MÉLANGES

Fouilles en Pologne

Une généreuse invitation du Centre de recherches sur la Pologne médiévale nous a permis, au cours de l'été de i960, de visiter un certain nombre de fouilles archéologiques qui éclairent les origines et la formation de l'État polonais, principalement entre le ixe et le xne siècle. Nous voudrions donner ici un bref aperçu de quelques-uns des résultats obtenus dans ce domaine par des équipes de chercheurs spécialisés, qui nous ont partout accueilli et guidé avec un dévouement et une amitié dont nous leur sommes très reconnaissant. Les recherches sont dirigées par l'Institut d'histoire de la culture matérielle près de l'Académie polonaise des Sciences (Professeur W. Hensel) et par les Universités de Varsovie, de Cracovie, de Poznan, de Wro- claw, etc. dont les maîtres contrôlent activement les travaux entrepris sur les divers sites archéologiques ; ceux-ci se répartissent dans toutes les régions de la Pologne.

Au nord du pays par exemple, à Gdansk, les destructions de la dernière guerre ont révélé l'existence d'un castrum et d'un suburbium des xe-xive siècles, ainsi que d'une agglomération de pêcheurs. En Grande Pologne, à Poznan, le vieux site d'Ostrôw Tumski est particulièrement significatif, avec les traces d'un castrum et d'un suburbium; sous la cathédrale actuelle, une présentation exemplaire permet de reconnaître les restes d'un « baptistère », qui serait celui de Mieszko Ier (966), et de deux cathédrales successives, du xie et du xiie siècle. La petite église romane de Giecz se trouve à proximité d'un castrum où l'on a mis au jour les fondations en gros blocs morainiques d'une importante rotonde et d'un palatium. Non loin de là, dans le site inoubliable de l'île d'Ostrôw Lednicki au milieu de son lac, on découvre encore un castrum et les murs d'une rotonde, avec quatre robustes piliers, et d'un palatium de la fin du Xe ou du début du xie siècle ; les traces d'un pont de bois qui reliait l'île à la terre ferme ont été repérées et, dans les eaux du lac, on a trouvé, intacte, une barque de 10 m. de long. Les portes de bronze et les manuscrits de la cathédrale de Gniezno sont justement célèbres ; mais on aurait tort de négliger les fouilles entreprises actuellement à l'occasion de la restauration de la primatiale. Plus au sud, le castrum de Kalisz renferme les fondations d'une importante collégiale Saint-Paul où l'on pense avoir découvert le tombeau de Mieszko III le Vieux et de son fils. En Silésie, à Wroclaw, on a identifié à Ostrôw Tumski les restes d'une église romane et d'une crypte. En Petite Pologne, à Cracovie, les édifices romans de Wawel sont bien connus depuis les travaux de dégagement et les restitutions de Szyszko-Bohusz. La rotonde de la Vierge, dite parfois des saints Félix et Adaucte, remonterait à la fin du Xe ou au début du XIe siècle. Au chevet de la cathédrale actuelle, on reconnaît assez bien les dispositions de la crypte et du transept de la cathédrale romane I ; le chœur de la crypte était divisé en trois vaisseaux parallèles par deux files de colonnes dont les bases subsistent ; chaque bras du transept a gardé son absidiole et, à l'extrémité du croisillon nord, des colonnes pouvaient porter une tribune ; l'ensemble daterait du début ou du milieu du xie siècle. Sous la partie ouest de la cathédrale, la crypte Saint-Léonard, bien conservée, appartenait à la cathédrale romane II ; elle est divisée en trois vaisseaux et comporte une abside occidentale. Au nord-est de Cracovie, des fouilles importantes ont permis de retrouver à Wislica plusieurs églises romanes. Signalons enfin qu'au sud-est de la Pologne, à Przemysl, on a découvert récemment les restes de deux rotondes, dont l'une auprès d'un palatium.

Cette énumération, nécessairement incomplète, suggère cependant quelques remarques. Constatons d'abord que les castra sont nombreux : Gdansk, Poznan, Gniezno, Giecz, Ostrôw Lednicki, Plock, Kalisz, Opole, Wislica, Stradôw (le plus grand de Pologne) près de Wislica, Wawel à Cracovie, etc. Leurs remparts sont généralement formés de troncs entrecroisés, dont l'enchevêtrement peut être renforcé par des blocs de pierre ; cette remarquable aptitude à manier le bois, on ne peut manquer de la rattacher à des traditions

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