Notre entreprise de traduction des scholies de Pindare nous conduit à nous poser de nouvelles questions à leur sujet. Les scholies relèvent en effet de deux catégories principales d'énoncés. Les premiers font appel à des données extérieures au texte : bien que fragmentaires et hétéroclites, ils peuvent être traduits de la même façon que l'on traduit les grammairiens, les mythographes, les historiographes ou encore les périégètes. L'autre catégorie regroupe les énoncés se présentant comme une paraphrase ou une reformulation du texte de Pindare : reformulation explicative énoncée à la 3e personne, indiquée par des marqueurs du type « c'est-à-dire », qui fait clairement apparaître la distance entre les deux situations d'énonciation, celle de Pindare et celle du commentateur ; et reformulation imitative, énoncée à la 1re personne, par laquelle le commentateur s'efforce, en se mettant à la place du poète, de transmettre la parole de celui-ci sous une autre forme, salvo poetae sensu, comme l'écrit Quintilien. Notre travail nous invite donc à nous situer, d'un point de vue méthodologique, dans la perspective d'une linguistique de l'énonciation, seule susceptible de rendre compte des phénomènes observés : échanges lexicaux entre le texte poétique et sa reformulation, modification de l'ordre des mots, terminologie et transposition des figures. Étudiées sous cet angle, les scholies s'avèrent difficiles à traduire... salvo grammatici sensu, mais aussi particulièrement riches d'enseignements quant à l'art des commentateurs, et quant à la compréhension dialogique du texte de Pindare
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