ARISTOPHANE ET PHIDIAS

[Paix, vers 605).

Dans la comédie de la Paix d'Aristophane, on voit le vigneron Trygée monter au ciel pour demander à Zeus ce qu'il compte faire de la Grèce dévastée par les maux de la guerre. Hermès lui apprend que la déesse Paix est enfermée dans une caverne profonde dont l'entrée est barrée de grosses pierres. Trygée, aidé de ses amis, réussit à ramener au jour la belle déesse. Avant de célébrer sa délivrance, le chœur demande à Hermès de lui expliquer où et pourquoi elle s'est absentée si longtemps. Le dieu y consent, et voici le début de son explication (vers 605) :

πρώτα ptèv γαρ αυτής ηρξε Φειδίας πράξας κακώς.

Aucune variante des manuscrits, si ce n'est, dans la citation de ce passage par Diodore de Sicile (XII, 40), αυτής ή ρ y ε — l'imparfait au lieu de l'aoriste.

Que le vers ainsi transmis soit inacceptable, c'est ce que reconnaît l'unanimité des critiques. D'abord et surtout, il est faux — le deuxième ditrochée commençant par un spondée — et l'on peut soupçonner Aristophane de bien des choses, mais non de ne pas savoir scander un tétramètre trochaïque. Ensuite les mots αυτής ήρξε (ou ήρχε) n'offrent aucun sens raisonnable, car il ne s'agit pas de savoir qui a « commencé la paix », mais,