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La peinture murale dans le royaume asturien au IXe siècle

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Année 1958 1-2 pp. 200-201
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ACTES DU COLLOQUE

Luis VAZQUEZ DE PARGA

La peinture murale dans le royaume asturien au IXe siècle

Parmi les États de l'Europe médiévale, le petit royaume asturien occupe une position singulière. Les Wisigoths n'avaient réussi qu'au VIIe siècle à unifier politiquement l'Espagne ; dès 711, elle tombe au pouvoir des musulmans et le royaume wisigoth est détruit. C'est seulement après une période de plusieurs années (cinq ans, précise une chronique très ancienne) que se produisit un soulèvement, dans une région jusqu'alors sans la moindre importance politique ou ecclésiastique, le territoire agreste des Astures transmontani. Ce soulèvement ne différait peut-être pas beaucoup de ceux qui survinrent ensuite ailleurs dans la péninsule, à Saragosse, à Tolède, à Mérida. Mais, tandis que les autres échouèrent, celui des Astu- ries triompha : la région était plus éloignée, mieux défendue par la nature, et elle ne présentait pas d'intérêt immédiat pour les musulmans de Cordoue. Ainsi se forma un petit royaume, qui réussit à assurer son indépendance au cours du vme siècle et même à s'étendre sur une partie de la province romaine de Galice. Les soldats musulmans, en garnison dans les villes situées au Nord du Douro, furent obligés de se retirer vers le Sud. Les armées de Cordoue attaquaient périodiquement cette région, mais les ruines que laissaient ces terribles expéditions punitives étaient réparées aussitôt que l'ennemi se retirait, car les musulmans ne semblent pas avoir jamais prétendu occuper de façon permanente le territoire de la rive droite du Douro.

Le royaume asturien — car il mérite bien ce nom — est la patria Asturiensium, comme l'appelle une chronique écrite à Oviedo au IXe siècle. Cette même chronique désigne le territoire soumis aux musulmans par le nom de Sfania, anciennement appliqué à toute la péninsule. Mais il vient un moment où le royaume asturien se pose en héritier légitime du royaume goth de Tolède. Dans la production histo- riographique asturienne du IXe siècle, il est possible de distinguer deux traditions contradictoires : l'une reconnaît une solution de continuité entre les deux royaumes ; l'autre présente le royaume asturien comme le Gothorum regnum même. Cette tradition s'affirme au moment où la capitale s'établit à Oviedo : le siège épiscopal, érigé par la seule autorité du roi, sera appelé, comme celui de Tolède, regia sedes. Il paraît fort probable que c'est le roi Alphonse II qui a donné cette direction à la politique du petit royaume asturien. La Chronique d'Albelda dit en parlant de lui : « Omnem Gothorum ordinem sicuti Toleto fuerat, tant in ecclesia quant in palatio, in Oveto cuncta statuit. » Et cette phrase se trouve précisément à la fin d'une description des édifices que ce roi avait fait construire à Oviedo et que la Chronique décrit avec orgueil et admiration. Un autre détail revêt pour nous une signification spéciale. Après avoir décrit les églises de Saint-Sauveur, de Sainte-Marie et de Saint-Thyrse (les deux premières aujourd'hui disparues sous la cathédrale actuelle, la dernière ne conservant que quelques restes visibles), la Chronique continue : « Otnnesque has Domini domos cum arcis atque columnis marmoreis, auro argentoque diligenter ornavit, simulque cum regiis fialatiis picturis diversis decoravit. » Nous avons donc là un témoignage du IXe siècle permettant de constater que les constructions royales et leur décoration avaient pour objet avoué de donner à la nouvelle capitale (dont le nom, Oveto, apparaît alors pour la première fois dans la tradition écrite) la dignité royale à laquelle elle avait droit comme héritière de Tolède. En même temps (M. d'Abadal vient de le montrer dans une étude récente), la querelle de l'adoptianisme donnait prétexte à une sécession ecclésiastique. Le nouveau royaume faisait fi de l'autorité métropolitaine de Tolède, entachée d'hérésie et aux prises à la fois avec le savant Alcuin et avec un moine des Asturies, Beatus de Liebana. C'est contre ce dernier que l'archevêque Elipand va prendre position, s'indignant et demandant depuis quand les habitants de Liebana osaient donner des leçons de savoir théologique à ceux de Tolède. Aucun des édifices construits par Alphonse II, dont nous avons fait mention, ne nous est parvenu

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