L'emploi des femmes et l'emploi des étrangers - une étude de cas : les industries
électriques et électroniques
par Alain AZOUVI Chargé d'études à I' IN SEE
Au cours de la décennie soixante, les caractéristiques de la main-d'œuvre employée dans l'industrie française ont été modifiées du fait d'un recours croissant aux femmes et aux travailleurs étrangers. Selon les recensements, ces derniers sont passés de 8,5 % des salariés en 1962 à 10,3 °7o en 1968, puis 11,9 % en 1975 (industrie au sens large, i.e. y inclus l'énergie et le bâtiment-travaux publics) ; quant aux femmes, dont la part dans le total des salariés a d'abord baissé entre 1962 et 1968 (respectivement 24,4 °/o et 23,2 °7o), leur proportion s'est ensuite sensiblement accrue : elles représentaient, en 1975, 24,7 °7o de l'effectif industriel et 20,7 % de l'effectif ouvrier.
Ainsi, aujourd'hui, les femmes et les étrangers comptent-ils pour près de 40 °7o des travailleurs industriels, à l'issue d'une évolution de longue période qui a d'abord accompagné la croissance jusqu'en 1974, et qui s'est aussi poursuivie depuis lors : l'enquête Emploi de mars 1978 relève 12 % d'étrangers et 25,2 % de femmes parmi la population active occupée dans l'industrie.
L'accélération de la montée du chômage depuis 1974, et le fait que dans un contexte international de ralentissement de l'activité et d'exacerbation de la concurrence, les perspectives à moyen terme n'en prévoient pas de diminution, ont conduit à s'intéresser en particulier à ces deux catégories de salariés que sont les femmes et les étrangers. Pour poser la question en termes abrupts : est-il ou non souhaitable, possible, de modifier la tendance passée ? Est-ce souhaitable : au nom de quel impératif peut-on refuser l'emploi à des salariés qui ont contribué comme les autres à l'expansion de l'industrie française ? Mais aussi, est-ce simplement possible et, si oui, à quelles conditions ?
A cette question, il n'existe pas de réponse toute faite. C'est une analyse des causes du recours, par les entreprises, aux femmes et aux étrangers qui peut apporter des éléments d'appréciation. Certaines de ces causes doivent sans doute, en première approximation, être considérées comme exogènes par rapport aux mouvements internes à l'appareil productif : ce sont celles qui tiennent aux comportements d'activité des femmes, à l'ampleur accrue des courants d'immigration ; elles se situent du côté de la demande de travail. Mais d'autres sont endogènes ; elles se rapportent à la nature de l'offre de travail par les entreprises.
40 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n" 10, 4' trimestre 1979