LE PROLÉTARIAT FLOTTANT A MARSEILLE SOUS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

par M. VOYELLE

La présente étude met en œuvre un registre en dépôt aux archives départementales des Bouches-du-Rhône sous le titre de « Registre des hôtels et garnis » de la ville de Marseille. Il s'agit d'un volume in folio, tenu par lettres alphabétiques, et où sont inscrits, pa** ordre d'arrivée, les individus déclarés par les tenanciers des hôtels et garnis de la ville. La tenue de ce registre s'étend du début de janvier 1791 au 14 janvier 1793, soit sur un peu plus de 2 ans. Pour chaque personne inscrite, le registre fournit les indications suivantes :

— nom et prénoms — très rarement l'âge,

— lieu d'origine,

— profession,

— date d'arrivée,

— hôtel ou garni où il réside (nom du patron, enseigne de l'hôtel le cas échéant, adresse précise).

Le rassemblement de ces indications nous a paru de nature à permettre l'étude de la population flottante marseillaise au cœur de la Révolution française, dans plusieurs directions :

— le flux de cette population flottante, dans ses effectifs comme dans son mouvement, annuel ou saisonnier ;

— la ventilation socio-professionnelle de ces apports que d'entrée on peut classer en deux groupes : voyageurs d'une part, main-d'œuvre flottante de l'autre. C'est sur cette dernière catégorie qu'a porté principalement notre intérêt ;

— la ventilation géographique de ces apports, selon les régions où s'alimente, sous la Révolution, la population flottante de Marseille ;

— au niveau de la ville même de Marseille l'établissement d'une carte des hôtels et garnis marseillais et une étude de leur fréquentation tant en effectifs qu'en qualité ;

— enfin la répartition par âges, absente, sauf exception, de ce registre a été recherchée dans une autre source : le « Registre des cartes de sûreté délivrées aux citoyens voyageurs des diverses communes de la république et de l'étranger»1 probablement de l'an III, beaucoup moins complète puisqu'elle ne touche que les hôtels et non les garnis, mais qui a