Claude Bremond Le public français et le film japonais

L'enquête dont nous présentons ici les conclusions s'inscrit dans le cadre des recherches patronnées par l'UNESCO sur le thème d'une confrontation entre cultures d'Orient et d'Occident. Le cinéma, témoin des modes de vie, coutumes, institutions, valeurs de chaque société, offre un champ privilégié à ce genre d'études. Grâce à la collaboration des Cinémathèques de Paris et de Tokyo, deux enquêtes parallèles ont pu être menées, l'une au Japon par la Commission Nationale Japonaise, l'autre en France par le CECMAS, sur les réactions des deux publics nationaux à des films de l'autre pays.

L'enquête française, organisée par la Commission Nationale Française, avec le concours financier de l'UNESCO, au titre du programme de participation dans le cadre du projet majeur Orient-Occident, regroupe les résultats de trois séries d'interviews. Les deux premières, au printemps 1962 et à l'automne 1963, ont profité de la sortie dans les salles d'exclusivité parisiennes de L'Ile nue et de Harakiri pour interroger les spectateurs sur leurs réactions à ces films et sur leur expérience du cinéma japonais en général. La troisième a eu lieu à Dijon, à l'automne 1964, à l'occasion d'une Semaine du Cinéma Japonais organisée conjointement par le Comité Régional de la Commission Nationale Française pour l'UNESCO, le Centre Régional de Documentation Pédagogique, et la Cinémathèque Française. Six films étaient inscrits au programme de cette semaine : Macbeth de Kurosawa, Quartier sans soleil de Yamamoto, Chien enragé de Kurosawa, La Légende du Grand Bouddha de Kinugasa, La Fête à Gion de Misoguchi, Ombre en plein jour de Imai. En outre, Chœur de Tokyo, de Osu, écarté du programme en raison du mauvais état de la copie, fut projeté par les organisateurs en séance privée.

Les trois phases de l'enquête ont été conduites selon la même méthode. Les impressions et commentaires des spectateurs étaient enregistrés sur magnétophone, soit à la sortie même du cinéma, soit un peu plus tard, à domicile. Il s'agissait, en principe, d'une interview non dirigée. Toutefois, l'enquêteur pouvait intervenir en cas de silence prolongé ou de digression flagrante. Il devait alors s'inspirer pour relancer l'entretien d'un guide d'interview énumérant les thèmes et les points les plus fréquemment abordés dans les réponses.

Cent quarante interviews, de longueur et d'intérêt très variables, ont été ainsi recueillies. Les personnes interrogées ne constituent évidemment pas un

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