absolue prééminence de la Loi dont ils se faisaient les interprètes (p. 68-70). La deuxième partie (p. 77-128) fait cependant passer les souverains des taifas devant le redoutable tribunal de ces juristes. Fr. Clément y interroge la pertinence des critiques qu'ulamâ et historiens (indûment confondus à mon sens) ont adressées aux taifas (usurpation, oppression fiscale, impuissance face aux chrétiens pour l'essentiel), et apporte quelques circonstances atténuantes à la décharge des accusés. La troisième partie (p. 129-202) étudie les réactions des populations, divisées en khassa (« notables ») et 'amma (« plèbe »), face aux taifas, et relève à juste titre que la destitution des rois des taifas par les Almoravides ne fut pas toujours accueillie avec l'enthousiasme que les thuriféraires des nouveaux maîtres veulent donner à voir. Enfin la dernière partie (p. 203-304) analyse les signes de la légitimité des rois de taifas à travers leurs origines « ethno-cultu- relles », leurs titulatures, leur monnayage, leur mécénat. La conclusion, reprenant étrangement les thèses les plus extrêmes du juridisme sunnite, dissout la notion même de pouvoir à l'avantage « d'individus produisant des actes de gouvernement » (p. 307). Il faut souligner les aspects les plus intéressants du livre de Fr. Clément : une pensée et une langue qui se veulent exigeantes, et qui n'entendent pas s'engluer dans le détail des faits ; la qualité de l'analyse sémantique (sur les termes nâs, ahl, qawm...), qui dément d'ailleurs l'opposition trop abruptement tranchée, et initialement posée entre khassa et 'amma ; l'idée que le fonctionnement du pouvoir, sous les taifas, ne doit rien au mythique « ressort tribal » - bien que l'auteur rende hommage, sans doute par habitude de plume, aux thèses de Pierre Guichard, auteur de la préface, qu'il déclare par ailleurs, et à

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