Éric Duyckaerts

Les «conférences-performances »

Entretien1

Éric Duyckaerts élabore depuis le milieu des années 1980 une oeuvre singulière où se mêlent arts plastiques et savoirs exogènes2. Sciences, droit ou logique mathématique sont régulièrement interrogés par l''artiste. Les formes qu''il nous livre sont multiples : on y croise des peintures murales, d''étranges sculptures composées d''objets suspendus ou encore des vidéos improvisées et pensées comme autant de performances3. Notre attention portera davantage sur ces objets énigmatiques que sont ces «vidéos-performances » : comment les caractériser ? Il y met en scène une sorte de «double » ; ce qu''il définit ainsi : «Elles sont axées sur un personnage. On pourrait l''appeler Éric D. C''est un personnage qui navigue entre le professeur et le savant fou. Il a beaucoup d''idées à faire partager. Son enthousiasme n''est pas feint. Il fonce dans ces sphères de connaissance où il se sent bien4. » Ces performances mêlent avec virtuosité la communication d''un savoir, le jeu avec le langage, la critique de la position mandarinale. Éric Duyckaerts5 livre ici la genèse de sa pratique et les questionnements qui en émergent. À vous écouter, à vous regarder, on a le sentiment que votre performance consiste d''abord à détourner les codes, ceux du langage, ceux du prestige, ceux du savoir.

Il faut commencer déjà par les bonnes questions. Vous pensez : «Il détourne les codes savants et puis finalement ça fait de la performance… » Mais moi, vraiment, je ne sais pas ce que c''est que la performance, et encore moins la «vidéo-performance » . Sur ce dernier point, si on parle d''une trace vidéo de performance faite en direct avec un public, je peux comprendre. Mais je n''ai presque jamais signé ce genre de document, souvent très décevant. Si on parle de vidéo faite en studio ou à la maison, sans public et avec la possibilité de recommencer autant de fois qu''on veut jusqu''à en être content, la notion de performance semble vraiment lointaine. 231