178 NOTES DE LECTURE

Els pergamins de l'Arxiu comtal de Barcelona de Ramon Borell a Ramon Berenguer I. Estudi i edicio a cura de Gaspar Feliu i Josep M. Salrach dir., Fundacio Noguera, Collectio Diplomataris, Barcelone, 1999, 3 vol. La publication des parchemins de VArxiu comtal de Barcelone est un événement à saluer avec enthousiasme et admiration : un millier de documents, l'intégralité des fonds conservés par les archives comtales de la fin du ixe siècle (981 pour le plus ancien) à la fin du xr (aux 948 documents antérieurs à 1100 s'ajoutent quelques serments de fidélité du xip siècle). Cette édition, coordonnée par Josepa Arnall et Ignasi J. Baiges, à laquelle ont collaboré Père Benito, Rafael Conde, Victor Farias et Lluis To, met à la disposition des médiévistes, sous une forme impeccable, un trésor documentaire. La richesse exceptionnelle des archives catalanes est bien connue. L'ardeur avec laquelle les Catalans ont écrit dès le xe siècle et le zèle avec lequel ils ont conservé les écrits n'a guère d'équivalent en Europe. Si les archives comtales remontent à 1318, lorsque Jacques II décida de réunir en un lieu unique des archives dispersées, c'est en fait de 1 180 que date la première mention d'archives des rois d'Aragon. Malgré cette provenance « publique » le fonds de YArxiu comtal contient principalement des archives privées, réunies dans ces archives au fur et à mesure que les biens qu'ils concernaient sont entrés dans le patrimoine comtal et royal. La typologie est variée, riche d'une quarantaine de types diplomatiques ; émergent d'une part des conveniensias (117 actes) et des serments de fidélité (170 actes), et d'autre part une soixantaine d'engagements et près de 400 ventes. Ces derniers renvoient à un actif mouvement d'échanges fonciers, pour une part liés au développement de Barcelone ; et les actes d'engagement au rôle du crédit dans l'économie et la société catalanes du xr siècle. Les serments de fidélité, en séries compactes, la première datant de 1040, sont d'une richesse extrême : un nouveau vocabulaire s'y manifeste, lié à la concession de fiefs, au travers duquel on pourra consolider l'image d'une Catalogne, précoce terre d'élection des relations féodales. Actes non datés, mais datables d'après les protagonistes, ils voient l'apparition de la fidélité « solide » et sont consentis entre des strates diverses de la société : ils signalent aussi bien les services dus aux châtelains par des guerriers soldés, que la fidélité due par ces mêmes châtelains aux comtes. D'une manière générale, comme le montre J. Salrach dans les pages qu'il consacre à l'étude historique de la documentation (vol. 1, p. 219-247), le médiéviste trouvera dans ces volumes large matière (une soixantaine de documents majeurs) à une histoire de l'institution familiale : donations pour mariage, dotations, testaments et exécutions testamentaires. La plupart concernent des membres de la haute aristocratie, mais d'autres émanent d'une tranche sociale plus modeste de la population : le testament de Bérenguer Guadall, rédigé en 1060 avant de partir en expédition en terre d'Islam, ou la publication des longues dernières volontés de Gausbert, qui, en 1063, après avoir récapitulé ses legs pieux, distribue ses armes, ses animaux, et confie ses enfants à la protection de son seigneur, font pénétrer au plus profond de la société catalane. La vie économique est éclairée par des centaines de documents (plusieurs dizaines pour chaque décennie) : acheteurs parmi les notables, vendeurs de tout niveau social. L'ascension sociale de quelques familles, notamment celles qui étaient liées aux milieux canoniaux, y est observable. Les mécanismes de la justice sont également très présents, de même que les institutions de la seigneurie foncière, notamment à travers de très précoces censiers ou inventaires de biens. Bref, cette Catalogne si magnifiquement étudiée par toute une série d'his-