TENDANCES RÉCENTES DE L'ÉMIGRATION PORTUGAISE *

par Jean-Paul GARNIER

1. Un phénomène traditionnel

L'émigration est une vieille tradition portugaise, qui remonte à l'époque des découvertes.

D'après les chroniqueurs du xvie siècle, on peut évaluer l'émigra¬ tion portugaise vers les Indes occidentales à 8 000 hommes par an, chiffre considérable pour une population totale qui, à cette époque, ne devait pas dépasser un million d'habitants ; cela provoqua une stagnation de la population portugaise, et peut-être aussi une modifi¬ cation de ses caractères ethniques par suite de l'introduction d'une abondante main-d'œuvre noire en compensation.

Il convient de souligner que ce courant migratoire s'est toujours maintenu. Il s'accentua même au XIXe siècle, après l'émancipation de la colonie brésilienne, et de nouveau après la suppression de l'esclavage sous le règne de l'empereur Pedro II.

Ce courant fut toujours traditionnellement dirigé vers le Brésil, qui absorbait plus des trois quarts des émigrants portugais : en moyenne 20 000 à 30 000 personnes par an débarquaient au Brésil à la fin du xixe siècle. Le record fut même atteint l'année où l'esclavage fut supprimé au Brésil, en 1888, avec 131 000 personnes.

Le reste de l'émigration portugaise se dirigeait toujours vers l'Amé¬ rique : États-Unis, Canada, Venezuela, Argentine, etc.

2. Les débuts du mouvement vers la France

Ce n'est pas la première fois que des Portugais se rendent en France : rien que dans le département de la Seine, on en dénombrait déjà un millier en 1945, employés dans le bâtiment.