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Remarques sur l'étude des « commotions » sociales aux XIe et XIIe siècles

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MÉLANGES

Remarques sur l'étude des " commotions" sociales aux XIe et XIIe siècles

Davantage attiré par le relief et l'éclat des troubles urbains ou ruraux du moyen âge finissant, l'historien puise plus volontiers aux sources, d'ailleurs abondantes, qui en permettent l'étude; les siècles qui précèdent lui offrent l'image, embuée par la diversité et le flou des documents, de mouvements avortés, d'impulsions, semble-t-il sans lendemains. Cependant l'établissement des cadres de la société médiévale, de la « société féodale » comme l'on dit faute de mieux, entre 950 et 1150, dut provoquer ici et là révoltes et compromis. L'achèvement de l'occupation du sol, le premier stade du machinisme, la tenace poussée de peuplement, le triomphe progressif du couple sur la tribu, le renforcement des liens horizontaux entre les hommes, pour s'en tenir au plus certain et au plus durable, toutes ces mutations qui formèrent la trame de la période ne furent adoptées qu'au terme d'une gestation difficile, pénible même. Il faut donc que l'historien tourne son attention vers ces champs encore mal connus (toute la bibliographie récente ou même actuelle en témoigne); il faut qu'il puisse déceler le rebelle social sous l'habit d'hérétique qui nous le dissimule, le paysan exaspéré parmi les « brigands » que disperse la chevalerie, les femmes qui secouent la tutelle du clan mâle dans les « débauchées » contre lesquelles s'indigne Guibert de Nogent.

Cette quête est d'autant plus délicate que nos textes, presque tous de main ecclésiastique, n'ont vu ou voulu voir que la dimension morale et religieuse des « commotions », comme on dira au xive s. pour rendre parfaitement l'impression de secousse ressentie par les contemporains; d'ailleurs ne demeure-t-il pas difficile d'y mesurer la part réelle de la spiritualité dans un monde où tout est signe de Dieu ou du Mal, au point qu'on ne pourra se satisfaire d'une explication strictement matérialiste des phénomènes ? Si l'on ajoute, enfin, que nos sources, poèmes ou chroniques, canons conciliaires ou lettres de mystiques, sont des œuvres d'occasion, soumises à la pression des milieux aristocratiques, laïc ou clérical il n'importe, on voit tout de suite l'extrême nécessité d'un effort préalable de pénétration des mots ; ce travail voudrait en être une approche1.

Dans la recherche des & champs verbaux », selon l'expression de Georges Duby, les éléments ecclésiologiques apparaissent le plus tôt et le plus généralement car c'est en fonction d'eux que jugèrent d'abord les clercs. L'hérésie est un « choix » fait par un isolé ou ceux qu'il entraîne, un choix intellectuel et passionné contre l'aspect unitaire du dogme, contre le refus de toute discussion, contre la police de l'âme, et sous ses aspects véritablement métaphysiques il ne nous retiendra pas ici. Tout « choix » deviendra donc hérésie aux yeux des défenseurs de l'ordre divin dont l'Église établie est garante : novatio, moliri nova, reformatio, toutes ces accusations vont au-delà du simple reproche religieux; secouer la routine de la liturgie, tenter de traduire en vulgaire les textes saints, s'interroger sur une autre voie d'accès vers Dieu, ce sont les marques

1. I^es observations qui suivent ont fait l'objet d'une présentation au moins partielle à l'occasion d'une série de causeries donnée à Poitiers au Centre d'études médiévales au mois de juillet 1972; d'autre part divers aspects méthodologiques ont été discutés soit à l'occasion d'une séance du séminaire dirigé par Georges Duby au Collège de France, soit en forme d'exposé général au séminaire de Michel Mollat à la Sorbonne. Enfin un certain nombre de vues qui sont avancées ici figurent dans les « Comptes rendus de l'Acad. des I.B.I,. », avril-juin 1971 : Les mouvements populaires en Occident au XI' siècle.

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