Couverture fascicule

Hilário Franco Junior, Cocanha. A história de um país imaginário

[compte-rendu]

Année 2001 40 pp. 165-167
Fait partie d'un numéro thématique : Rome des jubilés
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NOTES DE LECTURE 165

Hilârio Franco Junior, Cocanha. A histôria de um pais imaginârio, Préface Jacques Le Goff, Sâo Paulo, Companhia das Letras, 1998, 313 p., 14 fig. Spécialiste de l'histoire sociale de l'imaginaire, ayant consacré une bonne partie de ses recherches aux utopies médiévales4, Hilârio Franco Junior tisse dans son dernier livre une véritable archéologie du « pays de Cocagne ». Dans cinq des sept chapitres qui constituent l'ouvrage, l'auteur s'attache à décortiquer la première version manuscrite de cette utopie, le fabliau de Cocaingne, mise par écrit au milieu du xiir siècle, dans le nord de la France, probablement en Picardie. Il s'agit d'un court poème de 188 vers, rédigé en dialecte picard (réédité et traduit en portugais aux pages 28-34), conservé dans trois manuscrits et dont la source orale daterait du milieu du xir siècle, époque où apparaissent les premières attestations du mot « Cocagne » (l 142, 1 164, 1 188). Création médiévale, ce pays merveilleux est une « mosaïque », le produit de différents héritages culturels - orientaux, gréco-romains, juifs, celtiques, Scandinaves, musulmans et chrétiens (chap. 1). Le narrateur du fabliau raconte qu'il a été envoyé par le pape faire pénitence dans le pays de Cocagne. Dans cette terre, plus on dort, plus on gagne. C'est toujours dimanche et jour férié. On y mange et boit à volonté, quand on veut, sans rien payer. Les murs des maisons sont faits de poisson, les toitures de lard fumé, les clôtures de viande rôtie et de jambon ; les meilleurs vins rouge et blanc coulent dans la rivière qui traverse le pays ; partout des tables aux nappes blanches sont dressées... Les habitants sont tous vertueux et courtois. Tisserands et cordonniers distribuent avec plaisir des habits et des chaussures de la plus haute qualité. Le pays est tellement riche que les pièces d'or restent abandonnées par terre. Rien ne se vend ni ne s'achète. Personne n'ose interdire quoi que ce soit. Hommes et femmes pareillement satisfont leur désir sexuel se servant des partenaires qu'ils souhaitent sans mécontenter personne et faisant le bonheur des autres. Les habitants restent toujours jeunes car une Fontaine de Jouvence redonne trente ans aux vieux. Le poète quitte toutefois cette terre merveilleuse afin d'aller chercher ses amis. Depuis, il n'arrive plus à retrouver le chemin du retour. La leçon qu'il tire de sa mésaventure et qu'il partage avec son public c'est que l'on ne doit rien changer quand on se trouve bien. Le fabliau de Cocaingne évoque ainsi un voyage en un territoire où les limites de la société chrétienne des xir-xiir siècles sont dépassées. Il est à la fois une critique, un rêve collectif, un programme, une satire du présent de même qu'une parodie d'ouvrages importants de la culture officielle (p. 53). À partir de l'analyse des quatre thèmes principaux du poème - abondance, oisiveté, jeunesse et liberté - et en dialogue constant de l'histoire avec l'histoire de la littérature, l'anthropologie et la psychologie, H. Franco Junior cherche à comprendre les caractéristiques et les fonctions sociologiques du texte. Il présente ainsi un enchaînement d'hypothèses, dans un crescendo que le lecteur suivrait plus aisément si le cheminement lui avait été balisé par la présence de quelques sous-titres structurants à l'intérieur des denses chapitres. Il n'empêche que l'auteur montre de façon convaincante que le fabliau de Cocaingne est à l'intersection de divers genres littéraires (fabliau, chanson goliarde...), qu'il mélange des fragments de la littérature classique, de la culture folklorique et de la réalité historique du moment, et que le récit se réfère, s'oppose ou s'insère dans une réalité sociale concernant à la fois la petite aristocratie féodale et le bas clergé urbain.

4. Hilârio Franco Junior, As Utopias medievais, Sâo Paulo, Brasiliense, 1992.

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