L'emploi à moyen terme : refuser la résignation.
René CESSIEUX
Chargé de Mission au Commissariat Général du Plan
Service des Affaires Sociales
Introduction
L'examen de l'évolution de l'emploi en France, des débats et des préoccupations des planificateurs dans ce domaine conduit à distinguer schématiquement trois phases depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Jusqu'au début des années 1960 le développement économique est confronté à une relative pénurie de main-d'œuvre, la population active n'augmentant pratiquement pas. La durée du travail reste élevée ; les efforts réalisés pour accroître la productivité du travail s'accompagnent d'actions destinées à améliorer la qualification des travailleurs, et en particulier des adultes. L'immigration permet d'équilibrer population active et emplois.
A partir du milieu des années 1960, l'augmentation rapide et simultanée des ressources en main-d'œuvre et des emplois offerts s'accompagne d'une montée du chômage par paliers successifs. C'est à cette époque que s'engage une réduction de la durée du travail. Les politiques de l'emploi sont largement inspirées par le souci de mieux faire correspondre offre et demande de travail. La planification des ressources humaines vise pour l'essentiel à adapter la main-d'œuvre aux emplois offerts, par le biais de la formation, de l'aide à la recherche d'emploi et de l'encouragement à la mobilité. L'action en direction de la demande de travail, c'est-à-dire visant à modifier les caractéristiques des emplois eux-mêmes, ne préoccupe guère le planificateur, saufen ce qui concerne l'aménagement du territoire. Dans ce domaine les incitations ont pour objet de favoriser les créations ou les transferts d'emplois vers les régions où il existe des réserves de main-d'œuvre.
Les années 1970 et particulièrement la période du 7e plan constituent un tournant, important, dans le domaine de l'emploi. Le décalage quantitatif considérable qui se fait jour entre l'augmentation de la population active et la croissance des emplois se traduit par une augmentation brutale et le maintien à un niveau élevé du chômage selon la définition du Bureau International du Travail qui passe de 615 000 à 1 187 000 personnes entre 1974 et 1978 ; on commence à s'interroger sur les voies et moyens d'une nouvelle croissance. Quels liens existent entre l'offre et la demande de travail ? Les politiques économiques et les interventions sur le marché du travail se heurtent aux multiples contraintes de notre développement économique (inflation, commerce extérieur) et à la complexité du système d'emploi : celles-ci ne peuvent se contenter d'agir seulement sur les caractéristiques de l'offre de travail mais doivent viser à modifier les conditions même d'exercice des emplois et tenir compte des comportements de gestion de main-d'œuvre des entreprises.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 10, 4' trimestre 1979 19