Gestion sociale et finance à buts multiples
par Christophe DUPONT
Maître de Conférences associé à l'I.P.A.-I.A.E. de l'Université de Lille I
1 - Introduction : présentation du problème
Ce qu'il est convenu d'appeler la « théorie moderne de la finance d'entreprise » repose sur l'hypothèse d'un objectif unique : la maximisation de la valeur de l'entreprise, c'est-à-dire de la richesse des actionnaires (1).
D'un point de vue pratique, la théorie (bien qu'un certain nombre d'auteurs la considèrent surtout comme empirique) prescrit notamment que la Direction doit retenir comme critère unique de la décision d'investissement la comparaison entre le taux de rentabilité marginal et le coût du capital. C'est seulement quand il y a égalité entre ces deux taux que la valeur actualisée nette est maximale.
Les développements théoriques qui ont suivi l'élaboration du modèle de portefeuille ont conduit à préconiser la prise en compte simultanée de la rentabilité et du risque. Il en résulte une règle de choix plus sophistiquée qui consiste à substituer à « la droite du coût du capital » une « droite de marché » qui discrimine entre investissements à retenir et investissements à rejeter (fig. 1).
Il n'est pas inutile de rappeler que si le modèle d'équilibre des actifs financiers — qui fonde, avec le modèle récent des options, la base de la « théorie moderne » — semble « expliquer » dans une mesure relativement bonne le fonctionnement des marchés financiers, une vérification empirique de la validité générale du modèle n'a pas encore pu être obtenue (2). La plupart des auteurs se réfèrent plutôt à un paradigme.
(1) L'équivalence formelle entre la maximisation de la valeur de l'entreprise et de la richesse des actionnaires est démontrée, par exemple, dans H. LEVY et M. SARNAT (1978) pp. 227-229.
(2) Pour une excellente synthèse récente de l'état actuel de la théorie en ce qui concerne le choix des investissements industriels et financiers, voir L. WIPER du D. LONGBOT- TOM (1977). Sur la vérification empirique de l'hypothèse de maximisation du profit, voir, par exemple J.-R. HILLER (1978) pp. 475-490.
174 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 10, 4' trimestre 1979