Bulletin de l'Association française in.c , . ,„_

pour l'Etude du Quaternaire. 1%5 " 3"4- Pa«e 185-

GEOMORPHOLOGIE ET PREHISTOIRE AU SUD D'ANGOULEME

I. — LE PETIT-PUYMOYEN *. Modelé cryonival et occupation paléolithique d'un versant chaud.

PAR

Yves GUILLIEN,

Directeur des Antiquités préhistoriques Institut de Paléontologie humaine, Paris.

Les falaises calcaires, si fréquentes autour du Massif Central, longtemps ont été expliquées par l'érosion normale ou par l'érosion karstique : il est apparu, voici vingt-cinq ans, que ces falaises avaient été à l'ordinaire modelées ou remodelées par l'érosion cryonivale. Les images les plus caractéristiques sont parfois celles que fournissent les versants orientés au Sud ou au Sud-Ouest. Car ]a dissymétrie Nord-Sud est un fait ordinaire : sur les versants chauds l'érosion cryonivale fut apparemment plus active et plus uniforme que sur les autres ; son empreinte est d'ailleurs plus évidente, du fait de l'érosion des sols depuis trois millénaires à peu près.

Le versant du Petit-Puymoyen descend de 135 m à 70 m, et disparaît à ce niveau sous les prairies tourbeuses. En dépit d'une dénivellation aussi médiocre, il présente des étages superposés : un haut-de-versant peu modifié par la cryergie, un bas-de-versant où se lisent côte à côte l'action du facteur lithologique, celle du facteur tectonique, celles de la cryoclase, de la dissolution, de îa solifluction, du ruissellement. Sur les coupes normales du bas-de-versant — celles que définissent des plans verticaux normaux au thalweg — on distinguera donc aisément plusieurs sous-sections du pied-de-versant.

On donnera comme particulièrement significatifs deux types de surfaces réglées : on les trouve respectivement au sommet de la falaise et au pied de celle-ci, mais ils sont modelés l'un et l'autre dans la roche en place. Ce sont :

1° Au sommet de la falaise, là où s'amorcent les couloirs qui découpent celle-ci en panneaux sucessifs (ou « tours »), des talus de dissolution : ils constituent les parois régularisées (aux génératrices parfaitement rectilignes) de niches à plan circulaire. Il ne semble pas qu'on puisse expliquer ces parois autrement que par la fonte lente de congères.