2. NOUVELLES RECHERCHES

DÉMOGRAPHIE ET INSTITUTIONS EN CHINE : CONTRIBUTION A L'ANALYSE DES RECENSEMENTS DE L'ÉPOQUE IMPÉRIALE (2 ap. J.-C. -1750).

par Michel CARTIER et Pierre-Étienne WILL

Dans une conférence prononcée, il y a plusieurs années, à l'occasion d'une réunion de l'Association for Asian Studies, Earl H. Pritchard invitait les historiens du monde chinois à aborder en démographes l'étude de l'évolution démographique de ce grand empire K Cet appel, pourtant, n'a pas trouvé l'écho qu'on était en droit d'en attendre et l'on peut même aller jusqu'à dire qu'aux États-Unis, tout au moins, le fort courant d'intérêt pour les problèmes de population suscité dans les années 50 par la publication des résultats du recensement chinois de 1953 a fait place à une certaine indifférence touchant l'histoire de la population chinoise. Ce singulier manque d'intérêt s'explique par une série de raisons d'ordres divers. D'une part, la relative réussite de la Chine populaire apportait un démenti apparemment irréfutable aux prophéties des pessimistes qui évoquaient sans cesse à son propos surpopulation et famine tandis que, d'autre part, la majorité des chercheurs estimait en toute bonne foi qu'il ne restait rien à ajouter aux études, à bien des égards remarquables, de Bielenstein pour la période ancienne 2 et de Ho Ping-ti pour les six derniers siècles 3.

D'une manière paradoxale, c'est l'abondance et le caractère hété¬ rogène des sources disponibles pour retracer l'évolution de la popu¬ lation chinoise qui constituent le principal obstacle au développement d'une recherche répondant à des critères scientifiques. L'habitude de pratiquer des recensements remonte, en effet, à la période pré-impériale

Introduction